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«Duroc d’Olives» travaille désormais avec des stabulations entièrement libres

Duroc d’Olives, à Kruisem, prétend être la première exploitation porcine non biologique de Flandre à fonctionner entièrement sans cage. Ce faisant, les propriétaires visent à rester en avance sur la législation de plus en plus stricte en matière de bien-être animal.

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Duroc d’Olives s’étend sur deux exploitations : à Kruisem et à Lochristi. Les porcelets de Kruisem naissent désormais dans des cases de mise bas où la truie et les porcelets peuvent se déplacer librement. Ces cases sont déjà obligatoires Suisse, Suède et Norvège et constituent également un critère pour l’obtention du label biologique. La ferme de Lochristi passera à son tour le pas lors du prochain cycle d’investissement. « Dans nos étables, les porcelets restent avec leur mère 2 semaines supplémentaires que les 3 semaines habituelles, ce qui nous permet de mieux approcher le processus naturel de croissance. Selon notre vision, les enclos en libre parcours sont la bonne voie vers un élevage de porcs respectueux des animaux », expliquent Bart Mouton et Filip Van Laere, de Duroc d’Olives.

Un marketing rondement mené

L’exploitation n’intervient qu’au début et à la fin de la chaîne. À Kruisem et Lochristi, les truies sont inséminées et les porcelets y naissent. Ils y restent jusqu’à ce qu’ils partent chez d’autres éleveurs de porcs en Flandre et en Wallonie pour un engraissement de 25 à 125 kg selon le protocole de la ferme.

De là, les porcs vont à l’abattoir et la viande découpée est acheminée via 12 grossistes vers 500 bouchers (viande fraîche et charcuterie) en Flandre, en Wallonie, aux Pays-Bas et dans le nord de la France, ainsi que vers le secteur de la restauration en Belgique et à l’étranger. Une partie est affinée et séchée en Italie. La viande de porc est vendue jusqu’en Asie. Duroc d’Olives y était déjà présent jusqu’à l’apparition de la peste porcine africaine en 2018 et peut enfin tenter à nouveau de conquérir ces marchés.

Grâce au logement conditionné, les propriétaires peuvent travailler de manière très hygiénique et minimiser le nombre de maladies (respiratoires, par exemple).
Grâce au logement conditionné, les propriétaires peuvent travailler de manière très hygiénique et minimiser le nombre de maladies (respiratoires, par exemple). - Duroc d’Olives

Le marketing autour de la marque (en bout de chaîne) est également entre les mains des familles propriétaires. Cela va des éléments classiques tels que la décoration des magasins et la participation à des foires alimentaires jusqu’à son propre food truck au festival Tomorrowland.

Une histoire de croisement

L’histoire de Duroc d’Olives a commencé en 2008. « L’excellente qualité de notre viande de porc est due au croisement de deux animaux de caractère : celui d’une truie « blanche » (croisement de landrace et de Large White) connue pour la qualité de sa viande avec un verrat Duroc, qui a plus de graisse intramusculaire et une viande plus foncée, plus tendre et plus savoureuse. Le résultat est un croisement brun-rouge clair qui donne une viande délicieuse, tendre et juteuse », explique encore Bart Mouton.

Pour le label Duroc Rouge de la même société, le verrat et la truie sont tous deux Duroc. Cela donne une viande au goût encore plus intense et à la couleur encore plus rouge. Le secteur de la restauration, en particulier, s’y intéresse. Les verrats sont achetés en France, en Espagne et au Danemark et doivent avoir au moins 3 % de graisse intramusculaire. Cette vérification est effectuée à l’aide d’un scanner. Le sperme est collecté chaque semaine.

Céréales en autoproduction et huile d’olive

« Nos animaux sont nourris à base de céréales issues de notre propre production (blé, orge, maïs et soja). Nous avons décidé de donner à nos porcs de l’huile d’olive seconde pression comme source de graisse car elle améliore le goût de la viande et la rend encore plus tendre. Grâce à notre programme d’alimentation, la production de graisse commence au moment idéal du développement des animaux. L’huile d’olive est pauvre en graisses saturées, néfastes pour la santé, mais riche en acides gras monoinsaturés. Comme nos porcs ingèrent l’huile en même temps que leur nourriture, nous obtenons une composition en acides gras similaire dans la graisse de porc. L’huile d’olive est riche en acide oléique, en graisses monoinsaturées et en oméga 9. Le gras du porc est donc plus souple et la viande de porc plus saine et savoureuse », souligne M. Van Laere.

Un volet énergétique à la pointe

La ferme de Kruisem produit plus d’énergie avec des panneaux solaires qu’elle n’en consomme elle-même. Une grande batterie sera bientôt ajoutée. Pour le chauffage, entre autres, ils utilisent des échangeurs de chaleur sur les épurateurs d’air. Pendant les mois « froids », l’air froid entrant est préchauffé (jusqu’à 10º C supplémentaires) avec la chaleur de l’air sortant. En été, les échangeurs de chaleur leur permettent de refroidir les lieux sans climatisation ni électricité.

Toutes les stabulations ont de purificateurs d’air de fabrication belge qui réduisent au maximum le taux d’ammoniac, les odeurs et les poussières fines dans l’air.

L’air entrant est purifié à l’aide d’un filtre similaire à celui utilisé pour le bloc opératoire d’un hôpital. Si un autre élevage de porcs de la région est infecté, par exemple, par la peste porcine ou une maladie respiratoire, ce filtre sera probablement capable d’empêcher les germes d’entrer dans les bâtiments.

À Lochristi, on refroidit les porcheries par «Pad cooling», soit un système basé sur le principe de circulation d’eau par gravité créée dans des panneaux refroidissants alvéolés, et installés aux entrées d’air. L’énergie nécessaire est produite grâce à des panneaux solaires. Les propriétaires cherchent à savoir si un réseau de chaleur à Lochristi est faisable et rentable avec le crématorium adjacent. Il pourrait s’agir d’un échange de chaleur résiduelle et d’électricité excédentaire entre les deux entreprises voisines.

Chez Duroc d'Olives, les distances de transport sont réduites au maximum.
Chez Duroc d'Olives, les distances de transport sont réduites au maximum. - Duroc d’Olives

Favoriser la biodiversité

Autour des fermes de Kruisem et Lochristi, les proriétaires ont planté des écrans verts avec des centaines d’espèces d’arbres indigènes (aulne, chêne pédonculé, noyer…) pour intégrer les porcheries dans le paysage et augmenter la biodiversité autour de la ferme. Des nichoirs pour les oiseaux et les chauves-souris sont accrochés aux porcheries et épurateurs d’air.

« Dans nos bâtiments, nous collectons les excréments des animaux pour les stocker dans des réservoirs. Au printemps, nous les utilisons comme effluents pour nos champs sur lesquel nous cultivons des céréales et du maïs pour l’alimentation des porcs grâce à la fertilisation de précision », expliquent-ils.

Le bien-être animal au centre

« Duroc d’Olives est un label de qualité. C’est pourquoi nous attachons une grande importance au bien-être des animaux. Le principe est simple : celui qui veut une viande de qualité supérieure doit avant tout soigner et traiter correctement ses animaux. C’est pourquoi nous attachons une grande importance à un bon logement, à une alimentation saine, à une manipulation douce, à un transport respectueux des animaux et à un processus d’abattage délicat. »

« Cette année, à Kruisem, nous avons investi dans de nouvelles porcheries et de nouveaux logements orientés vers l’avenir pour nos animaux. Il s’agit de la première exploitation porcine non biologique à fonctionner entièrement sans cage. Une proportion importante des porcelets Duroc d’Olives naît désormais dans des stabulations libres. Il s’agit de cases où la truie et les porcelets peuvent se déplacer librement. Les porcelets restent également beaucoup plus longtemps avec leur mère, ce qui nous permet là encore de nous rapprocher du processus de croissance naturel. Selon nous, les enclos en libre parcours sont la bonne voie pour un élevage de porcs respectueux des animaux. »

« Grâce à nos logements conditionnés, nous pouvons travailler de manière très hygiénique et réduire au minimum le nombre de maladies causées par des affections respiratoires, par exemple. Cela nous permet de réduire l’utilisation des antibiotiques à zéro ou du moins de la réduire considérablement dans la plupart des cas. En été, nous refroidissons les étables (avec une différence d’environ 9º C), afin que les animaux ne souffrent pas de stress thermique. Nous attachons une grande importance à la lumière naturelle du jour et, plus que ne l’exige la loi, nous utilisons des panneaux de toit en verre ou translucides. »

« Les porcs reçoivent de la nourriture fraîche et de l’eau potable en permanence. Dans les bâtiments, nous fournissons du « matériel d’enrichissement ». Le concept est très simple : une longue chaîne métallique, un bol de paille, une balle en caoutchouc, un sac de jute… La brosse que nous rencontrons dans les étables de bovins ne semble pas avoir le même succès auprès des truies gestantes. Cela donne aux cochons des incitations et des distractions, afin qu’ils ne s’ennuient pas ou ne s’irritent pas mutuellement. Le transport des animaux prêts à être abattus ne se fait qu’avec des remorques climatisées : chauffées en hiver, refroidies en été. Nous maintenons les distances de transport aussi courtes que possible. »

Automatiser autant que possible

L’alimentation est contrôlée par ordinateur grâce à la pression de l’air soufflé dans les différentes salles par un réseau de tubes en acier inoxydable placés au-dessus des plafonds de ventilation. Pendant le sevrage, les truies peuvent manger sans restriction, mais pas pendant la gestation. Pendant cette période, les gestantes ne peuvent manger qu’individuellement et la ration consommée est contrôlée automatiquement. Un animal qui ne mange pas suffisamment sera isolé et ausculté afin de connaître son problème. « Nos truies ont 5 à 7 gestations. Nous ne les sélectionnons pas pour le nombre maximum de porcelets, nous les sélectionnons pour être des mères bonnes et calmes. »

À Kruisem, tout est automatisé autant que possible. Un système d’air comprimé souffle de la paille dans les salles de gestation. Il existe également un système permettant de voir quelles truies ne sont pas gestantes après l’insémination. Par conséquent, un verrat est placé au centre entre quatre cases de truies qui devraient l’être. Si elles ne le sont pas, elles s’approcheront du verrat. Un capteur enregistre leur présence et marque les truies qui veulent rester longtemps à proximité du mâle dans l’enclos.

Le personnel aussi choyé

Malgré l’automatisation, les deux porcheries ont encore du travail pour le personnel externe. Contrairement à beaucoup d’autres secteurs, MM. Mouton et Van Laere n’ont aucun problème à recruter du personnel. « Nous voulons être une ferme modèle en termes de bien-être animal et cela est apprécié non seulement par les animaux mais aussi par notre personnel. Quand ils voient comment nous traitons nos animaux, ils veulent immédiatement commencer à travailler ici. »

D’après Filip Van der Linden

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