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Choisir le financement correspondant à ses besoins

La gestion financière d’une exploitation agricole n’est pas toujours aisée. Ainsi, en fonction de ses rentrées financières et dépenses, tout agriculteur ou entrepreneur peut, un jour,

faire face à un manque de liquidité. Face à cette situation,

les emprunts à court terme constituent une solution

permettant de répondre à certains besoins particuliers.

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Avant de réfléchir aux différents emprunts à court terme disponibles et aux conditions de leur octroi, il est nécessaire de rappeler quelques règles d’or pour une gestion financière saine d’une exploitation agricole.

Ainsi, dès le démarrage de l’activité, il convient d’effectuer un plan financier détaillant les flux de trésorerie et de financement ainsi que les investissements envisagés. « Cette étape, rendue obligatoire par le législateur, devrait idéalement être répétée plusieurs fois au cours de la vie de l’entreprise, afin d’assurer sa prospérité », explique Christine Lambert, account manager agri-business auprès de la banque Crelan.

De même, les changements structurels doivent être anticipés aux mieux, afin de garantir un financement sans interruption de l’activité.

Améliorer sa trésorerie

En outre, deux indicateurs permettent d’évaluer la santé de sa trésorerie et, le cas échéant, de l’améliorer : le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement.

Le fonds de roulement représente la liquidité opérationnelle de l’entreprise. Il se calcule en faisant la différence entre les capitaux permanents et les actifs immobilisés (immeubles, machines, matériel roulant) ; les capitaux permanents se calculant par l’addition des fonds propres et des dettes à plus d’un an. Autrement dit : fonds de roulement = capitaux permanents – actifs immobilisés, avec capitaux permanents = fonds propres + dettes à plus d’un an.

Un fonds de roulement positif signifie qu’une partie des capitaux permanents finance le cycle d’exploitation, donc le développement des activités à court terme. A contrario, en cas de fonds de roulement négatif, c’est le cycle d’exploitation qui finance une partie des actifs immobilisés.

« Pour agir sur le fonds de roulement, deux possibilités se présentent. Soit augmenter les fonds propres, c’est-à-dire recapitaliser l’entreprise. Soit réduire la dette à plus d’un an », ajoute Mme Lambert.

Le second indicateur, le besoin en fonds de roulement, renseigne quant aux besoins nécessaires pour financer le cycle d’exploitation (délai entre le paiement des matières premières et le paiement des marchandises vendues). Il se calcule par addition des créances commerciales et du stock dont sont soustraites les dettes fiscales et sociales et les factures des fournisseurs. Autrement dit : besoins en fonds de roulement = créances commerciales + stocks – fournisseurs – dettes fiscales et sociales.

Un besoin en fonds de roulement positif reflète le fait que l’entreprise ne dispose pas de ressources suffisantes pour financer son cycle d’exploitation. Le recours à des sources de financement à court terme est, dans ce cas, souvent requis.

Outre la demande de financement, plusieurs pratiques permettent de gérer correctement son besoin en fonds de roulement. « Il faut notamment assurer correctement le suivi de ses factures, afin que les prestations soient payées dans les temps, ou encore tenir correctement ses stocks, pour ne pas conserver (et perdre) des produits invendables », poursuit-elle. Il est également possible de négocier les délais de paiement avec ses fournisseurs.

Enfin, un dernier indicateur, la trésorerie nette, permet d’évaluer l’excédent des liquidités détenues par l’entreprise par rapport aux dettes financières à court terme. « En d’autres mots, il s’agit de la liquidité nette finançant les emprunts. » Elle se calcule en soustrayant le besoin en fonds de roulement au fonds de roulement (trésorerie nette = fonds de roulement – besoin en fonds de roulement). Deux solutions pour la maîtriser : améliorer le fonds de roulement ou réduire le besoin en fonds de roulement.

Quel crédit à court terme ?

Plusieurs formes de financement à court terme sont disponibles auprès des banques belges : le crédit caisse, le crédit à court terme, le prêt saisonnier, le versement anticipé et les « straight loan » (lignes de crédit à durée indéterminée dans laquelle il est possible d’effectuer plusieurs tirages d’une durée déterminée) nommés Agri-Line et Pro-Line chez Crelan.

« Il est essentiel de savoir à quoi servira l’argent prêté par la banque, afin de s’inscrire dans la bonne ligne de financement », insiste Christine Lambert. Ainsi, le financement octroyé par l’organisme bancaire sera différent selon les besoins rencontrés par l’emprunteur (tableau).

Par exemple, pour l’achat d’une machine neuve, on choisira un financement à long terme, sur 5 ou 7 ans, pour l’achat de la machine à proprement parler (prix net) tandis que la TVA sera financée par un crédit à court terme de 3 mois, le temps que celle-ci soit récupérée.

Le prêt saisonnier, d’une durée d’un an, est quant à lui octroyé en vue de couvrir une campagne culturale. « Il financera, par exemple, l’achat de plants de pommes de terre et sera remboursé avec le fruit de la vente des pommes de terre, plusieurs mois plus tard », éclaire-t-elle.

Dans le cas de la construction d’un hangar, financé en partie par une prime de la Région wallonne, il est fréquent que l’agriculteur ne sache pas précisément quand la prime lui sera versée. Or, la construction du hangar doit avancer. « Dans ce cas, un « straight loan » sera favorisé pour préfinancer la prime et éviter le blocage du projet. »

Enfin, les versements anticipés permettent de financer le paiement des impôts en 4 tranches au cours de l’année fiscale et d’ainsi bénéficier de bonification (réduction totale du montant d’impôt à payer). « Ainsi, la totalité des impôts n’est pas payée en fin d’année, et l’emprunteur bénéficie d’un avantage octroyé par l’administration fiscale. »

J.V.

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