Une reprise guidée par la passion

et la transmission d’un savoir-faire

Cela fait plus de 30 ans que Bernard Moreau, le papa de Margot, s’est installé à Mierchamps, à une dizaine de kilomètres de La Roche-en-Ardenne. Après avoir rénové la ferme, il construisit, quelques années plus tard, la chèvrerie et un hangar afin de stocker le foin et les machines.

De père en fille

Voici un an, Margot a repris les rênes de l’exploitation paternelle certifiée bio. « Au fur et à mesure de mes études à La Reid, l’envie de reprendre l’exploitation de papa a grandi. La confirmation est arrivée avec mon travail de fin d’études portant sur la chèvrerie », explique la jeune fille de 26 ans.

« Céder ce qu’il avait mis tant d’années à construire n’a pas été facile pour papa, mais comme je travaille dans la même lignée de ce qu’il faisait, la transition s’est faite naturellement », poursuit-elle.

Si Margot s’occupe de l’élevage des chèvres, de la transformation du lait et de la vente, ce n’est pas pour autant que Bernard a totalement abandonné l’exploitation. « Aujourd’hui, il se consacre entièrement au maraîchage. »

Et en famille !

Si les autres membres de la famille travaillent à l’extérieur, ils n’hésitent pas à donner un coup de main lorsque le besoin s’en fait sentir. « Ici, tout le monde se complète ! »

Des stagiaires et des apprenants sont également présents sur l’exploitation. En effet, depuis 5 ans déjà, la Chèvrerie du moulin du Wez fait partie du réseau de fermes écoles (École paysanne indépendante) du Mouvement d’action paysanne et propose, durant toute la saison, deux jours de formation par semaine aux personnes désireuses d’en savoir plus sur l’élevage de chèvres ou le maraîchage biologique.

Un troupeau, trois races

Margot est la tête d’un troupeau d’une cinquantaine de chèvres en lactation de races Saanen, Alpine chamoisée et Anglo-nubienne. « Les chèvres sont présentées au bouc à 18 mois et mettent bas à 24 mois », explique-t-elle. La lactation dure environ 9 mois, de mars à novembre.

« Après une dizaine de lactations, les chèvres quittent l’exploitation et sont accueillies chez des particuliers où elles finissent paisiblement leur vie. » Les chevrettes nées sur la ferme permettent alors de renouveler le troupeau tandis que les jeunes mâles quittent la chèvrerie à une ou deux semaines.

Les boucs sont quant à eux gardés pendant deux ans avant d’être échangés entre éleveurs, afin d’éviter tout problème de consanguinité.

Nourrir les chèvres, à la ferme… et au bois

Concernant l’alimentation du troupeau, la Chèvrerie du moulin du Wez est entièrement autonome en fourrage grossier. Le complément alimentaire, composé de luzerne, d’épeautre et d’un mélange orge-triticale-pois germés est acheté à l’extérieur mais reste local et bio, tout comme la paille. « Nous manquons de terrains pour produire nos céréales et nos pailles et être autonomes à 100 % », précise Margot.

En été, les chèvres vont « se promener » sur 2-3 terrains situés dans les bois. « Cette alimentation diversifiée leur permet de construire leur immunité et donne au fromage son goût typique. » L’herbe servant de base à leur alimentation est également fauchée quotidiennement, ce qui diminue les risques de parasitisme et facilite la gestion des fourrages.

Durant les promenades, deux chiens éduqués comme chiens de berger accompagnent Margot et l’aident dans la gestion du troupeau.

Du lait aux fromages

La traite des chèvres a lieu deux fois par jour, matin et soir. « Le matin, pendant qu’une personne trait à l’aide de la machine, une deuxième commence à la main. Le soir, la traite est bien souvent exclusivement manuelle. »

Chaque chèvre produit en moyenne 3 l de lait par jour. Margot : « Je travaille quotidiennement entre deux et trois heures pour transformer 100 à 150 l de lait cru en fromages, selon les recettes élaborées par papa ». Et la gamme de produits est importante : fromage frais nature ou enrobé de diverses épices, fromage sec, affiné, cendré, maquée aux herbes ou encore pyramide au piment. Si la majorité des recettes lui ont été transmises, elle ne manque toutefois pas de tester ses propres nouveautés comme les tommes et tommettes.

Dans un futur plus ou moins proche, la jeune fille prévoit de réaliser quelques travaux dans la fromagerie. « Afin de la rendre plus fonctionnelle et d’y ajouter un hâloir dédié à l’affinage des fromages. »

Privilégier les contacts

Les fromages et les légumes produits à la Chèvrerie du moulin du Wez sont vendus au magasin à la ferme, dans quelques magasins de la région et sur les marchés auxquels participent Margot ou Bernard.

« Avoir un maximum de revendeur n’est pas ma priorité. J’aime aller au contact des consommateurs et privilégie la vente directe. C’est également un avantage pour le consommateur qui en apprend plus sur le produit qu’il achète », insiste Margot.

Les Fermes Ouvertes, une première

Cette année, la Chèvrerie du moulin du Wez participait pour la troisième fois à la Semaine bio et s’est inscrite, pour la première fois, aux Journées Fermes Ouvertes. « Pour nous, c’est l’occasion de faire découvrir notre élevage de chèvres, le maraîchage, la façon dont fonctionne la ferme ou encore nos produits. Cela augmente également notre visibilité, de nombreux habitants de la région n’ayant pas connaissance de notre existence », détaille-t-elle.

Enfin, pour le grand public, c’est une chance unique, selon la jeune exploitante, de prendre conscience de la façon dont sont produits les fromages qu’ils consomment.

J.V.

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