Les plants de poireaux

pour la production

d’automne et d’hiver

Si on se base sur un besoin de 150.000 poireaux par ha de production et l’obtention de 65 plants par mètre de ligne, il faut environ 2.150 mètres de lignes de pépinière. L’écartement entre les lignes de semis de 10 ou de 20 cm détermine la surface totale occupée. Nous avons intérêt à être économes en surface lorsque nous utilisons des serres pour produire le plant.

Le choix variétal

Les semenciers nous proposent des variétés représentant des populations et des variétés hybrides. L’emploi d’hybrides se généralise chez les professionnels. Les variétés sont classées selon l’époque de production durant laquelle elles expriment le mieux leurs qualités. Elles se caractérisent entre elles par des critères de précocité, d’adaptation à la production d’un long fût, de couleur du feuillage (plus vert ou plus bleu). Pratiquement toutes les variétés actuelles sont à feuillage fermé. Les variétés à feuillage ouvert ne sont plus utilisées que par les amateurs. Des producteurs professionnels ont un débouché par la vente de plants aux amateurs.

Pour les récoltes d’automne, Batter, Belton, Curling ou Darter sont souvent citées comme hybrides, ainsi que les variétés d’hiver ci-dessous.

Pour les récoltes d’hiver, plusieurs variétés hybrides sont appréciées en marché de gros et en vente directe, parmi lesquelles nous trouvons Aylton, Cherokee, Defender, Nanton, Odrin, Oslo, Pluston, Poulton ou Surton, entre autres.

La rotation, le sol, la fertilisation

La rotation devrait être longue de 4 à 5 années sans Alliacées. Une des raisons est la limitation de la propagation de la pourriture blanche (Sclerotium cepivorum) qui se retrouve aussi sur les oignons, échalotes, et ails. Ce champignon persiste dans le sol sur les débris de culture et sous formes de sclérotes.

La couleur du feuillage est avant tout un facteur variétal. Le plant de poireau avec ses 4 à 5 tonnes de matière fraîche par hectare n’exporte pas de grande quantité de fertilisants, mais les besoins doivent être rencontrés durant la courte période de croissance. Les apports organiques récents n’ont que peu de temps pour être minéralisés et mis à disposition. Les fertilisants minéraux viseront l’apport d’une quarantaine de kg d’azote et une cinquantaine de kg de potasse, selon la richesse du sol.

Une bonne structure de sol est le meilleur atout de la réussite. Pour les productions de pleine terre sous serres, la salinité peut être un problème. Elle se manifeste par de mauvaises levées, souvent par zones, et une croissance anormalement faible des plantules.

Le calendrier des semis

Pour obtenir des plants qui atteindront la maturité en automne, il faut semer les graines dans des planches de semis sous tunnels à partir de mi-mars et en avril. Ainsi, les plants seront de taille suffisante pour être transplantés, racines nues fin mai et en juin.

Les récoltes des poireaux d’automne et d’hiver proviennent de transplantation en juin jusque début juillet des plants issus de semis en avril. Ces semis en pleine terre sous tunnels ou chenilles seront protégés d’un double voile (protection contre la mouche). La durée de la culture est alors de 10 à 12 semaines selon les années.

Ce calendrier sera avancé de deux semaines ou retardé de deux semaines selon la précocité de la variété choisie.

Le semis proprement dit

La faculté germinative des semences de poireau décroît rapidement avec l’âge et est sensible aux conditions de germination notamment la température, l’humidité, et éventuellement la salinité du sol.

Pour les semis en pleine terre, l’écartement des rangs dépend de la mécanisation et l’écartement entre graines sera de l’ordre d’un centimètre en vue d’espérer l’obtention de 65 plants vigoureux par mètre linéaire. Ce nombre sera obtenu au départ de 100 graines de bonne qualité et en bonnes conditions (premiers semis en conditions chauffées) et de 80 graines par mètre courant pour les hybrides. Il est souhaitable d’arroser avant le semis et de ne plus arroser avant la levée des poireaux, c’est notamment une question de température et d’aération du sol lors de la germination.

La semence doit être enterrée de 1 cm et surtout bien plombée pour éviter les levées étalées et donc l’hétérogénéité des calibres de plants à la récolte.

La récolte des plants

Le calibre des plants souhaité est de 5 à 6 mm de diamètre. En plantation manuelle, les plus petits calibres (4 mm) reprennent très bien, mais le manque de rigidité des plants d’arrachis complique la mécanisation. Les plants de 8mm sont trop gros et reprennent plus difficilement.

Les plants d’arrachis seront récoltés au fur et à mesure des besoins pour la plantation en champ de production. Ils peuvent être conservés quelques jours en caisses placées au frais (chambre froide par exemple), avec les plants placés pour rester bien rectilignes. Ils seront donc couchés à plat ou disposés en bottes dressées, selon la destination.

Des récolteuses mécaniques permettent de rationaliser les besoins en main-d’œuvre, elles sont employées dans les entreprises spécialisées. Leur emploi permet de réduire le coût au plant. Pour la récolte de surfaces modestes, la souleveuse utilisée sans vibration permet une récolte aisée mais plus exigeante en heures de prestations. Pour les petites surfaces, l’arrachage à la fourche-bêche peut convenir.

Le désherbage

En culture biologique, le désherbage peut difficilement compter sur le faux semis au printemps, vu la date précoce des travaux, c’est une démarche à entamer l’année précédente. Avant la levée des plantules, le désherbage thermique permet d’éliminer les adventices déjà émergées. Les binages entre les routes et les sarclages sont possibles, mais malaisés vu la levée lente du poireau et la finesse des plantules aux plus jeunes stades, les lignes sont visibles 2 à 3 semaines après le semis.

Il est possible de semer le poireau en surface, le plomber, et de recouvrir toute la largeur de la planche avec du mulch ou du terreau sur une épaisseur d’au moins 1,5 cm. Le coût de cette technique est plus élevé, mais comme il ne faut pas prévoir de binage, l’intervalle entre rang peut être réduit à 10 cm, permettant ainsi une augmentation de la densité de plants par m².

En culture conventionnelle, le désherbage de pré-émergence est la base des systèmes. En plaçant une vitre sur le sol, il est possible d’y hâter quelque peu l’émergence pour décider du moment d’intervention sur le reste de la parcelle. Il est préférable de ne pas arroser immédiatement après l’application, la sélectivité étant liée à la position de la zone traitée relativement à la zone d’enracinement.

En pré-émergence, le dimethenamide-P peut être employé à 0,5 kg de m.a./ha contre des graminées annuelles et des dicotylées, en plein air uniquement. Propyzamide peut être employé à 1kg de m.a./ha, en plein air. L’acide pelargonique peut être utilisé à la dose de 10 kg de m.a./ha.

De la pré-émergence au stade apparition de la 2e feuille, isoxaben peut être utilisé à la dose de 0,1 kg de m.a./ha. Pendimethaline peut être appliqué à la dose de 0,9 kg/ha.

Pour les précisions, consulter www.fytoweb.fgov.be/.

La protection

L’hygiène d’exploitation et en particulier le mode de gestion des résidus de culture de poireau et d’Alliacées et la maîtrise de l’enherbement jouent un rôle important dans la production de plants de poireaux. Des insecticides sont homologués, voir fytoweb.be.

La rotation permet de limiter les risques de développement de la pourriture blanche (voir plus haut) et la fusariose (Fusarium culmorum). Le mildiou (Phytophtora porri), l’alternariose (Alternaria porri) et la rouille (Puccinia porri) subsistent aussi sur les résidus de culture, mais ne s’étendent vraiment que plus tard en saison, au champ de production du légume.

Le voile insect-proof permet de protéger les pépinières contre les thrips, les teignes et mineuses : il faut les poser hermétiquement. Les pièges à phéromones (teignes) et plaques engluées (thrips) aident les détections de l’augmentation des populations.

F.

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