À l’heure actuelle, l’activité d’élevage ne permet pas à la famille Steegmans de vivre. Ce n’est pourtant pas faute d’efforts !
Après leur formation de boucher, Guido et Lissy ont ouvert, avec Martine, un magasin à la ferme voici environ un an pour y commercialiser la viande de leurs agneaux. « La qualité est excellente, le prix est au top, nous disent nos clients restaurateurs. Et pourtant, nous ne réalisons pas un chiffre d’affaires suffisant. Nous ne pourrons pas continuer ainsi durant 15 ans… », constate Lissy.
Un travail de longue haleine
La crise du coronavirus a toutefois permis d’augmenter quelque peu les ventes. La famille Steegmans espère que la reprise de la saison des barbecues aura également une influence positive sur son chiffre d’affaires. « La viande d’agneau souffre… Elle est trop méconnue et mal aimée. Nous aimerions rencontrer d’autres éleveurs ovins et consulter plus étroitement les organisations agricoles afin de commercialiser nos produits de manière plus structurée. »
Les efforts pour commercialiser en circuits courts sont souvent sous-estimés. « Circuit court ? Des journées longues et des nuits courtes, oui ! C’est amusant et agréable à faire, mais cela ne suffit pas… Nous avons beaucoup investi mais cela reste difficile aujourd’hui. Nous faisons de la publicité, y compris par le biais des médias sociaux. C’est un travail de longue haleine et nous sommes persévérants. Mais nous ne savons pas comment inverser la tendance. Nous pourrions nous rendre sur les marchés, avec un camion frigorifique. Mais nous ne pouvons nous permettre ce genre d’investissement pour le moment. »
Les éleveurs fournissent également les boucheries et restaurant de la région. « Les gens apprécient d’aller de temps en temps au restaurant mais, en parallèle, achètent de la viande moins chère en supermarché le reste du temps. Et sans savoir d’où elle vient ! Que dire de l’agneau de Nouvelle-Zélande ? Quelle est son empreinte écologique ? Et son impact sur le climat ? Il n’arrive pas en Belgique à vélo ! Je préfère savoir ce que je mange et d’où vient ce que je mange. »
Le citoyen n’est pas le consommateur
« Le citoyen n’est pas le consommateur », ajoute Lissy. Le citoyen dit prendre beaucoup de chose en compte, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant les rayons du magasin, où il redevient consommateur. « Il en oublie ses beaux principes et veille à la sécurité de son portefeuille. Il choisit le moins cher ou se tourne vers les promotions. Et qui en bénéficie ? Pas l’agriculteur, mais le supermarché. L’agriculteur, lui, se voit contraint d’élever davantage de bétail tout en réduisant ses marges. Il s’industrialise peu à peu et a besoin de nouvelles terres, si coûteuses… On dit que les agriculteurs se plaignent, mais ils ne le font pas sans raison ! On le remarque maintenant, il faut une crise pour que l’on nous considère à notre juste valeur. Ce n’est pas réjouissant ! »