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Le permis unique est octroyé

Alors que le délai de souscription au capital de la future sucrerie coopérative de Seneffe touche bientôt à sa fin et que les résultats sont attendus avec impatience, le permis unique pour sa construction vient d’être octroyé par la Région Wallonne. C’est dans ce contexte, que Benoît Haag, coordinateur de la Coopérative des Betteraviers Transformateurs (CoBT) répond à quelques questions.

Temps de lecture : 5 min

Une nouvelle étape nécessaire au développement d’une sucrerie coopérative à Seneffe vient d’être franchie : le permis unique est accordé…

Benoît Haag : Tout à fait ! Nous avons reçu l’avis favorable de la Région Wallonne ce lundi 21 janvier. C’est une très bonne nouvelle et c’est l’aboutissement d’un parcours administratif d’1 an. Il n’est déjà pas facile d’obtenir les autorisations pour la réalisation de nouvelles infrastructures dans une exploitation, alors vous imaginez bien le défi que représente l’installation d’une usine. C’est une belle étape de franchie, il ne tient maintenant qu’aux agriculteurs de saisir leur chance.

Les futurs coopérateurs ont jusqu’au 31 janvier pour investir dans le projet. Pouvez-vous nous en dire plus sur la quantité de parts déjà souscrites ?

C’est malheureusement la seule question à laquelle il ne nous est pas permis de répondre. Mais, la tendance observée est positive et nous espérons que cela continue ainsi d’ici la fin du mois de janvier. En moyenne, les coopérateurs souscrivent à plus de part B et S que ce qu’ils n’avaient indiqué dans leur déclaration non liante d’intérêt. Il est aussi encourageant de constater la participation de nouveaux agriculteurs qui n’avaient jusque-là jamais marqué leur intérêt. Lors de notre 20e réunion d’information à Gembloux la semaine dernière, environ deux tiers de la salle suivaient pour la première fois notre exposé.

En quoi le projet fait-il la différence ?

Nous proposons aux gens d’investir dans une société belge qui travaillera une matière première locale et dont l’actionnariat principal sera composé d’agriculteurs belges. Elle ne sera donc pas délocalisable.

Par ailleurs, de par ses statuts et la manière dont sa structure est balisée pour l’avenir, la coopérative a pour vocation de rester à taille humaine. Le but n’est pas d’aller vers un modèle de croissance à plusieurs usines. On veut une usine bien gérée, qui ne dévie pas de son objectif de servir ses coopérateurs.

Mais ce qui fera surtout la différence, c’est la rentabilité de culture proposée aux agriculteurs qui bénéficieront de la marge de transformation de la betterave en sucre. Récemment, la Commission européenne indiquait un prix moyen de vente du sucre pour les 12 derniers mois de 370 euros/tonne. Cela confirme les chiffres avancés dans notre plan financier. À ce prix, l’agriculteur pourra dégager une recette d’environ 3.280 euros/ ha pour des coûts de production de la betterave évalués à 2.400 euros en 2021. Cela représente une belle marge.

Les agriculteurs travailleront avec une usine neuve assurant ainsi un gain de productivité et un coût de production plus faible à la tonne ce qui permettra de rembourser l’investissement tout en assurant un prix correct de la betterave.

Les agriculteurs coopérateurs s’engagent également pour un contrat de livraison de betteraves. Il est un peu différent de ce qu’ils ont connu jusqu’à aujourd’hui ?

En effet, le contrat que nous proposons se veut le plus proche possible de la réalité de terrain. L’agriculteur s’engage à livrer des tonnes réelles qui seront ensuite rémunérées en fonction de sa richesse individuelle, en comparaison avec la richesse moyenne de l’année. La richesse de référence changera donc chaque année et correspondra à la moyenne de tous les fournisseurs de l’usine. On comparera donc la moyenne de chaque agriculteur à celle-ci pour calculer leur bonification ou leur raréfaction.

De même, le calcul des primes hâtives se fera sur base de la croissance réelle de la culture et le pivot tare terre ne sera pas fixe mais une valeur basée sur la moyenne réelle du jour.

Enfin, toutes les betteraves sans distinction seront achetées départ champ, l’entièreté des coûts de déterrage, chargement et transport sera mutualisée et à charge de la coopérative.

Certains restent inquiets du risque financier que cela représente…

Le système mis en place permet de minimiser au maximum le risque financier. Dans un premier temps, le risque maximum est qu’une partie ou l’entièreté de la part A (2.000 euros) – dont le montant est identique à l’aide de la Région Wallonne non conditionnée à la réussite du projet – ne soit pas restituée à l’investisseur si le projet ne suit pas son cours. Dans ce cas, nous nous engageons par contre à rembourser la totalité de l’argent investi en parts B et S.

Et quand l’usine sera en activité ?

Les coopérateurs investissent dans une société coopérative à responsabilité limitée. La responsabilité de chaque coopérateur se limite donc à son apport. Même si la société fait faillite, il ne peut pas perdre plus.

Quelles sont les prochaines étapes ?

L’appel d’offre doit nous permettre de réunir la part agricole des fonds propres (qui doivent s’élever à au moins 30 % des 327 millions d’euros d’investissement). La moitié de ceux-ci doit venir des agriculteurs mais cela peut être plus. Tout dépendra des souscriptions. Ce capital agricole sera complété par l’apport des parts F, notamment par la SRIW, mais aussi par quelques autres investisseurs stratégiques minoritaires. Lorsque tout cela sera établi, les négociations de crédits pour réunir les 220 millions restants débuteront avec les banques belges.

Si toutes ces étapes sont franchies, la construction de l’usine débutera au plus tard fin du printemps 2019 afin qu’elle puisse être testée et opérationnelle pour septembre 2021.

Et pour ceux qui voudraient entrer dans la coopérative par après ?

Il sera trop tard. Pour que le train puisse démarrer, il doit être rempli dès le départ. Attendre, c’est la meilleure chance que l’usine ne voit pas le jour. Il s’agit d’une opportunité unique qui ne se présentera pas deux fois. Si les gains de productivité du modèle sont à Seneffe et en Belgique, ce n’est pas un hasard. C’est là, dans la meilleure région betteravière qu’il est le plus intéressant de placer l’usine la plus moderne d’Europe.

Propos recueillis par DJ

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