Interdit sur sols gelés et enneigés
Les épandages de lisiers sont interdits sur sols gelés et enneigés. Un sol est dit gelé si la température mesurée à sa surface est négative durant 24 heures, sans discontinuer. L’interdiction d’épandre est alors applicable à l’échelle de la parcelle. En ce qui concerne le caractère enneigé du sol, il fait référence à toute surface recouverte d’un voile blanc neigeux. Dans ce cas par contre, l’interdiction d’épandre ne porte que sur la partie enneigée de la parcelle. Les mêmes prescriptions sont d’application en ce qui concerne les épandages de fumiers et de composts, à l’exception des épandages sur sols gelés qui sont autorisés hors zones vulnérables.
Fractionner les apports de lisier
Les engrais de ferme sont riches en azote, dont la mise à disposition pour la plante varie selon la part d’azote minéral qu’ils contiennent. Le lisier est un engrais de ferme à action rapide. La moitié de l’azote qu’il contient est présente sous forme minérale, immédiatement disponible pour la plante. Des apports fractionnés, appliqués à chaque étape d’exploitation de la prairie, sont donc recommandés pour couvrir les besoins importants du couvert pour assurer une nouvelle croissance.
Deux premiers apports en petites quantités (10 à 15 m3), appliqués à la sortie de l’hiver et au début du printemps, permettront, d’optimiser l’efficacité de l’engrais de ferme pour la première coupe et garantir une bonne productivité de l’herbe.
Agra Ost conseille l’application de la première fraction au démarrage de la végétation avant la mi-février et, la seconde, fin mars, début avril selon les régions. Il faut en effet à la fois s’assurer que le couvert puisse prélever l’azote épandu et que la hauteur d’herbe permette le passage du matériel d’épandage.
Le raisonnement de la fertilisation pour une valorisation optimale des engrais de ferme tient compte des besoins de la prairie et des apports du sol.
Agra-Ost évalue les exportations nécessaires à la production d’une tonne de matière sèche à, en moyenne, 22,5 unités d’azote, 7 unités de P2O5 et 25 de K2O. Pour obtenir 10 tonnes de matière sèche d’ensilage en 4 coupes, la majorité des besoins en éléments majeurs, sont dès lors couverts par 4 apports de 15 m3 de lisier, d’une teneur de 3,7 kg d’azote par tonne, épandus en conditions limitant la volatilisation (ciel couvert, absence de vent, épandage au sol).
Enfin, une quarantaine d’unités d’azote minéral chimique complétera la couverture des besoins annuels. Ce complément tient compte de l’azote fourni par le lisier, de l’effet des légumineuses et des fournitures par le sol. Dans le cas de prairies pâturées, les restitutions directes au pâturage doivent également être prises en compte pour le raisonnement des apports.
Ces conseils en matière de fractionnement des apports ne s’appliquent pas pour l’utilisation des fumiers et des composts qu’il est conseillé d’apporter régulièrement en une seule application (15 t/ha/an). Ces retours fréquents améliorent les fournitures d’azote du sol et la disponibilité en phosphore et en potassium Enfin, il est déconseillé d’épandre du fumier frais à la sortie de l’hiver, au risque d’étouffer la prairie. Un fumier composté est par contre bien absorbé toute l’année.
Apports maximaux autorisés
La législation restreint les apports d’azote organique à action rapide en prairie à 80 kg par hectare jusqu’au 1er février. Aussi, comme expliqué ci-avant, les besoins de la prairie avant une première exploitation et l’état de la végétation durant la deuxième quinzaine de janvier ne justifient pas, d’un point de vue agronomique, d’épandages plus importants à cette époque.
Sur base annuelle, la fertilisation ne peut excéder les 230 kg d’azote organique par hectare, en ce compris les restitutions au pâturage. Ces apports doivent, en outre, répondre aux besoins physiologiques du couvert. Les épandages de fumiers et de composts sont, quant à eux, autorisés en prairie toute l’année, à l’exception d’une période de 6 semaines du 1er octobre au 15 novembre inclus en zone vulnérable.
Respecter l’herbe !
Le matériel utilisé en prairie doit avant tout préserver l’herbe. Il existe des injecteurs à faible profondeur spécifiquement développés à cette fin. À disques ou à patins, ces outils tracent de fins sillons dans lesquels ils déposent le lisier à l’aide de manchons en plastiques. Les systèmes de dépôt en surface, sous une hauteur d’herbe de 2 à 3 cm, conviennent également. Les épandages se font sur sols portants et bien ressuyés.
Enfin, il faut rappeler que depuis le 1er janvier 2015, l’épandage de lisier « sous forme de gerbe vers le haut », via une buse palette classique (non inversée) est interdit pour les tonneaux de plus de 10.000 litres. Par ailleurs, deux autres systèmes de projection sont interdits pour les tonneaux de plus de 10.000 litres : l’épandage au canon et l’épandage à l’hélice.