Des perspectives positives

malgré des nuages sombres

La conjoncture dans l’industrie alimentaire est positive depuis ce début 2016 et le reste en 2017. Et cela se ressent du point de vue de la confiance du consommateur dans le secteur.

L’emploi en croissance

Côté emplois, grâce en partie à la diminution des charges, le saut d’index et la modération salariale, les « jobs, jobs, et jobs » ne sont pas des mots en l’air, explique la Fevia. Si le handicap salarial reste encore trop élevé, les mesures gouvernementales sont positives. Le nombre d’emplois a augmenté de 0,7 % par rapport à 2015, et les équivalents temps plein (ETP) de 1 %. En 2016, le secteur compte 89.043 emplois, ce qui équivaut à 73.884 ETP. Un bilan d’autant plus positif que le taux d’emploi de l’industrie manufacturière totale a diminué de près de 20 % en 10 ans.

Pourtant, le travail est encore loin d’être terminé. Le handicap du coût salarial de l’industrie alimentaire belge se maintient toujours à 17,5 % en 2016. Et sans mesures supplémentaires, celui-ci risque d’augmenter à nouveau.

Notons que l’industrie alimentaire reste un secteur des PME. En effet, 54 % des employeurs, en majorité des petits boulangers, emploient moins de 5 travailleurs, et seulement 4 % des entreprises du secteur emploient plus de 100 personnes.

L’innovation peu valorisée

Autre signe du dynamisme de notre secteur, l’industrie alimentaire introduit plus d’innovations que dans les pays voisins. Malheureusement, ces efforts sont insuffisamment valorisés. Seulement 5,4 % du chiffre d’affaires (CA) de l’industrie alimentaire belge est lié des nouveaux produits pour leur entreprise tandis qu’aux Pays-Bas, ce pourcentage avoisine les 17 %.

Stopper la rage taxatoire

Quant aux surcoûts énergétiques, ils sont de taille : +337 % en Wallonie et +420 % en Flandre depuis 2009. Une problématique qui grève la compétitivité des entreprises alimentaire electro-intensive.

Mais pour la Fevia, le plus grand défi pour le secteur concerne les taxes, redevances, accises… « La contribution du secteur aux caisses de l’état est chiffrée à 6,5 milliards d’euros, ce qui fait de la Belgique l’un de pays les plus chers et les plus taxés en Europe. Les conséquences ? Un handicap pour les entreprises et des produits souvent plus chers que chez nos voisins. Les habitants privilégient donc des achats transfrontaliers. Ceux-ci ont en effet augmenté de 8 % en 2016 tandis que le CA en Belgique a diminué de 1,7 %.

L’augmentation de ce taux en France est d’ailleurs très problématique. Depuis 2008, les achats transfrontaliers ont augmenté de 300 %. Ils concernent non seulement les boissons alcoolisées mais tous les produits alimentaires à l’exception de la viande fraîche.

Et Jean Heylenbosch, président de la Fédération, d’insister : « Les menaces pour l’industrie restent évidentes, et le secteur a payé plus que sa part ! Il est urgent d’arrêter cette rage taxatoire ! »

Pour une indication d’origine volontaire

Autre tendance dangereuse : la propension de certains pays à adopter l’étiquetage d’origine obligatoire. En France cette mesure a fait baisser l’exportation des produits laitiers (en volume) de 17,1 % au 2e semestre de 2016.

Chris Moris, directeur de la Fédération, note que l’expérience s’étend à d’autres pays européens et place le marché intérieur européen dans une crise existentielle. En effet l’obligation d’indication de l’origine des ingrédients dans les plats transformés n’est un libre choix ni pour les producteurs, ni pour les opérateurs. « C’est une tendance dangereuse de pousser des produits non pas pour leur qualité mais pour la pression morale qui incite à consommer local. Nous voulons que les consommateurs achètent ce qui, pour eux, est un produit de qualité, de confiance. Nous sommes pour une indication volontaire de l’origine mais pas obligatoire ! »

Une législation qui fait suite au scandale des lasagnes à la viande de cheval mais qui peut pourtant créer une confusion au niveau de la traçabilité. « D’autant que celle-ci n’en sera pas améliorée. Si on est face à des opérateurs peu scrupuleux, cette législation peut augmenter le risque de devoir faire face à de nouvelles crises. Car il est impossible de vérifier l’origine exacte de ce qui est noté sur les étiquettes. Quand on impose une réglementation, il faut pouvoir être capable en tant qu’autorité de le contrôler correctement au risque de créer des problèmes plutôt que d’en résoudre », a martelé M. Moris. « Nous sommes bien évidemment pour la traçabilité, mais elle ne doit pas servir de prétexte pour un compatimentage des marchés », a complété Jean Heylenbosch.

Small country great food

Il est important de souligner que les efforts qui ont été déployés par le biais de « Food.Be – small country great food » ont porté leurs fruits, notamment par le biais des missions économiques et aux visites d’Etat. « Grâce à l’innovation, la qualité et la diversité, nous pouvons nous distinguer de nos concurrents à l’international », a conclu le président.

P-Y L.

Le direct

Le direct