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Nouvelle diminution de l’utilisation d’antibiotiques et de l’antibiorésistance chez les animaux en 2019

Une nette diminution de l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux a été à nouveau enregistrée en 2019. Celle-ci se traduit également par la baisse de l’antibiorésistance.

Temps de lecture : 5 min

Pour lutter contre l’antibiorésistance, il est extrêmement important de ne pas utiliser plus d’antibiotiques que nécessaire en misant sur l’adoption de mesures préventives. L’Amcra, le Centre de connaissances sur l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux, y travaille depuis 2012, notamment en sensibilisant le secteur.

Un effort de 10 % d’ici à la fin de 2020

Dans le Pacte sur la réduction de l’utilisation des antibiotiques dans le secteur animal conclu en 2016, le gouvernement et 16 partenaires du secteur ont fixé un objectif de réduction de 50 % de l’utilisation totale des antibiotiques d’ici 2020.

Les chiffres annuels du rapport Belvet-Sac 2019 (voir Tableau 1) montrent une nette réduction de l’utilisation des antibiotiques – moins 7,6 % – a été obtenue dans le secteur des animaux en 2019 par rapport à 2018. Au total, une diminution de 40,3 % de la consommation d’antibiotiques depuis 2011 a donc été enregistrée. Pour Jeroen Dewulf (UGent), c’est plus que ce qui n’a jamais été réalisé en médecine humaine. Mais nous n’en sommes pas encore là ! Il reste encore un petit 10 % à atteindre par rapport à l’année de référence pour toucher cet objectif à la fin de 2020 ». L’orateur s’est également réjoui de la diminution de l’utilisation de l’oxyde de zinc.

AMCRA BLEU-CORR

Deux objectifs déjà atteints

Deux autres objectifs importants sont également visés par la Convention : une diminution de 50 % de l’utilisation d’aliments médicamenteux contenant des antibiotiques et une diminution de 75 % des antibiotiques d’importance critique. Ces deux objectifs ont été réalisés et même dépassés en 2017. Grâce aux importants efforts fournis par l’industrie des aliments composés et ses clients, la consommation des aliments médicamenteux a été réduite de 71,1 % par rapport à 2011. En outre, l’arrêt de l’adjonction de colistine aux aliments médicamenteux a permis de réduire l’utilisation de cet antibiotique de 66,4 % depuis 2011.

La réduction totale de l’usage d’antibiotiques d’importance critique depuis 2011 se porte à 77,3 %. Bien que le but ait été atteint, la vigilance reste de mise pour l’usage des antibiotiques d’importance critique, qui a vu ces deux dernières années une recrudescence après sa baisse spectaculaire en 2016 et 2017. Elle est principalement due à une hausse de l’utilisation des fluoroquinolones chez des espèces animales dont la consommation n’est pas enregistrée dans Sanitel-Med. Cette évolution doit être suivie de près et inversée le plus rapidement possible, surtout dans le secteur des poulets de chair !

Notons qu’en Europe, la tendance concernant l’utilisation moyenne des antibiotiques est à la baisse. Si jusqu’en 2017, la Belgique faisait partie des moins bons élèves (7e place), elle était la plus grande utilisatrice d’antibiotiques parmi les pays limitrophes. « Cette comparaison nous incite à continuer nos efforts de plus belle… Depuis, les mesures mises en places ont dû nous rapprocher du peloton de tête », estime Jeroen Dewulf.

Enregistrement au niveau de l’entreprise

Depuis quelques années, les vétérinaires enregistrent l’utilisation des antibiotiques au niveau des élevages via la base de données de Sanitel-Med ou des systèmes tiers. Sur la base de ces enregistrements, chaque exploitation peut faire l’objet d’un suivi spécifique et être comparée aux autres exploitations. « Ce système de benchmarking permet aux éleveurs d’être plus conscients de leur usage d’antibiotiques. Et cela induit une diminution de leur utilisation », explique le Dr Fabiana Dal Pozzo, coordinatrice de l’Amcra. « On observe en effet une baisse du nombre de jours de traitement en 2019 par rapport à 2018 pour les porcs (- 5,8 %), la volaille (- 5,8 %) et les veaux de boucherie (- 21,3 %). » Le secteur du bétail laitier a également commencé à enregistrer, sur base volontaire, l’utilisation d’antibiotiques au niveau des élevages et nous espérons en récolter les fruits l’an prochain.

Il est important de noter que la baisse d’utilisation des antibiotiques chez les animaux producteurs de denrées alimentaires va de pair avec une diminution du nombre de souches d’E. coli multirésistantes chez ces animaux. On constate également une diminution de l’antibiorésistance vis-à-vis des antibiotiques d’importance critique.

Une vision 2024

Après le plan « Vision 2020 », l'Amcra a élaboré un nouveau plan de réduction, « Vision 2024 », pour poursuivre après 2020 la lutte contre la résistance antimicrobienne. Ce plan a pour objectif d’amener l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire en Belgique au niveau médian européen. Pour y parvenir, une trajectoire de réduction est actuellement définie pour chaque secteur animal. L’industrie des aliments médicamenteux a pour sa part annoncé qu’elle visait une diminution totale de 75 % des aliments médicamenteux contenant des antibiotiques d’ici 2024.

Les autorités veulent également poursuivre la réduction et continuent à soutenir les partenaires pour parvenir à réaliser les objectifs. Des démarches supplémentaires ont été entreprises par les Autorités, coordonnées par le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, pour mettre sur pied un plan national d’action One-health de lutte contre la résistance antimicrobienne (NAP AMR) et une structure de gestion. Ce plan favorise la collaboration entre les secteurs de la santé humaine, animale et de l’environnement ainsi qu’entre les divers services publics fédéraux et entités fédérées. Il prévoit pour le pilier de la santé animale des objectifs stratégiques et opérationnels, intégrant notamment ceux définis dans la vision 2024 de l’Amcra. Les réductions obtenues prouvent que la coopération entre l’Amcra, les autorités et toutes les organisations concernées aboutit à des résultats concrets et positifs. C’est un encouragement supplémentaire pour tous les acteurs dans la continuation de leurs efforts, car ceux-ci ont un impact réel, mais doivent être activement poursuivis.

Propos recueillis par P-Y L.

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