Lors d’une journée d’étude à la ferme Hooibeek à Geel, Katleen Geerinckx de ladite exploitation nous en a dit davantage sur les points d’attention durant la période d’allaitement.
Lait de vache ou lait en poudre ?
Après la prise de colostrum dans les premiers jours de vie, le veau peut recevoir du lait, en poudre ou non. Si les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients, Katleen préfère le lait en poudre : « Le lait de vache contient une forte teneur en matière grasse dont les veaux n’ont généralement pas besoin. Celle-ci peut même causer des problèmes digestifs. Le veau peut également être rassasié pendant une période plus longue, ce qui signifie qu’il absorbera moins de concentrés ou commencera à en utiliser plus tard. En outre, la concentration du lait de vache n’est pas adaptée aux besoins du veau. En hiver, par exemple, il est recommandé de donner un lait légèrement plus concentré. »
Pour éviter le problème des matières grasses, on ajoute parfois de l’eau au lait, mais celui-ci contient déjà moins de minéraux et d’oligo-éléments, en particulier du magnésium et du fer, de sorte que la dilution peut entraîner des carences. Katleen Geerinckx avertit que les veaux ne doivent jamais recevoir de lait résiduel contenant des antibiotiques. « Il favorise l’antibiorésistance. Le lait de vache contient également des maladies infectieuses, comme les mycoplasmes, et certaines bactéries. »
Il n’est pas évident de fournir du lait frais à une température de 40ºC, à moins qu’il ne sorte directement du pis. « Si vous utilisez un seau dans la niche pour alimenter le jeune, c’est quasi impossible – surtout en hiver –, à moins de réchauffer le lait. Mais cela représente un gros travail supplémentaire. L’avantage du lait en poudre est qu’il peut être chauffé à la température souhaitée, d’autant qu’il faut de toute façon mélanger la poudre à une eau déjà chaude. Son prix de revient dans la ferme de Hooibeek est de 0,292 euro/litre de lait (hors tva, août 2019). Quant à celui du lait de vache, il est de 0,3375 euro/litre. Cela signifie le prix de production, sans aucun bénéfice sur les ventes de lait. L’utilisation de lait artificiel présente donc de nombreux avantages. La teneur en nutriments est constante et la teneur en matières grasses est plus faible. Ce lait peut parfaitement être fait sur mesure. Sur la ferme de Hooibeek, la poudre Denkamilk XP est utilisée avec 22 % de protéines brutes et 18 % de matières grasses brutes. Cette teneur est beaucoup plus faible que les 30 % de matières grasses du lait de vache.
Différences dans les poudres de lait
Il existe 2 principaux types de lait en poudre, à base de lait écrémé (LEP) ou de lactosérum.
Le LEP est un produit résiduel de la production de beurre qui contient encore beaucoup de protéines et de lactose. Il contient en outre beaucoup de caséine qui inhibe le lactose dans la caillette où il sera partiellement digéré. Les veaux ont une sensation de satiété plus longue. Le lait va donc progressivement vers les intestins, ce qui réduit la diarrhée.
La poudre de lactosérum, comme le Denkamilk XP, est un sous-produit de la fabrication du fromage. Il contient du lactose, mais plus de caséine, de sorte que le lait est beaucoup moins inhibé dans la caillette. Ainsi, il est rapidement dirigé vers l’intestin grêle où se déroule la digestion. Par conséquent, les animaux auront plus rapidement faim et absorberont plus rapidement les aliments concentrés.
Choisir la bonne concentration
Geerinckx indique également la température : « L’eau de mélange doit être entre 45 et 50 ºC. Lorsque l’eau est trop froide, la poudre ne se dissout pas bien. Une eau trop chaude n’est pas non plus bonne car à plus de 70ºC, vous endommagez les protéines et les minéraux de la poudre. L’idéal est d’amener votre poudre de lait à 40ºC. Il faut donc tenir compte des différents paramètres, de la température extérieure et du temps entre la fabrication et la distribution du lait ».
Enfin, Katleen Geerinckx souligne qu’un bon mélange est un must ! Les graisses doivent être bien dissoutes.
L’importance de l’hygiène
Et il est évident qu’il faut travailler de manière hygiénique lorsque vous distribuez du lait. « Par conséquent, lavez les seaux à l’eau chaude et désinfectez régulièrement les brosses et les éponges. Idéalement, vous devriez utiliser le même seau par veau. La numérotation des niches et des seaux aide. Il est préférable d’utiliser une nouvelle tétine pour chaque nouveau veau. C’est un coût supplémentaire, mais une sécurité en termes d’hygiène. « Certes, la qualité de l’eau est aussi extrêmement importante. Assurez-vous de faire un contrôle de qualité annuel si vous n’utilisez pas l’eau du robinet. »
Flux standard ou ad lib
Le projet JongLeven étudie actuellement la croissance des veaux qui peuvent boire du lait ad lib (jusqu’à un maximum de 16 l) pendant les 3 premières semaines. Comment se comportent-ils dans le reste de leur vie ? Selon la recherche documentaire, tout éleveur doit obtenir la croissance la plus élevée possible au cours des premières semaines de vie. Un veau plus fort a une meilleure résistance. Cela permet d’inséminer plus tôt, ce qui se traduit inévitablement par un premier vêlage précoce. Ces veaux obtiennent de meilleurs résultats de production, une durée de vie et une production de vie plus élevées. « Les premiers résultats indiquent une meilleure croissance quotidienne en période de sevrage avec ad lib par rapport à un programme d’alimentation de 6 l de lait en poudre par jour. »
Choisir son distributeur de lait
Dans cette exploitation, le lait en poudre est donné aux jeunes à l’aide du distributeur automatique de lait (DAL) Urban U40. Ainsi, des lots de 15 veaux sont nourris par le biais de 2 DAL. « Une telle machine n’est pas bon marché, mais elle permet d’économiser en main-d’œuvre et d’alléger la charge de travail. Car il faut de toute façon entretenir et nettoyer la machine, vérifier la prise des animaux, et entraîner les veaux s’y alimenter…
Mais avec une telle machine, le veau absorbera plus souvent des portions plus petites et constantes, et ce à une température idéale. Toutefois, Katleen Geerinckx admet qu’une tétine partagée augmente le risque de transmission de maladies. « Il est donc conseillé de remplacer régulièrement la tétine et de calibrer la machine tous les mois. Assurez-vous de faire cela avec un nouvel approvisionnement de lait en poudre. »
Un chariot à lait ou un taxilait est également une bonne option pour la fabrication, le transport et la distribution de grandes quantités de lait. Il existe de nombreux systèmes, dans différentes gammes de prix, sur le marché. Il est préférable de choisir un modèle stable sur 4 roues.