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La province du luxembourg organise son terroir au fil du «Réseau paysan»

Même si le célèbre sanglier vert et son légendaire slogan ont quitté les abords de l’autoroute, la province du Luxembourg avance toujours avec une remarquable ardeur quand il s’agit de mettre en valeur la richesse de son terroir et la diversité de son territoire. Le « Réseau paysan », ancré à Libramont, illustre parfaitement ce dynamisme en mouvement.

Temps de lecture : 6 min

Le « Réseau paysan » est une spin-off de l’Asbl « Solidairement » située à Meix-devant-Virton et réputée pour être à l’initiative de différents projets ruraux dans la province.

De la « spin-off » à la coopérative

Le « Réseau paysan » est le fruit d’une réflexion menée en parallèle par des producteurs en circuit court souhaitant livrer des commerces et par des épiciers désireux de se différencier des grandes surfaces en proposant des produits locaux.

C’est en 2013 que démarrent les premières livraisons entre quelques producteurs et épiciers, « de manière très artisanale » détaille Hélène Deketelaere, la coordinatrice de la structurequi compte aujourd’hui non moins de 91 producteurs et 102 acheteurs professionnels.

Du sucré, du salé et pour tous les goûts au rayon «bocalerie» de la coopérative.
Du sucré, du salé et pour tous les goûts au rayon «bocalerie» de la coopérative. - M-F. V.

Le projet rencontre un tel succès qu’il devient économiquement assez viable que pour prendre son envol. Il revêt ainsi, en 2017, le statut de coopérative citoyenne et rassemble en son sein des producteurs, des épiciers, des restaurateurs mais aussi tout une série d’indépendants de la région.

« Le Réseau paysan » établit officiellement la province du Luxembourg comme territoire d’action et se fixe à Libramont en 2018.

Des tournées dans toute la province

Il développe dans la foulée un « e-shop » permettant d’un côté aux producteurs de s’encoder, de gérer leur profil, leurs stocks, de définir leurs prix et, de l’autre, aux épiciers et autres indépendants de se connecter pour passer leurs commandes.

La coopérative dépêche le mercredi des camions frigorifiques pour les enlever chez les producteurs et les livrer chez les acheteurs professionnels le jeudi. Elle organise également une tournée sur Bruxelles car « il faut bien nourrir les villes », sourit Hélène Deketelaere.

Lors de l’Assemblée générale de 2018, les producteurs décident de développer une surface commerciale au cœur du siège du « Réseau paysan » pour proposer à la vente les produits de l’ensemble des acteurs de la coopérative.

Des producteurs et des ambassadeurs

Soixante d’entre eux se muent, à tour de rôle, tout à la fois en commerçants et ambassadeurs de leur savoir-faire. « Le magasin, qui court depuis mai 2021 sur une surface de 200 m², constitue la vitrine de la coopérative », précise-t-elle.

Les produits laitiers constituent le point fort de la coopérative.
Les produits laitiers constituent le point fort de la coopérative. - M-F. V.

S’il n’existe aucune concurrence entre les membres de la coopérative, ceux-ci doivent être issus de la province du Luxembourg et proposer des productions exclusivement alimentaires et issues de l’agriculture. La seule restriction concerne les producteurs de miel et de pommes de terre qui ne peuvent rentrer qu’une seule production par an.

Le casse-tête des légumes

Si le « Réseau paysan » propose une offre de produits très large, les légumes posent quant à eux actuellement un souci au niveau logistique explique Hélène Deketelaere en précisant que « les maraîchers, qui écoulent leur production sur les marchés, livrent leur surplus à la coopérative ».

Or, les épiciers souhaitent compter sur une large palette de légumes. Ils sont donc obligés de compléter leur offre en allant se fournir chez des grossistes… qui réclament un minimum de 400 € de commande pour assurer une livraison. Tant et si bien que les épiciers ne se fournissent plus auprès du « Réseau paysan ».

Un casse-tête auquel vient se greffer un problème de transport, car « aller chercher les commandes le mercredi pour les livrer le jeudi ne convient pas aux produits fragiles comme les légumes feuilles ».

C’est ainsi que la coopérative est revenue vers l’Asbl « Solidairement » en vue de développer une centrale d’achat pour les légumes.

Du bio et du conventionnel

Outre les produits laitiers qui font sa force, le « Réseau paysan » propose une gamme de charcuterie et de viandes sous vide, des céréales, de la farine, des pâtes, des biscuits, une déclinaison de produits de bocalerie comprenant une foultitude de terrines, une armada de bières locales, des jus et limonades, des confitures, des tisanes ou encore des sirops.

95 % des produits sont issus de la province du Luxembourg, les 5 % restants étant constitués par des produits étrangers que l’on ne trouve pas sous nos latitudes, tels que de l’huile d’olive ou du café.

L’offre globale comporte 35 % de produits bio, la coopérative étant elle-même certifiée bio.

Économie circulaire

Fort de son succès, le  Réseau nourrit de nombreux projets, notamment celui de développer, au sein du magasin, un espace « casse-croûte » qui proposera des soupes, des quiches et des sandwichs. « Cela nous permettra de faire de l’économie circulaire en valorisant les légumes en potages ou encore les fromages frais en quiches et, en tout cas, de mettre en valeur tous les produits locaux », détaille Hélène Deketelaere.

« Relocalisons notre alimentation »

Lauréate du dernier appel à projet pour le développement d’un Hall relai agricole qui prendra la forme d’une boucherie, la coopérative a obtenu un subside de 180.000€.

Elle remportait concomitamment l’appel à projet « Relocalisons notre alimentation » visant à soutenir une dizaine de dynamiques territoriales contribuant de manière durable à la relocalisation du système alimentaire wallon.

L’objectif du «Réseau paysan» est de mailler l’ensemble de la province  comme le montre Hélène Deketelaere.
L’objectif du «Réseau paysan» est de mailler l’ensemble de la province comme le montre Hélène Deketelaere. - M-F. V.

Etant donné qu’elle ne pourra activer les deux subsides en même temps, elle s’est déjà lancée dans la seconde démarche qu’elle a décidé d’articuler autour de deux axes.

Le premier est consacré à une stratégie de développement au niveau du territoire. Il s’agit de satisfaire toutes les personnes qui souhaiteraient rejoindre le réseau notamment dans le nord de la province de Luxembourg.

« Li Terroir » et « hubs alimentaires »

C’est ainsi que le « Réseau paysan » a noué un partenariat avec la coopérative « Li Terroir » basée à Hotton afin de couvrir le tiers nord de la province.

Les deux coopératives projettent de développer des « hubs » autonomes dans l’objectif de mailler efficacement toute la province, de Marche à Vielsalm en passant bien sûr par Libramont, mais aussi Hotton et Virton.

Le second axe vise le développement de filières inexistantes avec l’aide du CER de Marloie.

L’Ardenne ne compte, par exemple aucun producteur de fraises, et peu de transformateurs qui pourraient faire de la confiture afin de compléter l’offre en produits laitiers.

« Ce pourrait être également des personnes qui font des herbes aromatiques pour les enrobages de fromages frais », ajoute Hélène Deketelaere.

Développement de filières inexistantes

Le « Réseau paysan » identifie ainsi les manquements pour pouvoir mettre sur pied des groupes de travail au niveau des producteurs que des épiciers. L’objectif étant de pouvoir orienter les nouveaux entrants vers de nouvelles filières.

Pour mener à bien ces nouvelles démarches, la coopérative s’est entourée d’un panel d’acteurs provinciaux, que ce soit les communes de Libramont et de Virton ou encore des GAL

Marie-France Vienne

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