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La Wallonie ambitionne d’éliminer 50 % des sangliers

Si durant l’année cynégétique 2017-2018, 28.487 individus ont été tirés en Wallonie, soit une hausse de 43 % par rapport à 2013-2014, la population de sangliers vivant dans les forêts du sud du pays reste trop importante. En témoignent les dégâts fréquemment constatés aux parcelles agricoles auxquels s’ajoute, cette année, la menace de voir la PPA s’étendre à la Belgique entière. La Wallonie doit donc réduire drastiquement le nombre de suidés qu’abrite son territoire.

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En Europe, les hivers plus cléments de ces dernières années couplés aux abondantes fructifications forestières ont permis aux populations de sangliers de proliférer de manière exceptionnelle. Pour prévenir les dégâts à l’agriculture, aux propriétés privées, à la biodiversité ou encore pour éviter les risques sanitaires et de sécurité publique (accidents de la route), des prélèvements suffisants devront être assurés.

À cet égard, le Gouvernement wallon a adopté diverses mesures ces dernières années, dont l’interdiction des distributions mécaniques et du stockage d’aliments en forêt, la simplification de l’octroi des autorisations de destruction de l’espèce sanglier, l’interdiction, pour l’année cynégétique 2018-2019, de toute forme de restriction de tirs sur l’espèce sanglier ou encore l’allongement de la période d’ouverture de la chasse durant les mois de janvier et de février 2019.

Plus de sangliers au nord du sillon Sambre-et-Meuse ?

De nouvelles mesures devraient naître afin d’atteindre les objectifs d’éradication fixés par le ministre wallon de l’Agriculture, René Collin, à savoir « réduire d’ici le 1er mars 2020 la population actuelle de suidés de 50 % sur base des tableaux de chasse des années précédentes ». Et d’ajouter : « Cette année nous devrons déjà atteindre les 30 % de sangliers tirés en plus ! ». Pour y parvenir, chaque territoire de chasse sera contraint d’organiser trois chasses collectives en janvier et février prochain.

En outre, l’Administration wallonne a été chargée de réaliser un monitoring continu des tableaux de chasse ainsi qu’une évaluation du taux de reproduction des sangliers dans 20 territoires représentatifs. Une interdiction du maintien des cultures de maïs après les dates de récoltes est également en préparation.

« Au-delà d’une sévère régulation des populations, à moyen terme, je souhaite disposer de l’avis du DNF ainsi que du Pôle Ruralité sur la possibilité d’étendre le tir de nuit en plaine à l’ensemble de la Wallonie », ajoute René Collin. Le ministre désire encore prendre les dispositions nécessaires en vue d’éliminer l’ensemble des sangliers vivant au nord du sillon Sambre-et-Meuse.

Dès janvier 2019, une réflexion sera aussi menée avec les acteurs de la ruralité quant au maintien du nourrissage dissuasif. Pour l’instant, ce dispositif est maintenu car il faciliterait les prélèvements de chasse.

Dans la zone infectée

Quant au périmètre infecté par la peste porcine africaine (PPA), plusieurs mesures sont en application, selon le statut des zones. Ainsi, au sein de la zone d’observation renforcée, les titulaires de droit de chasse sont dans l’obligation d’organiser la destruction des sangliers. En, outre le tableau de chasse y a été fixé à 660 sangliers d’ici le 15 janvier prochain, c’est-à-dire 150 % du tableau de chasse habituer.

Tout participant à la destruction a par ailleurs été contraint de suivre une formation en biosécurité pour évacuer et transporter les carcasses vers le centre de collecte, basé à Virton, où sont effectués les prélèvements en vue de vérifier l’éventuelle contamination des carcasses par le virus (voir Le Sillon Belge du 26 octobre).

Au cœur de la zone de vigilance de 28.000 ha instaurée le 23 novembre sur demande de l’Europe, un nombre de sangliers équivalant à une fois et demi le nombre de sangliers prélevés lors de l’année cynégétique précédente devra être abattu d’ici le 28 février. Les carcasses seront acheminées vers deux centres de collecte spécifiques, à Vlessart (commune de Léglise) et Florenville, où elles seront détruites. Aucune contrainte de biosécurité n’est imposée. Les travaux forestiers, la circulation et la chasse des espèces de gibiers autre que les sangliers sont autorisées.

De syndicats peu convaincus

Tant la Fédération wallonne de l’agriculture (Fwa), rejointe par Inter-Environnement Wallonie (Iew), et la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (Fugea) jugent ces mesures insuffisantes.

Ainsi, pour la Fwa et Iew, les mesures à caractère sanitaire, prise pour gérer la PPA, et celles visant à procéder à une régulation des populations doivent être traitées distinctement. « Les propositions formulées par le ministre ne donnent aucune garantie de résultats quant à la régulation des populations », ajoutent-ils. Tous deux plaident pour une réduction de 80 % des densités de sangliers et souhaitent que la question du nourrissage soit abordée sans délais.

La Fugea souhaite, elle, que ce nourrissage « dissuasif » soit dès à présent interdit. Le syndicat plaide aussi pour l’instauration d’un plan de tir draconien dans les secteurs problématiques. Et de conclure : « Le monde de la chasse doit prendre ses responsabilités en empêchant le gibier d’aller sur les terres agricoles. »

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