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Pour une vaccination obligatoire et ciblée en urgence

Après l’épidémie de 2006, la maladie de la langue bleue se répand à nouveau dans notre pays.

Temps de lecture : 3 min

Appelée aussi Fièvre Catarrhale Ovine, elle peut, contrairement à ce que peut laisser croire cette dénomination, s’attaquer également au bétail bovin. Elle est provoquée par divers sérotypes de virus BTV (comme Blue Tongue Virus) et se répand par les piqûres de culicoïdes (« moustiques » minuscules). Aucun de ces sérotypes n’est pathogène pour l’homme et les espèces autres que les ruminants.

En 2006 – 2007, elle avait provoqué des pertes non seulement parmi les agneaux et les veaux, mais même des adultes (brebis, béliers, vaches et taureaux) ont été gravement malades, voire ont succombé suite à cette épidémie qui a mis en péril la rentabilité de nombre d’élevages bovins et ovins partout en Europe.

De retour chez nous

Comme le sérotype 8 est endémique dans l’est de la France depuis 2017, nous craignions de le voir se répandre en Belgique.

Préventivement, les autorités ont mis à la disposition des éleveurs souhaitant protéger leur cheptel sur base volontaire, un certain nombre de doses de vaccin gratuitement, à condition de les faire administrer et documenter par un vétérinaire, le coût de cet acte étant à charge de l’éleveur. Suite aux récriminations de deux syndicats agricoles, les autorités ont finalement autorisé la vaccination par les éleveurs eux-mêmes.

Au dernier trimestre 2018, la mise à disposition de vaccin par les autorités a été arrêtée et les éleveurs souhaitant vacciner (toujours sur base volontaire) ont dû acheter ce vaccin par la filière classique (produit d’importation fort coûteux et par ailleurs peu disponible).

Au premier trimestre 2019, le premier cas de FCO a été détecté sur un bovin en Province de Namur et la Belgique a perdu son statut « indemne FCO ».

Des veaux et agneaux, aveugles, morts-nés… risquent de naître cet hiver après contact avec le virus pendant la période de reproduction estivale.

Dans ces conditions, il faut craindre que l’impact de cette maladie soit infiniment supérieur au coût financier d’une vaccination par les vétérinaires traitants, non seulement du fait des animaux malades ou morts, mais surtout des barrières sanitaires à l’exportation de nos produits bovins et ovins.

Soyons vigilants !

En urgence, l’Union Professionnelle Vétérinaire et les Nuts Dieren Praktici, nos homologues flamands, proposent une vaccination ciblée et obligatoire afin de couvrir au plus vite 80 % du cheptel. Suivant l’exemple de la rougeole en médecine humaine, cette procédure pourrait sauver la majeure partie de nos ruminants.

Au-delà de cette pénible expérience, nous suggérons aux autorités une vigilance accrue pour les épidémies à venir qui nous menacent suite aux échanges internationaux et aux changements de climat.

Ces épidémies prennent souvent la forme de zoonoses, affectant l’homme aussi bien que les animaux.

Nous n’avons pas encore reçu de réaction à nos courriers, mais nous en espérons pour le 20 septembre, lors d’une concertation entre la profession et l’Afsca.

Dr. Grégory Schoonbroodt,

président du CPR

Dr. Stéfan Degallaix,

président de l’UPV.

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