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Les élevages bovins favorisant le pâturage sont aussi rentables que les conventionnels d’après WWF

Les exploitations à faible impact environnemental génèrent autant de revenus que les exploitations conventionnelles, selon une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) sur les filières d’élevages bovins en Wallonie. L’organisation appelle donc les décideurs politiques wallons à réorienter les aides de la Politique agricole commune (PAC) et à soutenir la transition vers des modèles agricoles extensifs favorisant le pâturage.

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L’étude du WWF, réalisée par l’UCLouvain, a confronté les performances environnementales et économiques de 290 exploitations laitières et de 216 exploitations de viande en Wallonie entre 2014 et 2017. Les résultats démontrent que les revenus ne sont pas nécessairement liés au volume de production de lait de vache et de viande. «Les fermes à faible impact environnemental obtiennent les mêmes performances économiques que les exploitations conventionnelles, grâce à la valorisation de l’herbe pâturée pour nourrir le bétail et aux économies réalisées sur les achats d’aliments et de semences, engrais et produits phytosanitaires», explique le WWF.

En outre, l’élevage extensif est plus écologique. Selon l’ONG, alors que l’agriculture est responsable de 12,8% des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie, qu’elle est l’une des principales causes de la chute de biodiversité et que les agriculteurs doivent faire face aux sécheresses, à la pollution de l’eau, de l’air et des sols, le maintien des prairies à travers l’élevage extensif permet de nourrir le bétail, capturer le CO2, assurer le maillage écologique et jouer un rôle contre l’érosion des sols.

Le WWF rappelle par ailleurs que depuis 1990, 56% des exploitations agricoles ont disparu en Wallonie. Le salaire moyen d’un agriculteur wallon est de 1.300 euros, dont une grande partie de subsides. «Près d’un tiers des travailleurs gagnent 533 euros par mois en moyenne. Les subventions de la PAC de l’Union Européenne ne suffisent plus à assurer un revenu décent aux travailleurs», déplore l’organisation.

Actuellement, un cinquième du budget de la PAC wallonne pousse à l’intensification de la production, rapporte le WWF. Ce dernier appelle les décideurs politiques wallons à freiner la course à la productivité et encourager la transition vers des modèles agricoles extensifs et qui valorisent l’herbe. «La réforme de la PAC post-2020 doit tenir compte des défis économiques et environnementaux. Cette transition irait de pair avec une plus grande efficacité de la production et un revenu du travail similaire pour les agriculteurs», conclut l’ONG.

L’Association wallonne des éleveurs (Elevéo) salue lundi dans un communiqué le travail réalisé mais remet en question certaines conclusions du WWF, en particulier concernant les systèmes allaitants. Selon elle, le choix d’opposer lors de l’étude les deux systèmes en fonction de la race de bovins élevés est «malheureux, tant il existe une diversité de gestion à l’intérieur d’une population d’éleveur d’une même race». Sans compter que seul le volet naisseur de la chaîne de production a été pris en considération, remarque-t-elle. Et d’ajouter que des travaux à paraître de la chercheuse Claire Mosnier et coauteurs ont démontré qu’en termes de durabilité et d’utilisation des ressources, «le système naisseur-engraisseur belge n’a pas à avoir honte face aux autres systèmes de production européens». Selon Elevéo, les systèmes Blanc-Bleu Belge intensifs remis en question par le WWF sont pourtant ceux qui «présentent la meilleure productivité nette par hectare, jusqu’à deux fois plus de protéines que les systèmes dits extensifs». L’ASBL ajoute que les élevages dits intensifs (notamment en race Blanc-Bleu Belge) perçoivent le meilleur revenu par unité de travail déduction faite des aides des pouvoirs publics. «Les systèmes extensifs sont largement plus dépendants des aides et sont donc les moins aptes, demain, à vivre de leur production agricole», conclut-elle.

L’organisme rappelle qu’il est aux côtés de tous les éleveurs wallons «pour avancer, avec eux, vers le meilleur élevage en Wallonie, ou plutôt vers les meilleurs élevages, quelle que soit l’espèce animale élevée, sa race ou sa filière». En tendant vers un découplement des aides qui sont actuellement liées au nombre de vaches allaitantes détenues, Elevéo craint qu’un changement menant à une désintensification de l’élevage bovin en Wallonie condamne un pan important du secteur, dont de nombreux petits entrepreneurs et leurs familles.

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