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Joël Gresse, propriétaire de cheptels viandeux et laitiers

En 1992, Joël Gresse, âgé de 19 ans, reprend la moitié de l’exploitation familiale à Rettigny. La ferme déjà mixte, comptait alors une centaine de bêtes, exploitait 40 hectares pour un quota de 60 000 litres de lait. Progressivement, il décide d’engraisser une partie importante du cheptel. Une envie bien présente depuis son installation. Une tâche qui demande une gestion plus ardue mais nettement plus valorisante.

Temps de lecture : 5 min

Depuis le début des années 2000, la ferme a connu de nombreuses évolutions. Tout d’abord la construction de l’étable pour les vaches laitières ainsi que la mise aux normes. Viendront ensuite les silos couloir, un hangar à fourrage et la salle de traite. En 2008, la deuxième phase de reprise. Et deux ans plus tard : un des tournants majeurs, le regroupement sur un seul site avec la construction d’une étable viandeuse et d’un hangar pour le matériel.

Une exploitation mixte

Travailler avec un cheptel laitier et viandeux n’a pas toujours été aisé. Joël avoue volontiers que ces deux spéculations sont complémentaires et permettent de mieux résister aux crises. Néanmoins, la gestion de l’exploitation n’en est que plus complexe.

Juste avant sa seconde phase de reprise, il s’est posé de nombreuses questions. Notamment quant à la main-d’œuvre disponible par rapport à la charge de travail. C’est à ce moment que son épouse Paulette a délaissé pour moitié son travail à l’extérieur pour venir travailler sur l’exploitation, avec la traite dans ses attributions principales. Aujourd’hui encore, Joël et son épouse comptent également sur des renforts familiaux pour les aider dans les travaux quotidiens ou plus saisonniers.

S’il y avait quelque chose à refaire… ?

Avec l’étable pour engraissement construite en 2017, on peut dire que Joël est à la tête d’une exploitation à la pointe et tout à fait fonctionnelle. Tout cela est le fruit d’investissements certes importants mais toujours réfléchis et réalisés au moment qui semblait toujours le plus opportun.

Joël insiste notamment sur l’importance de se faire encadrer par des gens compétents, des experts dans leur matière lors de tels projets. C’est essentiel de pouvoir bénéficier de l’expertise de son banquier par exemple. Ce dernier apportera une vision supplémentaire, un avis sur la viabilité du projet…

« Quand on investit, il faut toujours essayer de se projeter dans le futur ». Or dans le métier d’agriculteur, on sait tous qu’il est compliqué d’avoir une vision claire sur l’avenir.

Un petit regret est le site lui-même. La ferme est fort enclavée de par sa situation en plein milieu du village. Mais comme Joël le signale avec humour : « L’endroit qui semble aujourd’hui idéal, on ne le possédait pas à l’époque ! »

Un esprit d’initiative !

En 2015, une des filles de Joël trouve un job d’étudiante chez un boucher du coin. Ce dernier lui propose alors de lui fournir la viande de bœuf, en l’occurrence des jeunes vaches. Fort de cette première expérience, Joël va prendre contact personnellement avec d’autres boucheries et développer un autre créneau pour les mâles.

C’est le début d’une nouvelle aventure et la découverte de ce qu’on pourrait appeler « le monde de la viande ».

Avec comme dernier retentissement le scandale Veviba. Suite à cette affaire, des agriculteurs dont Joël décident de s’unir et de créer une coopérative « En direct de mon élevage ». Aujourd’hui, elle regroupe plus d’une centaine d’éleveurs engraisseurs. Des éleveurs traditionnels BBB ainsi que des éleveurs biologiques et issus de toutes les provinces wallonnes.

Le désir de chacun est de faire bouger les choses, d’amener de la transparence à la chaîne de la viande tout en ramenant un prix juste pour l’exploitant et ce, en supprimant les intermédiaires. « On a tous à y gagner, une meilleure valorisation de notre travail tout en garantissant un prix correct pour le consommateur et pour un niveau de qualité du produit bien supérieur. »

Comme il l’avait entrepris à son échelle, il y a quelques années, Joël et les autres coopérateurs n’hésitent pas à aller eux-mêmes démarcher les distributeurs. Joël revêt donc une « casquette » supplémentaire via les rendez-vous menés pour développer la coopérative. Mais comme il aime le souligner, le fait de ne pas être seul, contrairement à ses débuts, et de voir que les responsables de groupes de boucheries sont demandeurs et en phase avec les valeurs véhiculées par les éleveurs, est extrêmement valorisant et motivant. « Cela prouve qu’on est dans la bonne direction. »

« Aujourd’hui, l’agriculteur doit se prendre en main. On doit être fier de notre métier et le montrer. On doit également être conscients qu’aujourd’hui, l’agriculteur doit s’adapter et produire ce que le marché et les consommateurs demandent et non plus produire pour produire ».

Quand il a accepté de livrer le boucher local en direct, Joël n’a jamais pensé que cette décision lui ferait prendre un parcours de vie bien différent. Et aujourd’hui c’est un réel épanouissement personnel. « Je rencontre beaucoup de gens, d’horizons différents, des experts qui gravitent autour du milieu agricole… C’est une véritable ouverture sur le monde qui nous entoure tout en continuant de faire le métier que j’aime »

Et le futur ?

Joël et Paulette ont trois enfants. Deux filles qui ne se prédestinent pas au métier d’agriculteur et un fils pour qui, aujourd’hui, il est prématuré de dire s’il reprendra ou non. « S’il est motivé, nous ferons tout pour l’aider autant que possible comme ça a été le cas pour moi. Mais jamais on ne l’obligera. »

De manière plus générale, on doit persévérer dans notre modèle d’agriculture familiale. Au sein de sa ferme, Joël essaye d’atteindre un maximum d’autonomie fourragère, de diminuer le coût des intrants tout en réalisant un maximum des travaux lui-même.

Alicia Lambert

Chargée de relations Agri chez CBC Banque

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