Dans le cadre du projet européen SoilVeg, un essai a été mis en place pour tester les intérêts de valoriser une longue interculture d’hiver, avec un couvert végétal, avant une culture de choux rouge.
Le but est de quantifier l’impact des couverts d’hiver et leur gestion sur le rendement et la qualité de la récolte des choux rouges, la qualité du sol, la consommation d’énergie fossile et la pression des ravageurs, maladies et adventices.
Valorisation de l’interculture longue d’hiver
Les rôles d’une couverture hivernale longue sont multiples :
– directement : protection du sol vis-à-vis de l’érosion des sols et du lessivage de l’azote, réduction du développement des adventices, amélioration de la fertilité biologique du sol, mise à disposition de zones refuges pour la faune ambiante, etc ;
– indirectement : augmentation à plus ou moins long terme de la fertilité du sol (augmentation des teneurs en azote grâce à l’introduction de légumineuse dans le couvert et de la matière organique) ou encore utilisation de la biomasse des couverts comme paillage pour contrôler les adventices de la culture suivante.
Afin d’obtenir le maximum de services de ces couverts d’hiver, il est nécessaire de tenir compte de différentes contraintes et de faire des choix stratégiques.
Suivant la date à laquelle le couvert va pouvoir être implanté, le choix de sa composition va varier. L’objectif à remplir étant d’obtenir une couverture optimale avant hiver afin de contenir un maximum les adventices. La densité de semis aura également une importance cruciale à cet effet. La ou les espèces choisies dans le couvert doivent aussi être sélectionnées pour leur futur rôle d’engrais vert. Par exemple, les légumineuses serviront à fixer l’azote atmosphérique, les céréales (suivant leur date de destruction) seront une source de carbone ou encore la phacélie pourra mettre à disposition du phosphore après sa dégradation. Suivant le mode de destruction choisi et le rôle que jouera le couvert sur la culture qui suit, la production de biomasse a plus ou moins d’importance. Si l’on choisit, par exemple, d’utiliser la biomasse des couverts pour obtenir une sorte de paillage pour la culture qui suit, il est primordial d’avoir un volume de couvert suffisant pour recouvrir efficacement l’ensemble de la surface du sol.
Expérimentation
Dans le cadre de l’essai SoilVeg 2016-2017, la Cellule AgriBio du Cra-w a testé 3 couverts d’hiver (un escourgeon pur et deux mélanges d’escourgeon pois) et trois modes de destruction (broyé incorporé, broyé non incorporé et roulé). La destruction broyée incorporée se fait 2 semaines à 1 mois avant la plantation afin de limiter les risques de faim d’azote. Les destructions broyées non incorporées et roulées qui joueront un rôle de paillage se font juste avant la plantation.
Production de choux
Après la production de toutes ces biomasses et leur destruction juste avant la plantation, il est approprié de se questionner sur la manière dont les choux vont pouvoir être plantés, mécaniquement, dans ces conditions ?
La stratégie sélectionnée dans le cadre de cet essai est de réaliser un travail du sol localisé dans la ligne de plantation à l’aide d’un outil spécifique : le strip-till. Il permettra de travailler le sol uniquement sur la future ligne de semis et d’en écarter légèrement la biomasse des couverts. L’implantation des choux, guidée par GPS, devrait en être facilitée. De plus, l’opération a pour but de déplacer un minimum de terre et de débris végétaux afin de réduire la germination des adventices et maintenir la biomasse des couverts à la surface du sol dans les destructions concernées (broyé incorporé et roulé).
Une fertilisation dans la ligne de plantation est prévue afin de booster le démarrage des choux. La planteuse a, quant à elle, été équipée d’un disque coupeur permettant d’éviter tout encombrement de débris végétaux devant les socs de plantation.
La gestion des ravageurs se fera à l’aide d’un filet mis en place dès la plantation.
Enjeux environnementaux en lien avec les émissions de GES
Le projet SoilVeg attache une importance à l’évaluation de l’impact des pratiques agricoles sur la consommation d’énergie et le stockage du carbone dans le sol.
Les leviers permettant de réduire la consommation énergétique se retrouvent dans la réduction des interventions de désherbage et de travail du sol, mais également dans le choix du mode de destruction des couverts et l’ajustement des besoins en intrants.
Grâce à la production importante de biomasse par les couverts d’hiver et leur teneur plus ou moins riche en carbone, une quantité non négligeable de matière organique est apportée au sol et peut, à terme, influencer la teneur en carbone du sol.