L’eau est bénéfique comme facteur de vie pour les arbres et arbustes fruitiers, mais elle est beaucoup moins recommandable lorsqu’elle favorise le développement de maladies cryptogamiques, et elle a des effets catastrophiques lorsqu’elle atteint les fruitiers sous forme de grêle.
Des vents très secs comme le Foehn, le Mistral et la Tramontane sont redoutés par les arboriculteurs ; le premier dans les Alpes, le second dans la Vallée du Rhône et le troisième dans le Languedoc.
Alimentés par la pluviométrie
Dans les vergers belges, l’eau est principalement apportée par le climat (la pluviométrie) et consommée par celui-ci (l’évapotranspiration). L’arboriculteur intervient secondairement dans les apports par des irrigations occasionnelles et dans la consommation en réduisant l’évapotranspiration réelle par différentes pratiques et aménagements.
Le sol joue quant à lui un rôle de stockage et de mise à disposition d’une réserve d’eau. La quantité d’eau mise en réserve et sa disponibilité dépendent de la profondeur du sol, de sa texture et de sa structure.
En Moyenne Belgique, la pluviométrie annuelle moyenne est d’environ 850 l par m², en 200 jours, avec une répartition relativement régulière sur les douze mois. Mais cette valeur moyenne estompe des différences très fortes de la répartition des pluies entre les années : souvenons-nous de juin 2016 et des 175 mm d’eau enregistrés à Uccle (record absolu depuis 1833 !).
Dans la même zone, l’évapotranspiration potentielle (évaporation par le sol + transpiration par les arbres fruitiers et la couverture herbacée du sol) est en moyenne, pendant la saison de végétation, de 60 mm en avril, 75 mm en mai, juin et juillet, 70 mm en août et 50 mm en septembre. Cela signifie que la pluviométrie est suffisante pour alimenter le verger, à condition qu’elle soit normalement répartie sur la saison. Si sa répartition est irrégulière, l’alimentation du verger en
Si on considère que l’enracinement d’arbres fruitiers basse-tige adultes est réparti sur une profondeur de 0,7 à 1 m, la réserve facilement utilisable est de 150 à 200 l d’eau par m² en sol limoneux, soit la consommation de deux à trois mois. Pour les petits fruits, dont l’enracinement est plus superficiel, la réserve facilement utilisable du sol colonisé par les racines est seulement de 50 à 100 l/m². Dans un sol argileux lourd, la réserve facilement utilisable est moitié à deux tiers moindre que dans un sol limoneux en raison de la mauvaise structure et de la moindre profondeur d’enracinement.
Justifiée, l’irrigation ?
En Belgique, l’irrigation d’arbres fruitiers ne se justifie que dans les toutes premières années qui suivent la plantation. Ainsi, en stimulant la croissance, on raccourcit la phase juvénile ; l’entrée en production est plus précoce et la production des premières années plus abondante. On estime que pour des pommiers et poiriers basse-tige, l’irrigation double la production des cinq à six premières années, et que l’adjonction d’engrais solubles à l’eau apporte encore un supplément significatif de récolte.
Pour les framboisiers et les myrtilles, et dans une moindre mesure pour les groseilliers, l’apport d’eau doit être envisagé pendant toute la durée de vie de la culture. Rappelons que les myrtilles ne tolèrent pas une eau calcaire, et que pour les framboisiers, l’apport d’eau au printemps et en été favorise la croissance des « cannes » nouvelles qui fructifieront l’année suivante.
Gare aux excès !
L’arboriculteur peut réduire l’évaporation au sol par un travail superficiel ou un désherbage chimique ou thermique d’une surface qui correspond à la zone explorée par les racines. L’épandage d’un mulch de matière organique brute (herbe de tonte, broyat de branches, d’écorces ou de paille, fumier pailleux…) vient en complément.
Un excès d’eau, même temporaire, dans le sol peut être très dommageable pour le système radiculaire des plants fruitiers. Il est surtout à craindre lorsque les plantes sont dépourvues de feuillage, et sur des sols lourds mal structurés où la percolation de l’eau de gravité est défectueuse. Les myrtilles et les framboisiers y sont les plus sensibles. En présence d’un sol peu favorable, on peut envisager de les planter sur un ados, mais il faudra alors prévoir des irrigations pendant la belle saison.
Pour des arbres greffés, le choix du sujet porte-greffe devra tenir compte de l’humidité et de la compacité du sol. Pour les pêchers, on évitera les pêchers francs et on préférera par exemple les pruniers Saint-Julien. La plupart des sujets porte-greffe des cerisiers à fruits doux : Merisiers, Sainte-Lucie, cerisiers du Japon… craignent une asphyxie des racines. Par contre, Edabriz, la série Weiroot et la série GiSelA sont nettement plus tolérants à l’humidité du sol. De manière générale les sujets porte-greffe des espèces à pépins et des pruniers ne présentent pas de sensibilité marquée à l’asphyxie radiculaire : chez les pommiers, MM 106 est très résistant et M 26 assez sensible ; M 9, le plus utilisé, occupe une position intermédiaire dans le classement. Pour les poiriers et les cognassiers, les sujets ‘Cognassier d’Angers’ supportent bien l’excès d’eau.