Le charme des chèvres naines
La première chèvre naine n’est pas restée très longtemps seule. Durant toute sa jeunesse, l’éleveuse en a toujours eu 5-6. Elle est aujourd’hui passée à l’échelon supérieur avec une vingtaine de sujets. Les jeunes sont vendus à 4 mois à des particuliers. Cela ne pose pas de problèmes car les chèvres sont très petites et ont des couleurs particulières. « Généralement, ils sont réservés dès la naissance », explique l’éleveuse. Son statut de vétérinaire n’y est peut-être pas étranger. « Cela rassure les gens », dit-elle. « S’ils ont un problème, ils téléphonent et savent que je les aiderai volontiers ».
La passion des moutons
C’est chez ses grands-parents maternels, Gaston Nicolay et son épouse à Chatelet, que Stéphanie fait ses premières armes en élevage ovin. Les éleveurs ovins d’un certain âge se souviendront certainement de ce juge et spécialiste de la race Hampshire. Il était un des premiers à introduire cette race anglaise en Belgique et faisait partie
De tous les horizons
Moutons de rapport
Le cheptel ovin s’est encore agrandi il y a deçà 6 ans avec l’achat d’une dizaine de brebis Rouge de l’Ouest et Texel français. 20 brebis Entre-Sambre et Meuse sont également venues renforcer les effectifs il y a 2 ans. Ces 3 races sont élevées pour la production d’agneaux de boucherie. La Rouge de l’Ouest associe une bonne prolificité, 2 agneaux en moyenne, à la facilité d’agnelage car les agneaux sont très fins. Le Texel français est un peu moins prolifique mais présente un bon gabarit. Comme l’éleveuse n’a pas de bélier Texel, elle produit des agneaux croisés avec du Rouge de l’Ouest. Enfin, l’Entre Sambre et Meuse a été choisie pour sa prolificité et ses qualités maternelles. Son rendement carcasse est moindre mais elle produit une viande avec une fibre et un goût plus fins.
Du côté des vaches
Des ânes du Poitou
Les ânes du Poitou, Stéphanie en rêvait depuis l’enfance. Car les ânes, elle connaît également. Chez ses parents, il y a toujours eu des ânes gris de Saint-André… jusqu’à 20 ânesses. Comme on ne peut plus importer de France cette race en voie d’extinction, Stéphanie a attendu pour en trouver. Il y a 10 ans, elle a pu acheter une jument gestante. L’ânesse a pouliné tous les ans… grâce à l’échange d’une saillie d’un étalon contre des chèvres. Aujourd’hui, 3 ânesses et un étalon acheté près de Chimay font le bonheur de toute la famille car ces animaux sont très gentils et placides. « De vraies peluches sur pied », résume l’éleveuse.
Organisation de l’élevage
Les exploitants ont acheté leur ferme à Mellery il y a 6 ans. Ils ne possèdent que quelques hectares autour de l’exploitation. Pas assez pour tous les animaux. Ils exploitent donc d’autres prairies dans la région de Châtelet et Charleroi. Les moutons et les vaches Highland y sont surveillés par les parents de l’éleveuse et des voisins des pâtures occupées. Durant la saison de pâturage, les vaches, les chèvres naines et les ânes demeurent dans les prairies proches de l’exploitation car ces animaux demandent beaucoup de surveillance. En hiver, hormis les vaches, tous les animaux sont logés dans les étables à l’exploitation. C’est là que naissent la majorité des agneaux en hiver. À la fin du printemps, lorsqu’ils sortent en pâture, il n’y a donc pas de problème de prédation.
L’élevage est conduit de manière biologique. « C’est plus contraignant au niveau de l’alimentation et il n’y a pas de traitement préventif comme des vermifugations par exemple. On ne peut intervenir que curativement dès l’apparition des premiers symptômes explique », explique Stéphanie. Pour limiter les charges parasitaires, le pâturage alterné est de mise tout comme le copâturage des ânes et des vaches. L’élevage est conduit de manière extensive : « il y a donc peu de maladies car les races sont rustiques », précise l’éleveuse. Le choix du bio est davantage philosophique que commercial car à l’achat, les marchands ne paient pas beaucoup plus les animaux bio. Côté travail, l’éleveuse y consacre 1 à 2 heures par jour en été et jusqu’à 3heures par jour en hiver. Tout l’aménagement de l’exploitation a été pensé pour que cela prenne le moins de temps possible.
Bientôt des poules
Et les poules dans tout cela ? Il n’y en n’a pas… encore. L’éleveuse prévoit d’élever des Brahma et des Pékin avec l’aîné de ses 3 fils dès le printemps prochain. Ce sera pour elle un nouveau retour à une de ses passions puisqu’elle a démarré l’élevage de volailles à 11 ans. Elle a eu jusqu’à 20 races et variétés qu’elle présentait en exposition. Ses études de vétérinaire l’ont contrainte à abandonner, même si elle a bien essayé de poursuivre : « Je faisais l’aller-retour Liège Châtelet en une soirée pour préparer les sujets à exposer aux concours. Évidemment, ça ne pouvait pas durer » dit-elle. C’est ainsi que le cheptel avicole a régressé pour finalement disparaître. Mais le matériel a été conservé et sera mis à profit dans cette nouvelle activité qui se prépare à Mellery. Et avec la passion qui habite la famille, il y a gros à parier que ce ne sera pas la dernière.