Une occasion ratée d’encourager les jeunes











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Voici un an débutait le long bras de fer entre le groupe Delhaize et ses employés, lesquels refusaient la franchisation de 128 magasins. Les syndicats promettaient de ne rien lâcher et de protéger leurs affiliés envers et contre tout ; les partis politiques de gauche suivaient le mouvement et prétendaient soutenir le juste combat des 9.200 salariés, menacés de changer d’employeur et de conditions de travail. Ils entendaient toutes et tous lutter vent debout contre le diktat du capitalisme, jusqu’à la victoire du juste droit des travailleurs. Grèves, blocages de magasins et de centres de distribution Delhaize, manifestations… : toute la panoplie de la « lutte finale » fut ainsi déployée dans un grand spectacle son et lumière qui anima les actualités durant des mois !


Début février, les agriculteurs nous ont fait part de leurs revendications et la Commission Européenne a fait un beau rétropédalage au sujet des pesticides. Pendant ce temps, on ne donne aucune perspective aux agriculteurs. L’idéal ne serait-il pas qu’ils bénéficient de revenus décents tout en ne devant pas utiliser de pesticides ? Si cela se réalisait, ils ne devraient plus mettre leur santé en danger et auraient vraiment un beau métier.

Selon Coméos, la grande distribution ne s’octroierait qu’une marge bénéficiaire insignifiante !

« Toute la journée, ça a été la corrida ! ». La manifestation agricole du 1er février dernier fut vécue de différentes manières par les innombrables protagonistes présents ce jour-là à Bruxelles. Une jeune infirmière m’a livré son ressenti particulier, voix de la terre elle aussi, puisqu’elle est issue d’une famille d’agriculteurs, avec un frère syndicaliste bien présent en front de bandière. Selon elle, paysans et soignants s’épuisent dans un même combat : les uns et les autres sont indispensables, mais souffrent d’un manque flagrant de respect et de reconnaissance. On se rend compte qu’ils existent lors des crises, ou quand ils descendent bruyamment dans la rue ; le reste du temps, on exploite leurs peines sans état d’âme.







L’actualité agricole rythme ces dernières semaines l’actualité des campagnes wallonnes et ardennaises. Excédés d’être ignorés dans leurs revendications légitimes, les agriculteurs ont sorti leurs tracteurs pour crier à la face du monde leur désarroi, et dénoncer les injustices dont ils souffrent de manière endémique.


Comme c’est beau : à l’unisson, tous les politiques soutiennent les agriculteurs. Fini l’agribashing ! Les libéraux, à fond les manettes, pourvu qu’on maintienne le libre-échange sur les marchés. Les socialistes ont le cœur qui saigne à condition qu’on maintienne le pouvoir d’achat en important bon marché. Et les écologistes, pareil, avec une bouche en cul-de-poule quand on parle de l’accumulation et de la complexification des normes environnementales.

Ils sont venus, ils sont tous là...elle va mourir la...Mama chantait Aznavour.

La semaine dernière, le monde agricole s’est embrasé de colère mais aussi de beaucoup d’unité. C’est assez rare pour le souligner et j’ai envie de m’en réjouir, à défaut de ne pas (encore !) pouvoir nous délecter d’avancées concrètes dans les demandes exposées par les agriculteurs.
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