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Préparez dès à présent la prochaine saison de production des ovins

L’« année du mouton » dans un élevage ovin classique s’étend de septembre à août. Il est donc impératif de s’atteler dès août aux préparatifs nécessaires afin d’assurer la prochaine saison de production.

Temps de lecture : 7 min

Dans ce contexte, on peut énumérer plusieurs points d’attention.

Les agneaux

Avec la crise du Coronavirus, le prix de l’agneau a chuté. Il est actuellement de 2,5 euros par kg de poids vif, soit légèrement plus élevé que ceux auxquels nous étions habitués durant les années précédentes.

Il est important que la croissance des agneaux puisse être continue. Celle-ci est liée à l’âge, au pedigree, mais aussi à la qualité de l’alimentation et à l’état de santé (aujourd’hui principalement les dégâts causés par les vers).

Si la sécheresse prolongée entraînera un manque en fourrages, la valeur alimentaire (et l’appétence) de celui-ci sera également moindre. Afin de maintenir la pousse des jeunes, une certaine quantité d’aliments concentrés peut être donnée en prairie ou, dans certains cas, en bergerie en complément du fourrage grossier (foin/fourrage sec). Mais la bonne herbe reste de loin la nourriture la plus économique.

Si les agneaux restent sur la même parcelle plusieurs semaines, la pression parasitaire peut augmenter. Idéalement, la décision de vermifuger dépend du comptage des œufs de vers dans le fumier (EPG). L’éleveur peut réaliser ce comptage lui-même ou le faire faire par le vétérinaire. Notons qu’au fil des années, les parasites ont également développé une résistance à certains groupes de produits. Le comptage des vers avant et après la vermifugation est la méthode privilégiée pour s’en rendre compte.

Composition du troupeau

Avant le début d’une nouvelle saison de production, il est important d’examiner attentivement la composition du groupe de mères. Au moment de décider de garder ou non certaines brebis, l’émotion ne doit pas dicter ses choix. Une sélection rigoureuse est bénéfique pour les résultats et la rentabilité de l’exploitation. Les brebis présentant toutes sortes de défauts – dents usées, pis en mauvais état, fertilité insuffisante, symptômes de la maladie de la brebis souffleuse (Maedi Visna)… – doivent être réformées et remplacées. Mais les vieilles brebis qui sont suffisamment en forme peuvent maintenir une bonne productivité jusqu’à un âge avancé. L’âge en soi ne devrait donc pas être un critère de sélection. Une brebis peut encore obtenir de bons résultats jusqu’à l’âge de 10 ans.

Dans un élevage optimisé, le taux de remplacement annuel moyen est d’environ 20 %. Mais il y a aussi des élevages qui doivent remplacer jusqu’à 30 % de leurs mères chaque année. En plus de la sélection au sein du troupeau de brebis plus âgées, il faut décider chaque année quelles jeunes brebis seront introduites dans le cheptel. Ce choix est déterminé par ses objectifs d’élevage et par les caractéristiques que l’éleveur veut mettre en avant au sein de son troupeau. Veut-il un certain type de mère ? Axe-t-il tout sur la fertilité ? Quelle est l’importance de la croissance et de la conformation des carcasses ? Chaque caractéristique a son propre degré d’hérédité, qui peut varier de faible (0,10) à modéré (0,30-0,60). Un éleveur qui se concentre sur la fertilité, progressera lentement. S’il privilégie davantage la morphologie, la croissance et la conformation, il observera des résultats plus rapides au niveau de la descendance. La sélection sur plusieurs traits à la fois progresse plus lentement que la concentration sur un seul. Il est recommandé de ne pas attendre la mi-août pour déterminer quelles brebis doivent rejoindre le troupeau à partir de l’année de production suivante. Il est préférable de le faire plus tôt dans la saison, avant que la plupart des agnelles ne soient normalement prêtes à la vente.

Les agnelles à la lutte ?

C’est toujours l’éternelle question pour les éleveurs ovins : les agnelles peuvent-elles être accouplées dès leur première année ? Si l’on en croit l’économie de l’exploitation, la réponse est oui ! Chaque agnelle qui atteint 45 kg à l’automne peut aller au bélier.

Si le poids à l’âge de 6-7 mois est trop faible (moins de 45 kg de poids vif), il est alors temps de procéder à une évaluation approfondie de son élevage. Pourquoi la croissance est-elle si/trop faible ?

Le cycle des chaleurs des brebis

Dans la plupart des races élevées chez nous, les brebis ne sont pas fertiles toute l’année, à l’exception de l’Ile de France.

Pendant la période des chaleurs, l’oestrus se produit tous les 17 jours sans fécondation des ovules. Le passage de l’œstrus à l’anœstrus (période durant laquelle l’animal ne tombe pas en chaleur) et vice versa est liée à la durée du jour. Après la journée la plus longue, le 21 juin, la durée de la période d’obscurité augmente progressivement. Cela entraîne une augmentation de la production de mélatonine au niveau du cerveau des brebis. Et cette augmentation déclenche une foule d’interactions hormonales. Les niveaux des hormones impliquées dans un cycle de chaleurs augmentent progressivement et, à un moment donné, la première chaleur de la saison se produit. Chez certaines races (par exemple Suffolk, Hampshire), l’intervalle des chaleurs est d’autant plus court que les nuits sont courtes. Dans d’autres races, comme le Texel, cet intervalle est de 3 mois ou plus. Il peut évidemment varier considérablement d’une brebis à l’autre. A l’inverse, après le jour le plus court (21 décembre), avec un retard de quelques mois, la période du rut prendra fin en février/mars.

En fonction des objectifs d’élevage, il est important de faire le choix d’un bélier adapté.
En fonction des objectifs d’élevage, il est important de faire le choix d’un bélier adapté. - André Calus

Il est également important de savoir que les premiers œstrus ne sont pas les plus fertiles. Le passage de l’anœstrus à l’œstrus peut être comparé à un réveil progressif en plusieurs étapes. Après un sommeil profond (= faibles niveaux d’hormones), la brebis entre dans une phase de sommeil, suivie d’une phase d’éveil et se réveille, pour ainsi dire, prête. L’interaction optimale entre toutes les hormones, qui déterminent les cycles ovulatoires et la fertilité, ne devient optimale qu’après quelques chaleurs.

Le bélier chez les brebis

Quand l’éleveur doit-il amener le(s) bélier(s) au troupeau ? Si le bélier est toujours avec les femelles, la période d’accouplement sera logiquement très étendue, ce qui induit une longue période d’agnelage.

En outre, les agnelles, qui sont accouplées à leur premier oestrus, donneront moins d’agneaux que si l’accouplement arrivait plus tard dans la saison. VOilà pourquoiil est recommandé, pour un troupeau avec beaucoup de sang Texel par ex., que le bélier ne soit introduit qu’à partir d’octobre. La plupart des brebis vont alors agneler dans les 4 semaines et la taille de la portée sera également optimale.

Si l’éleveur désire des agneaux précoces, il peut soit toujours laisser le bélier avec le troupeau, soit essayer d’obtenir une synchronisation et une anticipation de l’oestrus de manière naturelle. La méthode est appelée « effet de bélier ».

Pour ce faire, le reproducteur est tenu à l’écart du troupeau pendant l’été. Les brebis et les béliers ne sont pas autorisés à se voir, à s’entendre ou à se sentir. Si l’on amène le bélier à proximité des brebis entre la mi- et la fin août, il se produit une sorte d’effet de choc, par lequel, pour de nombreuses brebis, le passage de l’anoestrus à l’oestrus commence en même temps. Pendant cette transition, les brebis ont généralement un oestrus silencieux, qui démarre le cycle ovulatoire, toutefois les brebis ne doivent pas encore être mises avec le bélier. Après 17 jours, le premier véritable oestrus suit, pendant lequel les brebis peuvent être accouplées. De cette façon, il est possible d’avancer la saison des naissances de manière naturelle et de la synchroniser plus précisément. L’inconvénient ? La fertilité en début de saison n’est pas encore optimale.

Autre point d’attention important : le harnais marqueur du bélier. Il est nécessaire afin que l’on puisse suivre exactement les différents accouplements. Toutes les deux semaines, la couleur du marqueur doit être changée dans un ordre précis (jaune, vert, rouge, bleu, noir) afin que vous puissiez suivre parfaitement les luttes. Les grandes exploitations établissent des groupes de couleur sur cette base vers la fin de la gestation afin d’amener les animaux dans l’étable et de les suivre.

Deux préoccupations

Bien que pour certains élevages le temps de la lutte soit déjà venu, la plupart sont encore en préparation. Une bonne préparation est le début d’une année de production réussie.

Deux réflexions pour conclure : compte tenu de la sécheresse, il n’y a pas assez de bonne herbe dans certaines régions. Les brebis qui entrent dans la saison de chaleurs doivent être en bonne condition, au risque d’avoir des problèmes de fertilité. L’ajout de quelques semaines d’aliments concentrés (quelques centaines de g par animal et par jour) peut être une bonne solution dans ce cas.

Par ailleurs, le bélier constitue la moitié de la valeur génétique du (futur) troupeau. En fonction des objectifs d’élevage, le choix d’un reproducteur approprié est extrêmement important, en particulier pour des caractéristiques telles que la stature et la conformation qui sont tout à fait héritées.

D’après André Calus

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