Un auto-vaccin pour venir à bout de la pasteurellose

«Avant l’autovaccin, on perdait jusqu’à 10 % de nos brebis qui mourraient précocement et beaucoup de beaux agneaux.  Maintenant tout va bien, c’est un grand soulagement. »
«Avant l’autovaccin, on perdait jusqu’à 10 % de nos brebis qui mourraient précocement et beaucoup de beaux agneaux. Maintenant tout va bien, c’est un grand soulagement. »

Aujourd’hui, le troupeau compte 208 brebis, 86 agnelles, 25 agneaux, 1 bélier et 2 récemment acquis en quarantaine. Pendant la bonne saison, l’herbe, la luzerne et le trèfle sont fauchés et directement distribués. Pour le reste, les animaux reçoivent du foin récolté à la ferme et un complément composé de tourteaux de lin, orge, triticale, épeautre.

Aliments et environnement de qualité donnent lait et viande de haute valeur. Au magasin de la Bergerie, Barbara et Peter proposent des fromages au lait cru ou pasteurisé, des glaces, des yaourts, de la viande d’agneau, des charcuteries… On y trouve aussi des savons doux et de la laine bien chaude… mais que de travail en coulisses et malheureusement parfois, comme cela leur est arrivé, beaucoup de stress lorsque la maladie s’installe dans le troupeau...

Quand une maladie contrarie lourdement

le travail de l’éleveur

En 2014, de plus en plus d’agneaux tombent malades et meurent. Des brebis plus âgées, elles aussi, toussent, respirent difficilement, maigrissent et meurent. Le vétérinaire prélève un échantillon de poumon d’une brebis autopsiée. Le diagnostic ne se fait pas attendre: Pasteurellose, due à la bactérie Mannheimia haemolytica.

Recourir aux antibiotiques est impossible, car incompatible avec la fabrication du fromage.

Tout le cheptel est alors vacciné avec un vaccin du commerce inactivé efficace contre les affections respiratoires à Mannheimia haemolytica et Pasteurella trehalosi chez les ovins.

Les éleveurs s’attellent par ailleurs à l’amélioration de la ventilation dans leurs étables, mais rien n’y fait, la situation s’aggrave et les pertes continuent. Malgré des vaccinations répétées pendant plusieurs années, la méthode se révèle en réalité inefficace.

Essai... et succès

En 2016, lors de son passage dans l’élevage, un tondeur professionnel suggère aux éleveurs de recourir à un autovaccin. Ils en discutent avec leur vétérinaire lequel appuie cette proposition et contactent l’Arsia pour commander un autovaccin préparé à partir de la souche circulant dans l’élevage.

Pour commencer, ce sont donc deux doses à 15 jours d’intervalle qui ont été injectées par le vétérinaire sur une dizaine de brebis de réforme, pour tester l’absence d’effets secondaires liés à la préparation. Après 4 à 5 semaines, elles n’avaient manifesté aucun inquiétant imputable à l’auto-vaccin. Elles se portaient même fort bien !

« Une solution économique et efficace »

Depuis, deux fois par an, tout le troupeau est vacciné, à l’automne - période propice au développement de la maladie suite au changement de température - et au tarissement. Les agnelles le sont une fois, voire deux, avant la mise au bélier, pour assurer le transfert d’immunité via le colostrum. Les deux béliers achetés en quarantaine ont été vaccinés, eux aussi.

« Avant l’autovaccin, on perdait jusqu’à 10 % de nos brebis qui mourraient précocement et beaucoup de beaux agneaux. Maintenant tout va bien, c’est un grand soulagement. »

Il semblerait, ajoute Peter De Cock, que la sensibilité à la pasteurellose soit une faiblesse de la race du mouton laitier belge. « Nous conseillons maintenant à tous les éleveurs qui se lancent dans son élevage de penser à l’autovaccin, solution économique et efficace quand aucune autre n’a pu résoudre un problème de pasteurellose dans leur troupeau ».

Outre le recours à l’autovaccin, les éleveurs utilisent aussi des compositions d’huiles essentielles ajoutées dans les aliments ou sur le dos des animaux. Et last but not least , ils surveillent de près la prise de colostrum des agneaux et les laissent avec les mères à la naissance, mais pas au-delà d’une semaine afin de réduire le risque éventuel de transmission du germe de la pasteurellose aux jeunes. Ce témoignage confirme qu’à l’heure de la lutte contre l’antibiorésistance, l’utilisation d’autovaccin peut contribuer à réduire l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.

D’après l’Arsia Infos

Un autovaccin,c’est d’abord un bon diagnostic!

Un autovaccin vétérinaire est un vaccin préparé à partir de bactéries pathogènes isolées d’un sujet malade ou d’un animal sain du même élevage et destiné à être administré à cet animal malade ou aux animaux de cet élevage en vue de provoquer une immunité active. C’est un outil intéressant face à des pathologies bactériennes qui ne trouvent pas de solutions prophylactiques satisfaisantes dans l’arsenal thérapeutique traditionnel. C’est également une solution qui peut contribuer à une utilisation raisonnée des antibiotiques.

La pasteurellose du mouton

Les pasteurelles sont, entre autres, à l’origine d’une infection contagieuse de l’appareil respiratoire de l’agneau pouvant évoluer sous deux formes : une forme respiratoire responsable de lésions pulmonaires et une forme septicémique. Dans le premier cas, les agneaux présentent une forte fièvre. Dans le second cas, la mort est le plus souvent brutale. L’incidence économique de cette maladie peut être lourde. D’une part, le taux de mortalité peut être élevé ; d’autre part, la dégradation de l’intégrité des poumons a immédiatement des répercussions sur la capacité d’ingestion et la valorisation alimentaire, entrainant un retard de croissance.

Après autopsie, la mise en évidence du germe sur un prélèvement de poumon permet d’identifier la bactérie. Sur les animaux malades, un traitement antibiotique approprié diminue de façon importante les pertes. L’amélioration des conditions d’ambiance de la bergerie reste une étape indispensable pour diminuer les effets de la pasteurellose. Un vaccin qui protège contre les sérotypes les plus fréquemment rencontrés chez les ovins est également commercialisé … Et en cas d’échec, il sera utile de penser à l’auto-vaccin !

Le direct

Le direct