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Eviter les calculs rénaux chez les chèvres grâce à une ration équilibrée

Au fil des ans, la popularité des chèvres en tant qu’animaux de compagnie a clairement augmenté. Les propriétaires préfèrent souvent gâter leurs animaux avec des friandises. Malheureusement, cela induit un risque élevé de développement une maladie très fréquente chez cette espèce, l’urolithiase.

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L’urolithiase est la présence de pierres, également appelées calculs ou urolithes, quelque part dans le parcours du système urinaire. Chez les chèvres, les calculs provoquent souvent des problèmes dans les voies urinaires inférieures (urètre et/ou vessie), tandis que chez l’homme, les calculs rénaux entraînent plus souvent de fortes douleurs. Ce problème peut également se produire chez d’autres animaux (par exemple, les veaux). Penchons-nous sur les raisons pour lesquelles l’urolithiase est un problème, sa cause, les options de traitement et sa prévention.

Des problèmes davantage chez les mâles

La présence de calculs rénaux ne pose pas directement un problème pour l’animal. Les lithiases urinaires peuvent être présentes dans la vessie pendant des mois sans aucun symptôme ni gêne pour l’animal. Cependant, ils peuvent provoquer des lésions mineures de la paroi de la vessie ou des voies urinaires, qui peuvent alors donner lieu à une inflammation au cours de laquelle on peut constater des mictions multiples et de courte durée.

Les pierres se forment aussi bien chez les mâles que les femelles. Toutefois, elles ne causeront des problèmes presque exclusivement chez les mâles. Cela se produit lorsque les calculs restent coincés dans le système urinaire et qu’ils provoquent une (sous-)obstruction qui rend difficile ou impossible la miction de l’animal. Les symptômes les plus courants : le fait de s’isoler du troupeau et de cesser de manger. En outre, on entend souvent les animaux grincer des dents ou gémir, voire, dans le pire des cas, crier. On les voit aussi généralement « se presser » pour réussir à uriner. Plus le problème persiste, plus elles devront le faire intensément. L’animal finit par se coucher et ne veut plus se lever. Si l’on n’agit pas rapidement, la fonction rénale peut être gravement endommagée et les taux sanguins peuvent se détériorer. À terme, la vessie peut même se rompre, entraînant la mort ou l’euthanasie de l’animal.

La ration en cause…

En termes de cause, il faut surtout regarder la ration de l’animal. Les lithiases urinaires sont causées par la précipitation de minéraux dans l’urine. Une ration riche en énergie avec beaucoup d’aliments concentrés entraîne une forte concentration de minéraux dans l’urine. Après la précipitation de certains minéraux, de plus en plus de minéraux vont adhérer à ce noyau, ce qui entraîne une augmentation de la taille des pierres. Les flocons de fibrine, qui se forment lors d’une inflammation de l’appareil urinaire, peuvent également servir de base de fixation initiale. Les plus gros calculs peuvent finir par provoquer une obstruction. Outre l’alimentation, l’approvisionnement en eau est également extrêmement important. Un manque d’eau entraîne une urine plus concentrée dans laquelle les minéraux précipitent plus rapidement.

Notons qu’il existe également des conditions qui rendent les calculs plus susceptibles de provoquer une obstruction. Les animaux mâles, surtout lorsqu’ils sont castrés jeunes, sont plus susceptibles de développer une urolithiase obstructive en raison d’une moindre expansion des voies urinaires sous l’influence de la testostérone. Les animaux obèses et les chèvres naines sont également beaucoup plus sensibles à cette affection. Dans le cas de l’obésité, il s’agit principalement d’une question de régime alimentaire, tandis que les chèvres naines ont un canal urinaire plus étroit.

Agir rapidement

Souvent, l’animal ne remarque pas la lithiase urinaire avant que l’obstruction ne se produise. La miction de l’animal devient alors impossible et un traitement doit être mis en place le plus rapidement possible. Le traitement consiste tout d’abord à administrer un spasmolytique (le Buscopan par exemple). Cela détend les muscles autour de l’uretère et le fait se dilater. Ainsi, avec un peu de chance, le calcul pourra glisser et être éliminé tout seul par les urines.

En outre, cette opération peut également être associée à une ponction de la vessie. Il est préférable de le faire sous guidage échographique pour éviter de perforer d’autres structures. L’urine est alors évacuée de la vessie, ce qui permet à la vessie de se détendre davantage. Parallèlement, l’urine peut être acidifiée en ajoutant du chlorure d’ammonium à l’alimentation. Cependant, cette méthode d’incitation n’est pas très efficace et n’est bien souvent qu’une solution temporaire.

Chez les femelles, en raison de l’uretère plus court et plus large, il est possible de sonder. Il s’agit de repousser le calcul dans la vessie. L’urine doit ensuite être acidifiée par du chlorure d’ammonium (par voie orale) pour dissoudre le(s) calcul(s).

La chirurgie également une solution

En cas d’échec, il est préférable de passer par la case chirurgie. Une première option consiste à retirer le processus urétral, le fin appendice situé à l’extrémité du pénis. Toutefois, cela ne fonctionne que si la pierre est localisée dans cette structure. L’avantage de cette technique ? Les animaux sont encore capables de s’accoupler après cela (s’ils ne sont pas castrés).

Une deuxième solution chirurgicale : l’urétrostomie. Cette technique consiste à aboucher l’urètre directement à la peau et de créer un nouvel orifice pour uriner. Elle est en général réalisée là où l’urètre est le plus large. Selon la localisation et l’indication, l’urètre pénien, le pénis, et les testicules peuvent être amputés. L’inconvénient de cette opération : l’ouverture artificielle se referme, généralement sur une période d’environ un an. Cependant, cela varie beaucoup d’un animal à l’autre. Une nouvelle opération s’impose alors souvent, avec des chances de succès réduites. En outre, dans certains cas, l’urine provoque également une irritation de la peau. Il est ensuite nécessaire d’y appliquer la crème et de nettoyer plusieurs fois par jour.

Une troisième opération consiste à insérer une « sonde de Foley » dans la vessie. Il s’agit d’insérer un tube en silicone qui relie la vessie à la paroi abdominale par une ouverture située au bas de l’abdomen. Le but est de per mettre l’évacuation de l’urine et d’acidifier la ration, et par conséquent l’urine. Grâce à l’urine plus acide et au soulagement de l’appareil urinaire affecté, les calculs obstructifs se dissolvent, après quoi le cathéter est progressivement fermé et l’animal peut à nouveau uriner normalement. Une fois le retour à la normal, le tube est retiré et la plaie peut guérir. Cette opération est une solution à plus long terme que la méthode chirurgicale précédente, car l’urètre lui-même n’est pas touché.

Wonde preputium

L’importance de la prévention

Bien qu’il existe des traitements pour l’urolithiase, la devise « mieux vaut prévenir que guérir » prend tout son sens dans cette problématique. Les mesures préventives reposent principalement sur une ration équilibrée et l’augmentation de l’apport hydrique.

Tout d’abord, il convient d’examiner le régime alimentaire des animaux. Souvent, les minéraux, par exemple la balance Ca/P, ne sont pas équilibrés. Par conséquent, les pierres se forment plus facilement. Ils seront également présents en plus forte concentration. Une alimentation correcte est donc nécessaire. Seuls les animaux ayant des besoins accrus doivent être nourris avec des concentrés, comme les animaux en croissance, en gestation ou en lactation. Les chèvres qui n’entrent pas dans ces catégories n’ont pas besoin d’aliments concentrés et en reçoivent idéalement la plus faible quantité possible.

Comme mentionné précédemment, l’approvisionnement en eau est également très important. L’eau doit être facilement accessible et abondante pour les animaux. Cela réduira la concentration de l’urine et empêchera la cristallisation des minéraux. En hiver, il est conseillé de proposer de l’eau tiède aux animaux, car ils boivent moins une eau trop froide, ce qui augmente le risque de calculs.

Une troisième mesure préventive importante consiste à castrer les mâles à un âge supérieur à 6 mois. La castration à un plus jeune âge garantit un développement moindre de l’appareil urinaire en raison du manque de testostérone, nécessaire à l’expansion du système urinaire.

Enfin, vous pouvez ajouter préventivement du chlorure d’ammonium à l’alimentation. Elle est également utilisée à des fins thérapeutiques pour dissoudre les calculs dans la vessie. Le chlorure d’ammonium contenu dans l’aliment va créer une urine plus acide, et comme les minéraux se cristallisent en calculs principalement dans une urine plus alcaline, cela est évité. Des produits commerciaux sont disponibles, dont on peut faire quelques cures par an.

Nous pouvons donc dire que la formation de calculs doit être évitée à tout moment. Il existe des options de traitement, mais malheureusement, la plupart d’entre elles ont un pronostic réservé. Le message reste donc d’appliquer correctement les mesures préventives, de poser un diagnostic rapide et de procéder rapidement à un traitement adéquat. En procédant ainsi, on peut non seulement réduire la prévalence de cette affection, mais aussi augmenter le taux de survie.

D’après Laurens Chantillon

UGent

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