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Au Gaec Lagrafeuil-Puech: se donner les moyens de réussir le «sans-corne» en limousin

Lors de la visite du Gaec Lagrafeuil Puech, situé à Meilhards, en Corrèze, nous avons rencontré Sébastien, l’un des exploitants qui entretient des liens de longue date avec les éleveurs belges et qui a fait le pari du sans corne début des années 2000. Rencontre.

Temps de lecture : 4 min

«  Mes premiers échanges avec les Belges remontent au Salon de l’agriculture de 2006 où j’y avais rencontré deux éleveurs. Je ne connaissais pas la Belgique. Nous avons alors commencé à créer des liens d’une part commerciaux et ensuite d’amitiés. D’échanges en échanges, nous avons fait la connaissance de nombreux autres éleveurs wallons. » Des relations qu’il aime entretenir car ils sont sur la même philosophie de travail que la France. « J’ai pu y constater une forte évolution de la qualité des limousines. Si en 16 ans le nombre de vaches limousines a connu une belle progression en Belgique, c’est surtout la qualité qui m’importe et je m’aperçois que la dynamique insufflée par le Herd-book limousin belge est très intéressante car elle est là pour développer la race, en faire sa promotion et je ne peux en être que satisfait ».

Le sans-corne, depuis les années 2000

Chez Lagrafeuil, le sans-corne est travaillé depuis les années 2000. « Nous avons importé le gène par des semences de taureaux principalement canadiens à l’époque. Nous connaissions les points forts et les points faibles, ces derniers étant les ouvertures et les largeurs. Raison pour laquelle nous avons préféré travailler ledit gène sur nos supports, sur nos cheptels, où les bases étaient qualitatives… Nous avons mis 10 ans à constituer une première génération d’animaux de qualité convenables et 10 ans supplémentaires pour atteindre une qualité comparable à celle des animaux cornus. »

Sébastien ne croit pas en une détérioration du cheptel par l’introduction du gène : « Au dernier concours national de la race, deux femelles sans-corne ont terminé première dans les sections de génisses et vaches pleines. En morphologie et en gabarit, elles étaient exceptionnelles ! Aujourd’hui, la qualité d’animaux est similaire. À titre personnel, nos meilleurs animaux en termes de performances sont des sans-corne. La raison ? pour produire de la qualité, il faut se donner les moyens de le faire. Toutes les bonnes reproductrices de notre élevage ont été accouplées avec des taureaux sans corne. Elles reproduisaient bien avec des cornus elles ont très bien fonctionné avec les sans corne.

Plus j’aurai ce type d’animaux sur l’exploitation, plus j’aurai des facilités d’élevage. Chez les jeunes animaux, l’écornage n’est pas la tâche la plus marrante. Nous nous réjouissons d’avoir un maximum de jeunes sujets porteurs de ladite génétique. Nos clients qui ont commencé de travailler avec le gène partagent mon point de vue et sont preneurs de veaux homozygotes sans corne. C’est clairement un plus. Et les lois sur le bien-être animal dans de nombreux pays vont pousser les éleveurs dans cette voie. Pour moi, la part de marché pour des animaux sans corne va se développer considérablement à l’avenir.

Aujourd’hui, chez Lagrafeuil-Puech, le cheptel est composé de 300 mères dont un tiers sont des animaux génétiquement sans corne. « Si je parle en demande commerciale nette, j’ai rarement assez d’animaux sans corne à proposer à la vente. car la demande est tellement forte. Le sans corne représente à peu près 30 % des animaux reproducteurs que je commercialise mais il m’en faudrait 60 % si je voulais répondre à la demande. »

Ma philosophie ? Produire du bon, cornu ou non. Je sélectionne mes femelles sur leurs qualités morphologiques et sur leurs performances. Et chaque année je conserve entre 60 et 100 génisses sur l’exploitation. Et si demain il y a 80 bonnes génisses sans corne sur les 100, je les conserverai toutes. Ce n’est que par cette voie-là que l’on peut améliorer l’ensemble du troupeau.

Je constate que les éleveurs limousins belges partagent globalement ce même message.

Avancer ensemble

La visite de la délégation était intéressante car l’échange est toujours enrichissant. Cet échange, les éleveurs français doivent pouvoir l’initier dans l’autre sens également. Il me paraît important de venir rencontrer les éleveurs étrangers, pour pouvoir avancer ensemble. Je serais fiers demain si des éleveurs, qu’ils soient français, espagnols, allemands, belges… se rencontraient pour continuer à produire le meilleur.

P-Y L.

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