Pixxaro, une solution antirésistance

La fusion entre Dow et Dupont de Nemours, tous deux basés aux États-Unis, est effective depuis le 27 mars, avec l’aval officiel délivré par la Commission européenne. Ce feu vert est toutefois subordonné à la cession d’une partie importante de l’activité mondiale de DuPont dans le secteur phyto, dont sa structure mondiale de recherche et développement.

« Les deux sociétés entament désormais leur histoire commune, même si cette année, en Belgique, elles poursuivront leurs activités de manière distincte. La fusion sera réellement prise en compte l’an prochain, les vrais changements commenceront alors », précise Luc Looze, responsable marketing et commercial chez Dow AgroSciences.

Du neuf dans le pipeline

Principalement active sur le marché des herbicides pour les céréales, ladite société va introduire 4 nouvelles matières actives entre 2017 et 2020. La première est Arylex, appellation commerciale d’une nouvelle auxine de synthèse, antidicotylées efficace sur une partie des dicotylées résistantes aux ALS (coquelicot, mouron, bleuet, séneçon…). La 2e nouveauté, qui a obtenu une extension d’homologation en pois, est le spinetoram, une molécule de la famille des Spinosynes. La 3e molécule qui arrivera à moyen terme sur le marché est un antipuceron, le sulfoxaflor. Enfin, une substance active fongicide pour céréales issue d’une famille totalement différente de celles connues jusqu’ici est annoncée pour l’horizon 2020.

Arylex, renfort sur dicotylées difficiles

Dow AgroSciences a donc obtenu le 5 août dernier l’approbation, au niveau européen, d’une nouvelle substance active, l’halauxifen-méthyl (appellation commerciale : Arylex) qui appartient à la nouvelle famille chimique des Arylpicolinates au sein du groupe des auxines de synthèse. Il s’agit d’un herbicide foliaire systémique essentiellement actif contre les dicotylées.

« Très efficace contre les coquelicots (dont les résistants), les lamiers, le fumeterre, le gaillet, le mouron (dont les résistants), le fumeterre, les géraniums, le bleuet (dont les résistants), l’ortie, la petite et grande cigüe, grande berce…, Arylex présente en outre une grande souplesse d’utilisation : action rapide, très sélective, peu dépendante des conditions de température (5 à 25ºC), applicable du début tallage jusqu’au gonflement de la gaine de la dernière feuille de la céréale », indique Inge Mestdagh, Dow AgroSciences.

Après absorption par les feuilles et les racines des espèces sensibles, la molécule est véhiculée par le xylème et le phloème vers les méristèmes (points de croissance) de celles-ci. Elle se fixe aux récepteurs d’auxines dans le noyau des cellules de la plante cible et perturbe sa croissance. Des symptômes visuels apparaissent petit à petit et se développent, menant à la mort des espèces sensibles dans les semaines qui suivent l’application.

La dégradation de l’halauxifen-méthyl est rapide dans la culture : pas de résidus dans les pailles et dans les grains, elle ne connaît pas de restrictions pour les cultures qui suivent (demi-vie DT 50 = 43 jours).

Luc Looze : « cette molécule est un outil très intéressant pour prévenir l’apparition de résistance et contrôler les adventices résistantes. Elle est développée dans un premier temps sur le marché de la céréale, mais nous allons la décliner à moyen terme dans des solutions de postémergence pour contrôler les dicotylées. » Dow AgroSciences a également demandé, spécifiquement pour le marché belge, l’extension d’agréation pour les prairies (horizon 2020).

Pixxaro, la première association

La nouvelle molécule ne sera jamais proposée seule mais toujours en association avec une autre matière active au mode d’action différent et complémentaire. Le fluropypyr cette année ; à moyen terme, d’autres formulations et associations seront proposées. Objectif : prévention et lutte contre la problématique des dicotylées résistantes aux ALS-2,4D-Mcpa.

Le premier produit agréé à base d’Argilex est le Pixxaro, qui associe 2 auxines et un safener, soit respectivement 12 g/l d’Arylex, 280 g/l de fluroxypyr (Starane), et 12 g/l de cloquintocet mexyl.Il se présente sous une formulation EC (concentré émulsionnable) améliorée, qui permet et facilite le mélange avec les autres herbicides, les régulateurs de croissance, les fongicides et les insecticides. Son spectre d’action dépasse celui de la nouvelle substance active et comprend en plus les amarantse, capselles, chénopodes, datura, liserons, morelles, myosotis, renoncules, renouées des oiseaux et faux liseron, rumex.

Pixxaro est agréé à une dose maximale de 0,5 l/ha dans toutes les céréales d’hiver et de printemps, à l’exception de l’avoine. Petite restriction : 0,375 l/ha sur céréales de printemps au stade 33 à 45 (3e nœud à gonflement maximum de la gaine foliaire de la dernière feuille).

Le stade d’application sur céréales d’hiver s’étend du début tallage jusqu’au gonflement maximum de la gaine foliaire de la dernière feuille ; sur céréales de printemps, il s’étend du stade 3 feuilles jusqu’au gonflement maximum de la gaine foliaire de la dernière feuille. « Cette large fenêtre d’application est une des forces du produit, certainement pour des applications de correction qui peuvent être très tardives au printemps », ajoute Inge Mestdagh.

Ce nouvel herbicide se dégrade rapidement dans le sol et les tissus végétaux d’où une souplesse dans les rotations culturales.

En pratique sur coquelicots résistants, Inge Mestdagh recommande de respecter scrupuleusement la dose de 0,5 l de Pixxaro par ha et idéalement d’ajouter de l’huile pour doper l’efficacité. « Appliquer le produit en mélange ou après un herbicide à haute efficacité. Les doubles traitements avec des produits complets ALS sont déconseillés. Et en enfin, il convient de ne traiter qu’une fois une même population de coquelicots, sous peine de renforcer le problème de résistance. »

Propos recueillis

par M. de N.

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