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Circuits courts en province de Luxembourg: les projets éclosent de toutes parts!

Pour résister aux crises récurrentes du secteur, les agriculteurs se tournent de plus en plus vers les circuits courts. La collaboration est aussi de mise, avec la création de coopératives. En province de Luxembourg, les producteurs ne sont pas en reste.

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L a troisième édition des états généraux des circuits courts, à Libramont, était l’occasion de présenter quelques initiatives qui se développent dans le sud du pays.

Les questions des lieux d’abattage de proximité et des tirs en prairie, comme nous vous l’avions exposé dans une édition précédente (voir Le Sillon Belge nº 3798 du 05/01/2018), ont été discutées. Kathy Brison, de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), a précisé que l’agence n’était en rien opposée aux abattoirs mobiles ou démontables, sous condition du respect des règles d’hygiène, sanitaires, etc. Les réglementations européennes semblent néanmoins ne pas permettre ce genre de pratique. Un certain flou accompagne cependant toute cette discussion, puisque des exemples de camions d’abattage mobiles et d’abattoirs démontables existent dans différents pays européens tels que l’Allemagne, l’Autriche, la Suède…

Un hall relais agricole pour la transformation

Alain De Bruyn a ensuite présenté Agrinew, une asbl qui promeut et valorise les produits issus de l’agriculture wallonne et aide les producteurs dans leur démarche de diversification. L’association propose des outils et conseils pour aider les producteurs à se lancer dans la transformation, de manière à surpasser les problèmes de ce métier et à ne pas se lancer à corps perdu dans une activité économiquement risquée.

Pour ce faire, Agrinew va mettre à disposition un hall relais agricole de transformation qui ouvrira ses portes à l’automne 2018. Celui-ci contiendra un atelier de découpe et de transformation de viande, ainsi qu’un atelier pour les légumes et fruits, et un hub logistique, afin d’aller plus loin que la plupart des autres transformateurs sur le marché. Du personnel qualifié sera mis à disposition, mais le producteur devra toujours être présent, accompagné par un encadrement sur-mesure.

Enfin, si l’agriculteur doit payer pour les différents moyens utilisés, la formule se promet d’une flexibilité totale, puisque seuls le matériel et les pièces utilisées seront considérés dans le prix à payer. Il ne sera donc pas nécessaire de payer pour l’ensemble du bâtiment si seule la transformation de viande vous intéresse.

Des produits locaux « Solidairement »

«  Solidairement » est une asbl coopérative lancée il y a 11 ans pour reprendre une épicerie (L’Épicentre à Meix-devant-Virton) qui allait fermer. Les coopérateurs se rendent alors compte qu’il est difficile de se fournir en produits locaux, et le besoin se fait sentir de mutualiser la logistique entre les agriculteurs, les artisans et les commerces de proximité.

Un projet est donc lancé il y a 5 ans pour que 4 producteurs et 4 épiceries se partagent un véhicule pour l’acheminement de différents produits des premiers vers les derniers : le « réseau Solidairement ». Depuis un an, une coopérative citoyenne à finalité sociale porte le projet. Celle-ci est constituée de 68 fondateurs et 80 coopérateurs et dispose de deux véhicules frigorifiques, un local de stockage et l’équivalent de 1,5 emploi à temps plein. Pour encore évoluer, la coopérative recherche actuellement un collège de consommateurs (voir encadré ci-contre), afin que tous les acteurs de la chaîne soient représentés.

La coopérative ouvrira d’ailleurs prochainement le premier magasin de producteurs de la province. Enfin, la mutualisation ne s’arrête pas là puisque la coopérative est à la base d’une asbl : le collectif des coopératives citoyennes pour les circuits courts (les 5 C). Celle-ci est composée de 17 coopératives qui mettent en commun et partagent les bonnes pratiques de leur fonctionnement.

Une fruitière qui produit… du fromage !

Sylvain Trigalet a présenté différents outils développés par le Gal Ardenne Méridionale. Un atelier de découpe modulaire géré par un collectif de bouchers va être installé à l’abattoir de Gedinne afin de développer une filière de transformation et de valorisation de la viande. À partir du 1er septembre, une plateforme de distribution logistique de 200m² avec chambres froides sera accessible aux professionnels dans les halles de Paliseul.

Enfin, dernier outil mais non des moindres, afin de soutenir la filière lait a été lancée cette année une fromagerie coopérative : la fruitière des herbages d’Ardenne méridionale. Différents producteurs fournissent du lait alors que la fabrication et l’affinage sont actuellement réalisés par la bergerie d’Acremont en tant que prestataire de services. La volonté est de fabriquer un fromage au lait cru à pâte pressée cuite et les premiers résultats avec du lait de Montbéliarde ou de Holstein sont prometteurs.

Finalement, ces états généraux ont permis de souligner que le circuit est parfois plus court en favorisant les échanges transfrontaliers, au vu de la proximité des frontières. Des idées à creuser, donc, et des projets qui fourmillent dans cette province qui aime à montrer son « ardeur d’avance ».

J.D.

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