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… pour diversifier la production fruitière

Par ses lectures ou voyages, l’arboriculeur apprend à connaître d’autres espèces que celles habituellement cultivées en Belgique et souhaite, parfois, les intégrer à son propre verger. Plusieurs de ces espèces, bien que peu disponibles commercialement, sont par ailleurs adaptées aux climats de nos régions.

Temps de lecture : 9 min

L’assortiment traditionnel d’espèces fruitières cultivées en Belgique compte au total une vingtaine de fruits à pépins, de fruits à noyau, de petits fruits et de fruits secs, alors que dans le Monde, on en compte plus d’une centaine. Les principaux facteurs limitants sont le froid hivernal, et dans une moindre mesure une saison de végétation trop courte ou trop froide.

Par ses lectures ou lors de ses voyages, l’arboriculteur amateur ou professionnel apprend à connaître bien d’autres espèces fruitières, et à force d’entendre évoquer les conséquences du réchauffement de notre climat, il s’interroge à propos des possibilités de cultiver ces espèces fruitières « exotiques » en Belgique. Ce sujet a déjà été évoqué dans des articles antérieurs.

À côté de cela, il existe plusieurs espèces fruitières bien adaptées au climat de nos régions, qui ne font pas, ou très peu, l’objet de cultures commerciales, et que l’on ne trouvera pas, ou rarement, sur les étals de magasins spécialisés. Dans cette faible diversité, la tradition et la routine sont également en cause.

Dans le secteur légumier, on a assisté depuis quelques années à une diversification de l’assortiment grâce aux efforts des amateurs collectionneurs, des producteurs de graines, des détaillants et des restaurateurs. Pourrait-on assister à une évolution similaire dans le secteur fruitier ? Peut-être si d’une part un matériel végétal de qualité est disponible, et si des informations techniques concernant la culture sont disponibles et diffusées.

Dans cet article, nous allons passer en revue quelques espèces dont l’introduction dans un jardin fruitier ne pose pas de difficultés particulières et dont la culture réussira assurément.

Plusieurs systèmes de conduite

Dans la liste d’espèces qui suit, celles-ci ont été classées en fonction de l’espace nécessaire en hauteur et en largeur à l’âge adulte. La plupart d’entre elles se conduisent en un buisson dont la couronne a une forme sphérique, ou plus généralement ovoïde. La plantation peut se faire en une haie mixte qui associe des espèces dont les hauteurs sont plus ou moins semblables. Il n’est pas conseillé d’associer des plantes hautes et des plantes basses, parce que ces dernières risquent d’être étouffées.

Des espèces qui demandent une bonne exposition et qui ont un effet décoratif par leur feuillage, leur floraison et leurs fruits peuvent être plantées en isolé et bénéficier d’un espace libre plus important.

Et quelques soins…

La taille hivernale se limitera à un rajeunissement régulier de la ramure et à assurer un bon éclairement des branches. Les premières années, un désherbage du sol et la pose d’un mulch de broyat de branches ou de compost au pied des plantes favoriseront la croissance en contrôlant le développement des adventices. Une fois par an, en mars, on apportera un engrais composé N + P + K et du compost.

Certaines plantes recevront un tuteur temporaire qui les maintiendra pendant quelques années en leur permettant de bien s’ancrer en terre.

Hauteur : 2 à 2,5 m, espace libre : 3 m²

 Aronia melanocarpa : l’arone noire (famille des Malacées)

Arbuste globuleux de 1,5 (à 2) m de haut originaire d’Amérique du Nord, à feuillage vert brillant se colorant en rouge en automne. Abondante floraison blanche en corymbes en mai ; fruits noirs sphériques en grand nombre mûrissant en août, juteux, très sucrés, peu acides, riches en vitamines, à transformer en jus, gelées et marmelades.

Plante très rustique, peu exigeante en ce qui concerne le sol, à cultiver en pleine lumière. Production sur les rameaux de l’année précédente. Il existe plusieurs cultivars à fruits plus gros, qui ont été sélectionnés en Scandinavie ou en Europe centrale, ainsi que des hybrides interspécifiques plus vigoureux.

 Berberis vulgaris : l’épine-vinette (famille des Berberidacées)

Arbuste indigène de 2 à 2,5 m de haut, épineux, à feuilles vertes se colorant en automne. Fleurs jaunes en petites grappes en mai-juin. Fruits rouge-orange ellipsoïdaux de 1 cm de long mûrissant en septembre-octobre riches en vitamine C, au goût acidulé qui s’atténue avec le gel. Utilisation de la chair débarrassée des graines en jus, confitures ou gelées.

Arbuste à cultiver en sol non acide, légèrement calcaire, de préférence sec, à bonne exposition ou à mi-ombre.

Le cultivar ‘Asperma’ produit des fruits dépourvus de graines.

 Chaenomeles japonica : le cognassier du Japon (famille des Malacées)

Petit arbuste de 1 m de haut originaire d’Extrême-Orient, épineux, à feuillage vert brillant. Fleurs rouge vif de 2 cm de diamètre en mars-avril. Fruits globuleux de 3 à 4 cm de diamètre, jaunes, très parfumés, mûrissant dès septembre, et qui se conservent jusqu’en novembre sur la plante, et plus longtemps encore en frigo. Chair ferme, riche en vitamine C, en acide citrique et en pectines. Utilisation en gelées, marmelades et pâte de fruits.

À cultiver en sol frais, riche, non calcaire, à bonne exposition ou à mi-ombre. Comme cette espèce est autostérile, la fructification implique d’associer plusieurs cultivars différents. Le cultivar ‘Nivalis’ porte des fleurs blanches.

Le cognassier de Chine (Chaenomeles speciosa = C. lagenaria) est un buisson globuleux de 2 (3) m de haut, épineux, à fleurs roses ou rouges, et à fruits verdâtres globuleux de 6 cm de diamètre, moins parfumés que les coings du Japon, convenant pour les mêmes usages.

 Hippophae rhamnoïdes : l’argousier (famille des Eléagnacées)

Plante buissonnante très épineuse de 1,5 à 2,5 m de haut, spontanée dans les dunes littorales. Feuillage fin persistant de teinte grisâtre à la face supérieure, argentée à la face inférieure. Plante dioïque (petites fleurs unisexuées mâles ou femelles sur des plantes différentes) ; floraison en avril-mai. Sur les plantes femelles, petits fruits ovoïdes de maximum 0,9 g, généralement jaune-orange, ou parfois rouge-corail, mûrissant d’août à septembre-octobre selon l’emplacement et le cultivar. Chair riche en vitamines (particulièrement en vitamine C), en sucres, en acides et en huile (dans la chair et le noyau). Utilisation en gelées, marmelades, liqueurs et jus.

À cultiver en sol bien drainé, profond, non acide, en pleine lumière. Associer obligatoirement un plant mâle à une ou plusieurs plantes femelles. Le cultivar ‘Sandora’ est parthénocarpique (il produit des fruits sans fécondation, dépourvus de noyau).

 Lycium barbarum : le lyciet jasminoïde ou « gogi » (famille des Solanacées)

Petite plante basse arbustive, très drageonnante, à rameaux parfois épineux. Fleurs pourpres ou violettes. Nombreux petits fruits ovoïdes-allongés, rouge-orange brillant ; chair à goût sucré aromatique, un peu amère, très riche en vitamine C et en éléments minéraux, à consommer fraîche, sèche, ou en jus.

Plante à cultiver en petits groupes, à bonne exposition, dans une terre fertile. Plante fixatrice de talus.

 Poncirus trifoliata : le Poncirus (famille des Rutacées)

Si vous souhaitez cultiver un agrume en plein air dans le jardin, ne vous privez pas des plaisirs que vous offrira un Poncirus ! Cet arbuste très épineux, originaire de Chine, à la ramure très dense, atteint 2 à 2,5 m de haut. Il est parfaitement rustique sous notre climat : des exemplaires de 40 ans au Centre technique horticole de Gembloux ont parfaitement résisté aux hivers très rudes.

Les rameaux de teinte verte sont porteurs d’épines de 3 à 4 cm de long ; les feuilles caduques sont à trois folioles brillantes, de teinte vert vif. En mars-avril apparaissent de nombreuses fleurs blanches, très odorantes, qui évoluent en automne en fruits sphériques jaune vif de 3 à 4 cm de diamètre, odorants, et qui persistent sur la plante pendant l’hiver. Leur chair très acide n’est pas comestible à l’état frais. Coupés en tranches fines, ces fruits peuvent être utilisés en cuisine pour aromatiser des sauces ou fabriquer des liqueurs. Leur écorce est très riche en huiles essentielles.

À cause de la très bonne résistance au froid, le Poncirus est utilisé comme sujet porte-greffe nanifiant pour d’autres agrumes non rustiques. Il se multiplie très facilement par semis de graines.

Hauteur : 3 à 3,5 m et plus, espace libre : 5 à 8 m²

 Amelanchier canadensis : l’amélanchier d’Amérique (famille des Malacées)

Synonymes : A. lamarckii et A. laevis.

Plante buissonnante qui peut atteindre 5 à 8 m de haut à couronne ovale. Feuilles ovales de teinte pourpre ou cuivrée au débourrement, puis vertes, et qui prennent en automne une coloration jaune, orange ou rouge. Floraison blanche abondante en grappes, en avril-mai, avant la feuillaison. Fruits pourpre foncé ou bleus, mûrissant en juillet, et à consommer rapidement ; goût sucré, parfumé. Utilisation en confitures ou marmelades.

Plante peu exigeante en ce qui concerne la richesse ou le pH du sol ; elle supporte mal les sols très humides ou la sécheresse.

 Asiminia triloba : l’asiminier (ou « Paw-Paw ») (famille des Anonacées)

Arbuste ou arbrisseau originaire du Sud des États-Unis, qui atteint 2,5 m de haut. Jeunes rameaux duveteux. Feuilles oblongues glabres de 15 à 20 cm de long. Fleurs pourpres ou brunes en juin. Fruits allongés de 5 à 7 cm de long, à épiderme jaune lisse, semblables à des petites bananes, mûrissant en octobre. Chair jaunâtre ou orangée, très parfumée, contenant plusieurs graines brunes. Consommer à l’état frais.

Demande un sol profond, riche, bien drainé, non calcaire. Afin d’assurer la fécondation des fleurs, il est recommandé d’associer plusieurs plantes, ou de choisir un cultivar réputé auto-fertile.

 Cornus mas : le cornouiller mâle (famille des Cornacées)

Arbuste indigène buissonnant de 3 à 5 m de haut, à rameaux verts portant, opposées 2 à 2, des feuilles ovales, acuminées. Petites ombelles de fleurs jaunes dès février-mars, avant la feuillaison. Fruits ellipsoïdaux de 2 à 3 cm de long, de teinte rouge vif brillant devenant rouge foncé à maturité. Chair acidulée, même astringente avant la pleine maturité, riche en vitamine C, utilisée en marmelades ou gelées ; les graines ont fourni un ersatz de café.

Le cornouiller croît en tous sols, même calcaires.

 Pyrus pyrifolia : le nashi ou poirier d’Orient (famille des Malacées). Cette espèce et plusieurs autres sont cultivées en Extrême-Orient pour la production de fruits.

Arbres de forte vigueur avec de longs rameaux portant des feuilles ovales acuminées à long pétiole. Floraison à la fin d’avril sur bois d’un an ou plus âgé. Fleurs blanches de 3-4 cm de diamètre. Fruits globuleux de gros calibre dépourvus de calice. Il existe deux groupes : l’un porte des fruits à épiderme rugueux bronzé, l’autre des fruits a épiderme lisse de teinte jaune-pâle. Ils mûrissent en septembre et se conservent en cave pendant environ trois ou quatre semaines. La chair, très juteuse et sucrée, est légèrement aromatique ; elle se consomme à l’état frais comme fruit de dessert ou dans des salades de fruits.

Arbre à conduire en fuseau basse-tige comme des poiriers européens. Demande un sol profond, frais, riche. Pratiquer une taille de renouvellement, en éliminant les rameaux de 3 ans et en conservant le bois d’un ou deux ans. En été, tailler les gourmands et arquer le bois de l’année de vigueur moyenne. Placer un filet pour préserver des oiseaux, très friands de la chair juteuse et sucrée des fruits. Pour une bonne fécondation, associer plusieurs cultivars ou un poirier ‘Bon Chrétien Williams’.

 Sambucus canadensis : le sureau américain (famille des Caprifoliacées)

Plante buissonnante à couronne large, de 4 m de haut. Est fort semblable au sureau noir indigène, mais porte des fruits noirs plus gros (0,5 à 1 cm de diamètre), plus sucrés et plus parfumés, en quantité plus importante, utilisés en jus, sirops ou gelées. Larges inflorescences (20-25 cm de diamètre) en juin-juillet.

Demande un sol frais, riche, non calcaire.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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