En maraîchage aussi,

le drainage peut s’avérer nécessaire

La question du drainage est parfois très aiguë. Des néo-paysans s’installent sur des terrains laissés à disposition, mais comme la terre est rare, les situations ne sont pas nécessairement idéales au point de vue du drainage naturel. Nous rencontrons même des situations parfois très compliquées à gérer.

Quel est le problème ?

L’eau de pluie pénètre dans le sol via la porosité. Avant l’arrivée de la pluie, les pores de grande taille dans le sol sont occupés par de l’air et les micropores par l’eau capillaire. Lorsqu’une précipitation importante survient, par exemple de plus de 20 mm en une heure, l’eau pénètre dans le sol et occupe progressivement la place de l’air. L’objectif du drainage est de permettre l’évacuation rapide de l’eau des pores de grande taille. L’eau capillaire est celle qui est utilisée par les plantes pour les besoins physiologiques de la plante et ne doit pas être évacuée.

Lorsque la quantité d’eau amenée par les précipitations dépasse la capacité d’absorption dans le sol, il y a ruissellement de surface avec les risques et dégâts d’autant plus importants que le sol soit nu.

Le drainage permet de limiter deux risques très importants que sont le manque d’oxygène au niveau des racines et le risque érosif.

Comment s’y prendre ?

Nous pouvons recourir au drainage de surface ou au drainage souterrain. Le choix dépendra de la différence de niveau par rapport à l’exutoire, de la présence éventuelle d’une couche imperméable sous la zone ameublie de surface et de la configuration générale de la parcelle.

Pour les cultures maraîchères en général, nous devons envisager le drainage quand la nappe phréatique est à moins de 60 cm de la surface du sol. Nous pouvons le constater en forant des trous de sondage et en y observant la présence d’alternance de taches de couleur rouille avec des taches de couleur gris bleuté dues à l’oxydation et la réduction chimique du fer.

La topographie de la parcelle et le niveau de l’exutoire permettent de dresser le plan du réseau de drainage. Celui pourra combiner plusieurs techniques, tenant compte de qui existe déjà : cours d’eau, fossés, rigoles, sorties de conduites, drainage souterrain.

Le drainage de surface

Les fossés conviennent bien pour des sols peu profonds. Ils peuvent être écartés d’une cinquantaine de mètres ou un peu plus. Ils sont taillés à une profondeur plus grande que le rabattement souhaité de la nappe.

Pour les maraîchers ils auront donc environ 90 cm de profondeur, mais celle-ci varie selon le profil du terrain pour maintenir une pente douce et régulière au niveau du drain.

Notons qu’il faut bien étaler la terre de surface lors du creusement du fossé pour éviter d’avoir une retenue latérale d’eau en cas de précipitation violente.

Le drainage souterrain

Pour les drainages souterrains, les drains seront enrobés d’une couche filtrante pour les sols ayant moins de 20 % d’argile.

Quel écartement entre les drains enterrés ?

De grandes différences existent entre les situations des terrains en Wallonie. Il est impossible de les évoquer toutes en un article ; choisissons quelques exemples représentatifs en guise d’illustration.

L’examen du profil de sol est très important. Non seulement il permet de collecter des informations nécessaires au choix d’un drainage, mais il donne aussi des indications sur l’état de la structure du sol, la présence d’une couche compactée et le développement des racines.

En sols peu perméables, par exemple sur limons argileux ou sur sols tourbeux. Les drains seront distants de 6 m si leur profondeur est de 80 cm seulement. On peut les écarter davantage si la configuration des lieux et surtout l’absence de couche imperméable le permettent.

En sols avec une assez bonne perméabilité, par exemple en sols sablo-limoneux, les drains peuvent être écartés de 8 voire 12 m.

La profondeur se détermine sur base du niveau de l’exutoire. S’il s’agit d’un fossé, nous faisons déboucher les drains 10 cm au-dessus du niveau moyen du fossé en hiver.

L’évacuation d’eau souhaitée

En cultures maraîchères et dans nos conditions wallonnes, nous pouvons nous baser sur une évacuation de 10 mm d’eau par jour. C’est un peu plus exigent qu’en grandes cultures, mais est justifié par les nécessités d’une plus grande accessibilité des parcelles au printemps et en automne et par la valeur des cultures par unité de surface.

Quel diamètre pour les drains ?

Le diamètre du drain devra être suffisant pour évacuer la quantité d’eau de la surface qu’il draine. Si la pente est forte, la vitesse d’écoulement de l’eau dans le drain sera supérieure et la capacité de drainage augmente. Les vendeurs de tuyaux de drainage disposent de données tenant compte également de la rugosité intérieure des tuyaux.

À titre indicatif, un tuyau de 50 mm de diamètre intérieur placé en une pente de 0,2 % (dénivelée de 20 cm pour 100 m de longueur) est suffisant pour drainer 20 ares. Avec une pente de seulement 0,1 %, la surface drainée sera de 13 ares. Dès que le diamètre choisi augmente, la capacité de drainage augmente rapidement. Ainsi un tuyau de 65 mm placé selon une pente de 0,2 % suffit pour drainer 48 ares et 30 ares avec une pente de 0,1 %.

Vu l’ampleur des chantiers de placement des drains, dans le doute, il est préférable de choisir des drains enrobés d’un matériau filtrant. Les risques de bouchage par des particules diminuent et la perméabilité de la zone entourant le tuyau est améliorée.

F.

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