Les cours du blé s’envolent sur Euronext

Dans un marché perturbé par la sécheresse, les cours du blé ont terminé la semaine du 30 juillet au 3 août sur une hausse de 6 %. Les tarifs affichaient 219,75 € le 2 août, en cours de séance sur le marché européen Euronext. Un sommet jamais atteint depuis avril 2014. À cause de la météo, la moisson mondiale de blé a été plus faible qu’attendue. Celle de maïs, pas encore réalisée, est aussi menacée.

La sécheresse a particulièrement frappé l’Europe du nord, la Pologne, les pays baltes, la Suède et l’Allemagne. Du côté de la Russie, devenue le premier exportateur mondial de blé l’an passé devant les États-Unis, le service météorologique national attend une baisse de production de céréales de 15 à 20 %, selon la société de conseil Offre et Demande Agricole.

L’Australie affiche aussi un net déficit hydrique, pouvant conduire à une récolte en blé (de novembre à janvier) sous les 20 millions de tonnes si les conditions climatiques ne changent pas rapidement, indique le cabinet en stratégie des marchés Agritel. L’Australie avait produit 31,8 millions de tonnes en 2016 et 21,2 millions l’an passé. En France, où les experts attendent un peu plus de 34 millions de tonnes de blé contre 36,6 MT en 2017, la hausse des cours rassure les céréaliers qui ont le moral en berne depuis plusieurs années : 40 % d’entre eux sont dans le rouge.

Responsable céréales chez WalAgri, Olivier Henroz confirme : « l’Allemagne (- 25 % à -30 %) et les pays baltes (- 50 %) ont connu des moissons catastrophiques, en partie à l’origine de la hausse actuelle des cours. Ces États ne sont absolument pas vendeurs, ils n’exportent aucune marchandise. Par ailleurs, autre impact de la sécheresse, ces temps de basses eaux sur le Danube, le Rhin et la Moselle renchérissent le coût des transports fluviaux.»

Un autre facteur d’embellie des prix est à trouver chez les fabricants d’aliments qui n’avaient pas couvert les mois d’août et septembre et qui ont été très rapidement à l’achat auprès de vendeurs bien peu nombreux.

Il manque une quinzaine de millions de tonnes de blé en Europe, évalue Olivier Henroz. « La réception globale européenne a glissé d’environ 150 millions de tonnes en 2017 à quelque 136 Mt cette année. La production de la zone Mer Noire, qui a recueilli davantage de pluies, enregistre aussi un recul (- 18 Mt) et même si cette région est en mesure d’exporter du blé fourrager (la qualité n’est pas au rendez-vous), cela laisse de la marge au blé de qualité français et allemand.»

Avec ses blés fourragers, l’Ukraine demeurera un gros exportateur, mais pas avant fin août. Sa marchandise ne trouvera pas preneurs en Afrique du Nord, mais en l’Europe. À court terme, c’est la Belgique qui peut servir le marché intérieur, la Hollande et le nord de la France.

Et chez nous ?

Olivier Henroz dresse un rapide bilan pour la Wallonie : « les rendements moyens ont été très mauvais en colza (moins 30 à 50 % par rapport à 2017), décevants en escourgeon (moins 15 %) et finalement plutôt corrects à bons pour le blé (moins 10 %, si l’on écarte les extrêmes), avec toutefois de grandes variations en fonction des dates de semis, de la pluviométrie, de la texture des sols. Les rendements en froment oscillent en effet entre quelque 6 t/ha dans les terres les plus difficiles et 10,5-11 t/ha dans les situations les plus favorables. La qualité est au rendez-vous, comme en France et en Allemagne. »

Perspectives

« À court terme, les prix pourraient encore progresser de quelque 10 euros, pour atteindre des niveaux proches de 200 euros/t aux agriculteurs, en blé mais aussi en escourgeon. Il y a quelques mois, personne ne se serait risqué à parier sur de tels cours. »

À plus long terme, pour cette deuxième partie de l’année au niveau mondial, il faudra surveiller la prochaine moisson des blés du côté de l’Australie, qui est en proie à des problèmes de sécheresse. Il faut également tenir à l’œil les perspectives de la production américaine de maïs, en fonction de la météo. Si celle-ci ne connaît pas de problème, de même qu’à l’Est et en Ukraine, les marchés pourraient se stabiliser.

M. de N.

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