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Avant la construction d’un bâtiment, prenez le temps de la réflexion!

La construction d’un bâtiment d’élevage suscite de nombreuses interrogations, dont certaines ne concernent pas directement la nouvelle infrastructure mais y sont étroitement liées. Coup d’œil sur ces questions que certains oublient, que d’autres évitent, mais qui demandent une réponse avant d’entamer un projet d’une telle ampleur.

Temps de lecture : 4 min

Construire un nouveau bâtiment représente une étape importante dans la vie d’une exploitation laitière. C’est pourquoi un tel investissement doit s’inscrire le plus possible dans la durée (20 ans, voire plus) mais aussi satisfaire aux besoins de l’exploitant et de son troupeau. Pour que ce projet soit une réussite, il doit donc être longuement réfléchi, au regard des objectifs fixés par l’éleveur et aussi de sa situation.

Connaître sa ferme, de A à Z

« En premier lieu, il convient de dresser un état des lieux complet et précis de la ferme », recommandait Jean-Marc Pilet, responsable du service bâtiment de la Chambre d’agriculture de Mayenne (France), lors d’une journée d’étude organisée par le Centre wallon de recherches agronomiques, les Aredb d’Aubel, Herve, Fléron-Visé et Montzen et le Service public de Wallonie.

Celui-ci se déroule en plusieurs étapes. L’éleveur doit tout d’abord se positionner face à son parc de bâtiments. « Vais-je réhabiliter une ancienne infrastructure ?, Ou changer l’affectation d’un des bâtiments existants ?, Voire détruire un bâtiment et le remplacer par un autre ? », sont les questions qu’il faut se poser. « Dans certains cas, réaménager un bâtiment existant est plus intéressant qu’investir dans une nouvelle construction », dit Jean-Marc Pilet.

L’aspect géoclimatique de l’exploitation doit ensuite être pris en compte (configuration topographique, situation climatique, emplacement…). À cela s’ajoutent encore diverses contraintes réglementaires : intégration paysagère, protection de l’environnement et raccordement aux réseaux électrique et d’eau potable. Une fois cet état des lieux dressé, Jean-Marc Pilet conseille d’agréger les différentes données de l’exploitation sur les plans :

– agronomique : système d’affouragement, ressources en paille, valorisation des déjections…

– zootechnique : systèmes de production, conduite du troupeau…

– humain : main-d’œuvre disponible, niveau de savoir-faire…

– économique : niveau d’investissement, coûts de fonctionnement…

À l’issue de ces phases et sur base des informations recueillies, l’éleveur dispose logiquement d’un « programme bâtiment » faisant apparaître tous les attentes et contraintes de l’ouvrage à réaliser.

Penser le bâtiment, mais pas seulement

Cependant, après avoir abordé ces questions, l’éleveur est encore loin d’avoir un projet d’étable fonctionnelle. En effet, les différents points liés à la conception technique de celle-ci doivent encore être étudiés. Seront ainsi abordés : la répartition des animaux, le mode de logement (type de couchage et répartition aire de couchage/aire d’exercice…), la ventilation et le volume à ventiler, et enfin, le confort et l’hygiène (choix des matériaux, bâtiment fermé ou semi-ouvert…).

« Si réfléchir à la conception du bâtiment est une chose, l’éleveur ne devra pas négliger toute une série d’autres points qui s’y rapportent. D’autant plus que la construction d’une nouvelle étable se traduit généralement par un agrandissement du troupeau », alerte M. Pilet. Ainsi, il faudra se poser la question de l’accroissement des stocks de fourrages et de concentrés et de leur distribution. Le stockage et la gestion des effluents constituent également un point important de la réflexion, au même titre que le curage des aires de vie du cheptel.

« Quel que soit le temps dont vous avez besoin pour forger votre projet, veillez à ce qu’il corresponde à votre exploitation. »

Élever plus d’animaux se traduit encore par une hausse de la production. Mais la salle de traite est-elle suffisamment grande ? Ne faudrait-il pas investir dans un tank à lait de plus grande capacité ? Ou dans un nouveau robot de traite ? Autant de question auxquelles il faudra répondre. La réflexion portera en outre sur les autres bâtiments de l’exploitation. En effet, si la nouvelle étable est destinée à accueillir un nombre plus important de vaches laitières, faut-il encore que les bâtiments abritant les génisses de renouvellement et les veaux soient suffisamment grands. Dans le cas contraire, le projet devra peut-être être adapté aux réalités de la ferme.

Et enfin…

« Durant votre réflexion, n’hésitez pas à discuter avec d’autres agriculteurs et à visiter leurs bâtiments afin de préciser votre projet », recommande encore Jean-Marc Pilet. Des conseillers sont également disponibles. Ils apportent un regard extérieur à l’exploitation, souvent utile.

Après avoir réfléchi le projet avec précision et réalisé des plans de la future étable, les différentes démarches administratives nécessaires à l’obtention du permis d’urbanismes devront être menées. Une fois celui-ci obtenu, le bâtiment pourra enfin être construit !

J.V.

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