Paul Vankeerberghen, actuellement directeur de Coprosain, nous rappelle l’historique de la coopérative, et l’esprit dans lequel elle a été créée. « Dans les années 70, partant du constat que les politiques agricoles européenne et nationale ne leur laissent pas d’avenir, quelques agriculteurs se réunissent pour imaginer et repenser un autre système de fonctionnement. », raconte-t-il. « En 1978, ils décident d’unir leurs efforts pour fonder une coopérative : Agrisain (Agriculture saine) était né. »
De Agrisain à Coprosain
Leur objectif était de produire de façon naturelle des produits de qualité, de retrouver le contact avec le consommateur, et de rétribuer le producteur de manière équitable. « Dix ans plus tard, la reprise d’une boucherie à Ath leur permet de se lancer dans la commercialisation des viandes produites dans la région. » C’est ainsi qu’est apparu Coprosain (Commercialisation de produits sains) qui transforme et commercialise les produits des agriculteurs d’Agrisain.
« Au fil du temps, la philosophie ne s’est pas modifiée. », affirme Paul Vankeerberghen. Coprosain privilégie les fermes familiales de 1 à 60ha, en grande difficulté actuellement, qui doivent combiner élevage et agriculture et cherchent à atteindre l’autonomie alimentaire. Ils opposent ces dernières « aux grosses exploitations contraires au durable et destructrices pour la terre. »
Jean Frison, fondateur d’Agrisain, confirme : « L’idée de base était de se rassembler par rapport à des problèmes concrets et de réfléchir au type de développement désiré pour la région. Nous avions perdu notre indépendance, nous achetions une alimentation toute faite pour nos animaux, et n’étions plus que des vendeurs de matière première sans valeur ajoutée. »
Loufoque, l’autonomie fourragère ?
Francis Delmée, éleveur dans la coopérative, estime que celle-ci lui permet d’avoir « une vision optimiste de l’agriculture. De plus, le producteur peut suivre le parcours de son animal également après la ferme, et obtient un réel retour de la part du boucher et du consommateur, ce qui est particulièrement valorisant quand on fait du bon travail. »
Bruno Hespel est un ancien comptable, devenu éleveur de chèvres il y a 5 ans. « C’est grâce à Coprosain que j’ai pu me développer, car ma production se fait en lien avec la coopérative depuis le début. J’ai suivi l’évolution de la demande, et j’élève donc aujourd’hui 70 chèvres, 30 brebis et 6 vaches. »
La création d’un nouveau magasin était l’occasion pour la coopérative de faire peau neuve. Huit étudiantes en communication à l’IHECS ont donc travaillé durant un an et demi à cette transformation. Résultat : de nouveaux logos, de nouveaux pictogrammes pour identifier en un coup d’œil la gamme de produits, et surtout des fiches producteur. Celles-ci, réparties dans la surface commerciale, proposent au consommateur de mettre un visage sur les produits qu’il achète, et d’en savoir plus sur les agriculteurs qui composent la coopérative.
Un producteur pour un salarié
En plus de commercialiser les produits via les « Comptoirs fermiers » de Tournai, Ath, Mons et Braine-l’Alleud, la coopérative dispose également de camions présents sur 22 marchés publics par semaine dans le Hainaut, Bruxelles et le Brabant Wallon. La liste des différents points de vente est disponible sur leur site www.coprosain.be