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Redressement des récoltes européennes

sur fond d’incertitudes politiques

La production agricole européenne, en particulier les grandes cultures fortement affectées par la sécheresse en 2018, devrait repartir à la hausse. Du côté des marchés, les incertitudes liées à l’issue du Brexit, notamment, pourraient peser sur les échanges.

Temps de lecture : 4 min

Entre l’issue imprévisible du Brexit et une croissance mondiale révisée à la baisse – en particulier dans l’UE –, de fortes incertitudes pèsent sur les marchés agricoles européens, estime la Commission européenne dans ses dernières perspectives agricoles à court terme. Après une année 2018 marquée par des conditions climatiques compliquées, l’Institution prévoit un redressement de la production céréalière mais aussi d’huile d’olive en 2019.

La sécheresse automnale a entravé les semis, mais, avec les conditions douces de l’hiver, une production céréalière de 307,5 millions de tonnes (contre 290,5 Mt l’année dernière) est attendue du fait d’une légère hausse des superficies à 55,8 millions d’ha contre 55,1 Mha en 2018. Néanmoins, une grande partie de l’Europe du sud et du sud-est souffre d’un fort déficit pluviométrique qui pourrait avoir des conséquences négatives sur la récolte s’il n’y a pas de pluie au cours des prochaines semaines.

Et, même si elles se sont récemment redressées, les exportations de blé de l’UE se situent toujours à des niveaux historiquement bas (19 Mt), soulignent les services de la Commission.

À la suite de la sécheresse de 2018 dans l’UE, les importations de maïs sont reparties à la hausse et devraient atteindre un nouveau record, avec 21 millions de tonnes (soit 50 % de plus que la moyenne quinquennale). Pour 2019, la Commission prévoit des surfaces de maïs grain en hausse de 4,8 % à 8,7 Mha. Une estimation que la Confédération européenne de la production de maïs juge surévaluée, « la hausse des surfaces étant plus proche de 2 % » à 8,45 Mha, estiment-ils.

Huiles et sucre

La superficie consacrée aux oléagineux devrait, par contre diminuer, en particulier pour le colza, en raison des conditions de sécheresse pendant la période d’ensemencement de l’automne. Les principaux pays producteurs de colza sont touchés, notamment la France (-17 %) et l’Allemagne (-8 %). La production d’oléagineux devrait quand même être relativement stable par rapport à la campagne agricole précédente, à près de 33 Mt.

Et, une fois encore en raison de conditions climatiques défavorables, la production de sucre en 2018-2019 est estimée à 17,6 Mt, soit 17 % de moins qu’en 2017/18. Cette diminution devrait contribuer à une baisse significative de près de 50 % des exportations de sucre de l’UE qui s’établiraient à 1,7 Mt. En 2019-2020, le marché pourrait se stabiliser avec une production en légère hausse à 18,3 Mt (+4 %).

En raison de la forte augmentation de la production espagnole d’huile d’olive (1,7 Mt, deuxième récolte la plus élevée depuis 2003), la production de l’UE est repartie à la hausse (+2,9 % en 2018-2019). L’augmentation de la demande mondiale et la baisse de l’offre en dehors de l’UE devraient entraîner une hausse des exportations communautaires de 11 %, pour atteindre 625.000 t. Mais, pour la prochaine campagne, le déficit hydrique dans les principaux pays producteurs pourrait avoir une incidence négative sur la production.

Productions animales

La sécheresse de l’été dernier n’a pas épargné le secteur de l’élevage. Une augmentation de la production de viande bovine a été enregistrée en 2018, en raison de la pénurie d’aliments et de l’abattage précoce des vaches entraînant une diminution du cheptel de 1,3 %. En 2019, la production de bœuf devrait redescendre à 8,1 Mt (contre 8,2 Mt en 2018).

Quant à la production laitière, elle devrait progresser de 0,7 % en 2019, pour s’établir à 167,3 Mt (166,4 Mt en 2018). Cette augmentation devrait s’accompagner d’une demande mondiale soutenue.

La production de viande de volaille a augmenté l’an dernier de près de 5 % en raison des conditions internationales favorables et de la hausse des prix. Toutefois, la croissance de la production sera plus modérée (+2 %), cette année, en raison de l’ajustement des prix.

Pour la viande porcine, en 2019, les prix devraient augmenter à mesure que l’offre se réduit (-3 % en 2018 et stable en 2019). Les perspectives d’exportation s’améliorent, en particulier vers la Chine dont le secteur est gravement affecté par l’épidémie de peste porcine africaine (voir ci-contre).

Enfin, les productions de viandes ovine et caprine qui ont déjà reculé de 1 % en 2018 (à 915.000 t) continueront sur leur tendance avec un nouveau recul de 1 % (à 906.000 t).

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