Or avec l’évolution des pratiques agricoles et de la génétique, les bovins sont bien loin de leur environnement naturel. Il est donc du devoir de l’éleveur de répondre aux besoins physiologiques de l’animal, par une ration équilibrée mais également par un bâtiment assez éclairé et bien ventilé. C’est en des termes semblables que M. Cabaraux introduit généralement son cours d’écologie appliquée aux animaux domestiques auprès des étudiants vétérinaires.
Anciens et nouveaux bâtiments, tous impactés ?
Profiter de l’effet vent
« Qu’un bâtiment soit grand n’est pas un problème en soi, ce sont ses ouvertures qui peuvent en poser. Nombre de nouveaux bâtiments ne sont pas toujours orientés de manière optimale or le but étant de ventiler naturellement, il est logique de s’aider des conditions climatiques, dont du vent (voir fig. 1).
… Et de la poussée thermique
À ces ouvertures latérales, il faut ajouter celle de la faîtière, seul système de ventilation naturelle efficace au niveau de la toiture. On profite alors du principe de la poussée thermique (voir fig. 2). Le flux d’air entrant dans l’étable pousse l’air chaud, plus léger que l’air froid, vers la faîtière, induisant ainsi un renouvellement de l’air. Plus la différence de température entre ces deux flux est importante, plus grande sera la force de poussée.
Pour déterminer la largeur d’ouverture du faîtage, la littérature conseille de suivre le rapport : 1cm d’ouverture par mètre de largeur du bâtiment, avec un maximum de 25 cm. Une limite pour éviter qu’il ne pleuve de trop à l’intérieur de l’installation. Idéalement, le faîte devrait se situer au-dessus d’un couloir de manière à ce qu’il ne pleuve pas dans l’enceinte des animaux. Toutefois, il faut relativiser, en Belgique, il ne pleut réellement que 6 % du temps.
Mais le système peut présenter des limites. « On voit de plus en plus l’apparition d’« étables cathédrales », des structures très volumineuses. Dans pareil cas, il est plus difficile pour le cheptel de réchauffer le bâtiment. Dans certains cas, l’éleveur aura alors tendance à le fermer, ce qui peut avoir un impact négatif. L’air froid ne pourra donc pas atteindre le faîtage et, sans circulation d’air, restera au niveau des animaux. Non seulement l’air ne sera pas renouvelé mais il sera également porteur de germes pathogènes. » Notons que quand la toiture est isolée, les résultats sont généralement plus intéressants même si ce n’est pas forcément un gage de bon fonctionnement.
Des mesures parfois simples
Toutefois, le vétérinaire se veut rassurant : « Il ne suffit parfois pas de grand-chose pour améliorer la situation de son bâtiment. Différents systèmes peuvent être placés sans devoir faire d’énormes investissements. Et c’est ce qu’il faut privilégier ! » Et de citer un exemple : « Casser une partie du mur exposé aux vents pour le remplacer par un bardage en bois ou un filet permet parfois de réguler la ventilation du bâtiment. Le fermier peut généralement le faire seul et à moindres frais »
Respecter la densité
Compte tenu d’une conjoncture peu propice à la vente d’animaux, il arrive que certaines étables soient surpeuplées – et c’est loin d’être une généralité, ndlr. La densité d’animaux y est trop importante par rapport à la surface disponible. Un phénomène qui induit non seulement des problèmes de santé – transmission de pathologies, comportements agressifs… – mais également des pertes financières sur la production.
La luminosité intimement liée
Des problèmes souvent respiratoires
Les problèmes de santé liés à une mauvaise ventilation sont souvent d’ordre respiratoire puisque le système ne permet pas un renouvellement d’air suffisant. Les micro-organismes pathogènes peuvent donc rester dans le bâtiment et infecter les animaux. En ce qui concerne les mammites, bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte (alimentation, système de traite, l’hygiène de la traite, propreté du sol, litière, courants d’air).
Que l’on soit en présence de viandeuses ou de laitières, les pathologies rencontrées impactent directement la production puisque l’animal consommera moins d’aliments et cela se ressentira sur ses performances.
Des conseils très pratiques
Si l’on s’interroge sur les causes des problèmes respiratoires rencontrés par son bétail, M. Cabaraux propose deux petits tests simples à réaliser, qui permettent à l’éleveur de se faire une idée quant aux répercussions de l’environnement sur les animaux.
L’utilisation d’un fumigène – un feu de paille dans un récipient métallique est tout à fait valable – permet de rendre compte des mouvements de l’air dans le bâtiment. Si la fumée vient à stagner dans le bâtiment pour retomber sur les animaux, il y a lieu d’améliorer la ventilation du bâtiment !
Il est également judicieux d’y placer un thermomètre, de manière à connaître les minima et les maxima et ainsi déterminer l’amplitude thermique. Elle ne doit pas être trop importante, surtout pour les veaux. Dans le cas d’une différence trop importante, il existe de petites astuces, dont notamment le placement d’un toit au-dessus des box des jeunes bêtes, qui permet de faire gagner près de trois degrés au volume concerné. L’isolation de la toiture du bâtiment peut également s’avérer nécessaire.
Sur la base de ces deux tests, un conseiller pourra, au besoin, fournir des recommandations à l’éleveur sur d’éventuels aménagements à réaliser dans le bâtiment en vue d’améliorer l’environnement des bovins.