Mycoplasmose bovine: l’autovaccin, une solution quand l’ensembledes traitements sont vains?

Pour soigner un troupeau contaminé par la mycoplasmose bovine,  le recours à un autovaccin semble s’avérer la solution la plus efficace.
Pour soigner un troupeau contaminé par la mycoplasmose bovine, le recours à un autovaccin semble s’avérer la solution la plus efficace. - Laurence - stock.adobe.com

Constatant l’augmentation de la circulation de la maladie au sein de la population bovine wallonne et le problème des vétérinaires confrontés à l’échec thérapeutique, l’Arsia a mobilisé son service et son équipe responsables depuis de nombreuses années déjà de la production d’autovaccins. Après une longue et indispensable mise au point des techniques de production de l’autovaccin et une réflexion approfondie sur les protocoles d’utilisation, l’asbl est désormais en mesure de proposer cette alternative, facilement applicable et abordable.

Premiers résultats en ferme

L’autovaccin Mycoplasma bovis est disponible depuis mars 2020. En septembre 2021, au terme de 18 mois d’utilisation, l’équipe vétérinaire de l’Arsia a recueilli les premiers résultats sur le terrain dans 11 élevages, choisis parce que le pathogène était un problème sévère chez eux. Selon le Dr Julien Evrard, « en nombre et en temps, c’est certes court pour permettre d’obtenir une évaluation complète, mais l’enquête a permis de cerner certaines tendances. 7 éleveurs confirment une nette amélioration clinique et 2 une amélioration légère. Pour les deux derniers, l’amélioration semble insuffisante, mais le recul en temps était dans leur cas beaucoup trop court que pour se faire une opinion pertinente.

Les échanges avec les 9 premiers éleveurs ont confirmé la nécessité d’adapter les plans de vaccination au cas par cas en tenant compte de l’âge des animaux contaminés, de la gestion de l’immunité colostrale, mais aussi des impératifs commerciaux et notamment du kit achat.

L’asbl est convaincue que l’autovaccin Mycoplasma bovis est une aide certaine pour la gestion des mycoplasmoses en élevage bovin à condition de s’appuyer sur un diagnostic précis, une prise en charge multidisciplinaire incluant de la zootechnie et notamment la gestion des bâtiments, et un protocole d’autovaccination adapté à chaque situation. Le vétérinaire de l’exploitation, mais aussi nos différents services sont là pour aider l’éleveur tant d’un point de vue diagnostique, zootechnique et prophylactique que métaphylactique au travers des autovaccins ».

Construire une solution spécifique à son élevage

La mycoplasmose bovine est une problématique sanitaire complexe.

Tant au laboratoire qu’à l’administration de la santé animale, l’Arsia mène activement plusieurs travaux de recherche en termes de prévention, diagnostic et traitement, dans le but d’améliorer des situations préoccupantes pour de nombreux élevages.

Empêcher un animal déclaré infecté d’entrer est possible, en recourant au Kit vente et Kit achat. Des approches diagnostiques structurées sont désormais disponibles afin d’identifier clairement la pathologie et les classes d’âges concernées. Elles peuvent être associées à un diagnostic « bâtiment », indispensable dans certains cas.

Enfin, si traiter un animal ou un élevage reste difficile et s’il n’existe à ce jour aucun plan de lutte, l’asbl peut aider tout éleveur confronté à ce problème à construire une solution spécifique à son élevage afin de réduire la pression d’infection et renforcer l’immunité de son troupeau. Un vétérinaire de l’asbl peut pour ce faire assurer une visite d’élevage, en collaboration avec le vétérinaire de l’exploitation.

D’après l’Arsia Infos

L’autovaccin, kesako?

L’autovaccin vétérinaire est un vaccin préparé à partir de bactéries pathogènes isolées d’un animal malade ou d’un animal sain du même élevage et destiné à être administré à cet animal malade ou aux animaux de cet élevage en vue de provoquer une immunité active et à ceux-là seulement. La souche est donc isolée à la ferme à partir d’un animal appartenant au troupeau malade.

Outil intéressant face à des pathologies bactériennes qui ne trouvent pas de solutions prophylactiques satisfaisantes dans l’arsenal thérapeutique traditionnel, c’est également une solution qui peut contribuer à une utilisation raisonnée des antibiotiques.

Sur le terrain, partage d’expériences

Face à la maladie qui sévissait toujours plus en dépit de nombreux traitements, mesures de biosécurité et de management, un éleveur et son vétérinaire ont recouru à l’autovaccination contre le mycoplasme.

L’élevage compte 318 bovins, dont 106 laitières et 212 viandeux. La maladie démarre voici près de 5 ans et va en s’aggravant. Le vétérinaire constate un grand nombre d’otites et d’arthrites chez les veaux âgés de 8 à 15 jours, des troubles respiratoires et des diarrhées chez les animaux âgés de 1 à 6 mois. En novembre 2020, l’autovaccin est commandé à l’Arsia et administré aux bovins.

L’éleveur

Comment avez-vous géré le problème ?

Les animaux ont d’abord été traités par notre vétérinaire. Nous avons pour notre part amélioré la ventilation des bâtiments, procédé à leur large désinfection, isolé les animaux qui devaient l’être, dépisté les bovins achetés avant leur entrée dans notre exploitation… Tout a été mis en œuvre par notre vétérinaire et nous-même mais sans succès. Pour lui, l’autovaccin était le dernier recours pour tenter d'arrêter la propagation de cette bactérie.

La maladie a-t-elle eu un impact financier ?

Certainement, les frais ont été importants: prestations vétérinaires, achat d'un taxi lait pasteurisateur, achat d'un pasteurisateur pour le colostrum, veaux à l'isoloir, désinfection totale de la maternité et de l'étable des jeunes veaux, mise en place d'une ventilation forcée, … sans oublier les pertes liées à la réforme des bêtes atteintes, les autres mourant malgré tous les soins.

Que pensez-vous de l’autovaccin ?

J’en suis très satisfait, au vu de la baisse des mortalités dans mes animaux ainsi que celle de la consommation d’antibiotiques.

Le vétérinaire

Comment s’est déroulée l’administration de l’autovaccin ?

A deux reprises toutes les vaches, quel que soit leur stade de gestation, ont été vaccinées ainsi que tous les veaux de 8 jours à 1 an. Seuls les bovins en fin d’engraissement n’ont pas été traités. Exceptée l’une ou l’autre réaction locale au point d’injection, aucun effet secondaire n’a été observé.

Quelles améliorations sont-elles apparues ?

Le nombre de veaux malades a fortement chuté ainsi que les mortalités. Seuls 2 veaux ont présenté une otite depuis la mise en place de la vaccination. Nettement améliorée, la situation doit donc rester sous contrôle. La lecture de la fiche SPOT* de l’élevage de mon client confirme également une amélioration de l’état sanitaire global du troupeau. Je ne peux que recommander le recours à l’autovaccin, lorsque toutes les tentatives possibles ont été mises en échec.

D’après l’Arsia Infos

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