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Un allotement pas si évident
« On n’a jamais assez de protocoles ! »
Pour régler les différents problèmes, l’éleveur change divers paramètres, ce qui a rendu difficile la compréhension de leurs causes. « En règle générale, je considère que 50 % des problèmes sont dus à la ration, 25-30 % au bien-être, à l’environnement de l’animal, et 20 % à l’élevage des jeunes bêtes et à la génétique ».
« Mais il y a quelques années, nous n’avions pas le même suivi que maintenant. Nous nous sommes dès lors attachés à bien suivre la ration, à faire des prises de sang pour vérifier que les vaches ne souffrent d’aucune carence. Nous avons également réalisé de nombreux prélèvements pour analyser les causes de mammites, de façon à connaître quels germes étaient sous-jacents à la problématique. Au départ on en a retrouvé tous les pathogènes possibles : strepto uberis, staphylocoques, coli… Le réglage de la salle de traite, et l’utilisation d’un meilleur produit de trem
Le climat de l’étable
« Au-delà de cette façon de procéder, il reste évidemment encore pas mal de travail derrière. En tant qu’agriculteur, il faut pouvoir se remettre en question pour améliorer ses pratiques d’élevage. »
L’étable est ancienne, l’aération devrait être améliorée… Le climat joue aussi énormément et les épisodes de sécheresse que l’on connaît ces dernières années sont un facteur problématique dans l’exploitation. Que ce soit pour le démarrage après vêlage ou les mammites. La multiplication des ventilateurs a permis de garder un climat confortable dans les étables mais ce n’est pas encore la panacée…
Taries : deux lots plutôt qu’un
Autre point d’amélioration : la gestion des taries et leur répartition en deux lots plutôt qu’un. « Avant nous donnions une seule et même ration à tous les animaux. Nous avions donc des « fraîches taries » qui étaient trop grasses et des « prêtes à vêler » qui n’avaient pas assez d’énergie pour commencer leur lactation… Les analyses de sang qui nous ont permis d’avoir un tas d’infos sur nos vaches. Cela nous a permis de soigner distinctement nos deux lots : les fraîches taries, de manière à ce qu’elles gardent la forme et prennent leur état d’entretien, et les prêtes à vêler qui ont besoin de davantage d’énergie pour aborder leur phase de lactation. »
Penser le bien-être animal mais aussi celui du personnel
Il poursuit : « Dans le futur, nous aimerions vraiment améliorer le suivi de troupeau avec le traitement de données supplémentaires et, éventuellement, peut-être robotiser une partie en système libre dans lequel la vache décide d’aller à la traite. Cela voudrait dire repenser une étable orientée bien-être animal. »
« Nous avons vraiment appris à relativiser nos problèmes en les ramenant à 100 vaches ! », sourit Arnaud. « Gérer 400bêtes c’est avant tout se tenir aux protocoles et à des tâches journalières. Ces choses, je les ai apprises grâce à Vital et sa vision de l’élevage. Je le remercie pour m’avoir pousser à sortir de l’exploitation et voir ce qui se fait ailleurs tant dans les grands troupeaux belges qu’étrangers. Là où ils ne jurent que par du protocole et ici, on n’en a pas encore assez ! Ce sont toutes des petites choses à améliorer qui nous permettront au final d’avancer et de gagner du temps ! »
Toutefois, si Arnaud pense au bien-être animal, il dit aussi vouloir penser la structure afin de pouvoir soulager le personnel… « C’est important pour l’avenir si l’on veut continuer à avoir des gens motivés sur la ferme. D’autant que les mentalités changent… J’ai fait plusieurs visites de fermes robotisées. Celle qui m’a marquée n’est pas celle qui détenait le plus de robots mais celle qui permettait aux deux associés et à leurs aidants de pouvoir prendre leur week-end une semaine sur deux. »
Voilà 4 ans que l’exploitation Vital Laschet a fait le choix de la vaccination pour lutter contre E. coli, la langue bleue et certains staphylocoques. Si l’éleveur n’a d’abord voulu que la tester, il l’a très vite adoptée. « Avant l’arrivée du vaccin, nous retrouvions des vaches à terre, « foudroyées » par une infection due aux mammites. On a perdu jusqu’à 8 bêtes en une année ! », se souvient Arnaud.
Quand on vaccine, la première chose à faire est de s’assurer que le traitement utilisé est efficace contre le germe par une analyse de la mammite.
« Quand nous étions dans les problèmes, nous pouvions aller jusqu’à 35 cas de mammites par mois pour 10-12 aujourd’hui. On a donc divisé le problème par trois. Nous pouvons encore bien sûr nous améliorer sur ce critère. Et les mammites que nous avons ne sont plus aussi violentes. On en vient plus facilement à bout. Depuis le vaccin je n’ai plus eu une vache à terre à cause de la maladie. »
Si la première année 4 doses sont nécessaires, trois doses annuelles suffisent pour la suite. Il vaccine les bêtes trois semaines avant le vêlage, au tarissement. C’est au moment de parer les onglons qu’il en profite pour vacciner les animaux. Vu les problèmes rencontrés au pic de lactation (à 80 jours), une troisième dose est donnée à 70 jours de lactation. « Pour ce faire, je prête attention à l’hygiène et la propreté du pistolet et que le vaccin soit en petits conditionnements… car une bouteille ouverte ne se conserve pas plus de 5-6h… »
Des progrès visuels indéniables
La théorie sur la vaccination veut qu’un euro investit en rapporte 4, mais quand on pose la question du gain qu’elle permet dans l’exploitation, Arnaud préfère se fier à son œil d’éleveur. « Chiffrer, c’est compliqué, mais je vois que les vaches vont mieux, qu’elles guérissent plus facilement. Selon les études une mammite coûte 250 euros, or les trois doses que j’administre par vache me coûtent un peu plus d’une vingtaine d’euros. Ce n’était pas un grand risque de l’essayer un an ou deux. J’ai fini par l’adopter. »
« Je ne reviendrais pour rien au monde en arrière. Il faut toutefois garder à l’esprit que le vaccin n’est pas un remède miracle. Il ne réglera pas tous les problèmes de l’éleveur. Les protocoles de bases doivent être établis et efficace avant de passer le pas de la vaccination. Cette dernière a toutefois permis d’améliorer l’immunité de nos animaux contre certaines pathologies et rendu les traitements plus efficaces à leurs égards. Depuis lors, nous n’avons plus eu de pertes en termes d’animaux à cause d’une mammite. Sans trop avoir à réformer, le taux cellulaire est ensuite baissé à 200.000 cellules en moyenne. »
« Nous avons également gagné en production laitière mais cela est aussi dû au passage aux trois traites. Aujourd’hui, par rapport à la production, les trois traites ne sont plus nécessaires. Nous avons encore du travail au niveau de la sélection génétique pour limiter ces problèmes. »
Ne pas négliger les bases
L’éleveur constate qu’il lui arrive, comme à beaucoup d’autres éleveurs, de négliger parfois les bases du métier. La raison ? « Il nous arrive trop souvent de travailler le nez dans le guidon ! Il faut pouvoir se faire aider, faire son autocritique et utiliser à bon escient les outils à disposition. »
« Il arrive qu’on n’ait pas de mammite pendant des mois et soudainement en avoir plusieurs, et ce, malgré le vaccin. La première chose que l’on fait : vérifier que la ration tient toujours la route, qu’il n’y ait pas de mycotoxines dans le maïs, de carence au niveau des animaux… On se questionne ensuite sur l’environnement, les conditions climatiques… »
Tous les 4 mois, le comité du lait vient vérifier la pulsation de chaque poste de traite afin de s’assurer qu’il n’y ait pas d’entrave au bon fonctionnement de la machine… « À chaque fois, il y a au moins un ou deux systèmes de pulsation qui sont encrassés voire bouchés. Je ne sais pas si ça nous évite un ou deux cas de mammite sur le lot ou si ça n’a aucun impact mais j’estime qu’une salle de traite qui tourne le plus sur la ferme nécessite le plus grand soin. comme une voiture avec laquelle on fait régulièrement des entretiens !
Pour Arnaud, c’est clair ! On ne gagne la partie en utilisant le vaccin qu’en maîtrisant les bases !