Les habitudes de consommation bouleversées

Après avoir déjà chuté en semaine 13 se terminant le 29 mars), le cours de l’agneau français a perdu 35 centimes d’une semaine sur l’autre, à 6,18 €/kg en semaine 14 (se terminant le 5 avril) ! Cet écroulement de la cotation est usuellement rencontré la semaine après Pâques, lorsque la demande baisse, et non une ou deux semaine(s) avant… En semaine 15, il a gagné seulement deux centimes du kilo, alors même que les ventes sont annoncées particulièrement dynamiques… la situation se serait renversée en cours de semaine 15.

Dans tous les cas, les filières se mobilisent pour écouler leur production. Avec le confinement, les éleveurs doivent aujourd’hui vendre en local, ce qui s’avère parfois compliqué.

Au Royaume-Uni, la baisse de la production s’est poursuivie et, face une demande interne et à l’export en forte diminution, la cotation britannique s’est effondrée… Elle est repassée sous son niveau de 2019 en semaine 14, atteignant 4,40 £/kg. La situation se répète dans chaque pays producteur : retournement du prix de l’agneau avant même les fêtes de Pâques.

En Irlande, en semaine 13, les abattages étaient en baisse de 18% par rapport à la semaine précédente. Les ventes d’ovins se sont néanmoins redressées au début de semaine 15 et les abattoirs étaient désireux de s’approvisionner pour répondre aux commandes de Pâques. La demande sur les principaux marchés d’exportation (Belgique, France et Allemagne), reste très faible. La cotation irlandaise est repassée sous son niveau de 2019, à 5,40 €/kg en semaine 14.

Toutefois, de début janvier à fin avril 2020, les sorties d’agneaux (principalement en abattoirs) en Irlande sont estimées en hausse par rapport à 2019, à 653.000 têtes, soit +16%. Cette augmentation est due aux reports, sur l’année 2020, avec une estimation de 103.000 hoggets supplémentaires.

Globalement, l’impact du covid-19 en Espagne sur la consommation de produits ovins est très similaire à celui de la plupart des autres pays. L’écoulement de la production de viande ovine espagnole dépendant principalement de la consommation intérieure, la situation est actuellement difficile. Comme dans beaucoup d’autres pays, les initiatives fleurissent pour soutenir et valoriser la production locale.

Une divergence des prix en Océanie

Alors que l’on craignait que la viande ovine néozélandaise initialement destinée à la Chine soit détournée vers l’Europe, en raison de l’arrêt momentané des ports chinois, les produits se sont principalement dirigés vers le Moyen-Orient au moins jusqu’à la mi-mars. D’autres sources suggèrent que le commerce reprenait doucement vers la Chine dès la semaine 11 (se terminant le 15 mars). L’impossibilité pour la Nouvelle-Zélande d’acheminer de l’agneau en Chine a provoqué une importante chute des cours néozélandais en février-mars 2020.

La Nouvelle-Zélande est elle-même désormais bloquée en raison du coronavirus. Le gouvernement tient à maintenir le flux des exportations agricoles. Toutefois, la capacité d’abattages a été réduite. Les ovins et les bovins resteraient bloqués en ferme en raison d’abord de la perturbation des ports chinois et des transports maritimes à l’échelle internationale : tout ralentissement des lignes de mise à mort ne ferait qu’exacerber la situation.

Compte-tenu de la volatilité de la demande chinoise en importations, l’Australie, avec un portefeuille de clients plus diversifié, paraît davantage en capacité de gérer ces aléas. Cela explique en partie la progression du cours de l’agneau australien, malgré les difficultés d’envois vers la Chine. Plus de 90% des exportations australiennes de viande ovine vers la Chine sont utilisées dans la RHD. C’est en fait grâce aux précipitations généralisées, observées en Australie cette année et qui ont succédé aux violents feux de brousses, que les prix de l’agneau ont atteint de nouveaux records et se sont considérablement découplés de ceux de la Nouvelle-Zélande.

Bien que l’écart de prix entre les deux pays soit devenu assez important, il semble peu probable qu’il puisse durer trop longtemps étant donné que les débouchés de ces deux exportateurs leaders sont souvent communs à travers le monde.

D’après Tendances

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