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Choix variétal en colza d’hiver: les conseils indispensables pour réussir vos semis!

La période idéale pour le semis du colza d’hiver se situe entre le 20 août et le 5 septembre. Il faudra profiter des opportunités de pluies ou d’orages pour que les sols très secs retrouvent un peu d’humidité et permettent la germination des semences et une levée rapide des plantules.

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Le choix des variétés tiendra prioritairement compte du potentiel de rendement atteint sur plusieurs années. Pour les plus récentes, les résultats prometteurs indiquent un progrès de la génétique.

Mais d’autres critères entrent certainement en ligne de compte. La résistance vis-à-vis du phoma via un ou plusieurs gènes garantit une lutte contre cette maladie pouvant attaquer les pieds de colza surtout en hiver. Il y a eu peu d’attaques de phoma ces dernières années sèches.

Prudence avec l’élongation des tiges avant l’hiver

Par ailleurs, les variétés présentent une sensibilité à l’élongation avant l’hiver qui diffère selon leur génétique et également selon les conditions dans lesquelles elles sont implantées. Pour un semis précoce, il vaut mieux choisir une variété à faible sensibilité à l’élongation pour éviter les risques de dégâts au cours d’un hiver qui serait rigoureux avec des températures fortement négatives. Les variétés à forte sensibilité à l’élongation peuvent être implantées lors de semis plutôt tardifs.

Si du fumier, des fientes ou du lisier sont apportés avant le semis, il est judicieux de choisir des variétés à faible sensibilité d’élongation de tige.

Si le colza est semé en association avec un couvert de légumineuses, il faudra choisir une variété à faible risque d’élongation, car la concurrence entre plantes pourrait stimuler une élongation de la tige du colza à l’automne et l’exposerait à des risques de dégâts de gel en début ou en fin d’hiver.

Prévoir la parage face aux mélighètes et à l’égrenage

Il existe de grandes différences variétales sur le plan de la précocité à la floraison. Certaines commencent à fleurir tôt, ce qui peut être un avantage dans la lutte contre les méligèthes qui recherchent le pollen au printemps, mais qui peut être un désavantage si la floraison connaît des températures négatives. D’autres variétés fleurissent plus tard ou même tardivement. Étant donné que les conditions de floraison influencent la réussite de la fécondation, il est bon de varier les précocités.

Pour s’assurer contre les dégâts de méligèthes qui peuvent arriver tôt en culture au printemps avant la floraison, il est intéressant lors du semis, d’utiliser en mélange une variété très précoce à la floraison. Ces premières fleurs de la variété précoce, ouvertes tôt au printemps, vont attirer ces insectes préférentiellement sur elles plutôt que sur la variété productive encore en boutons, lorsque les insectes sont peu nombreux. En cas de forte présence des populations de méligèthes, cette méthode de lutte ne sera cependant pas suffisante. Il faudra alors envisager un traitement insecticide en végétation.

Puisqu’il existe une amélioration génétique apportant une moindre sensibilité des siliques à l’égrenage, certaines variétés résistent mieux que d’autres aux chocs mécaniques et aux dégâts de grêle même à la veille d’une récolte (cas vécu dans un essai variétal de l’Appo en 2018). Une meilleure tenue des siliques entraîne également moins de pertes de graines au sol, donc moins de repousses de colza à gérer après la récolte et plus tard dans la rotation.

Se méfier aussi des altises et des viroses

Côté insectes à l’automne, aucune variété n’est résistante aux dégâts d’altises ; il n’existe plus de protection insecticide autorisée via la désinfection des semences. Les altises (grosses ou petites) seront surveillées de près grâce à un bassin (piège jaune) mi-enterré dans le sol, dès le semis terminé.

Lorsque le colza n’a pas encore atteint 4 feuilles, les altises peuvent retarder voire éliminer les plantules, par leurs nombreuses morsures sur cotylédons et jeunes feuilles. Plus tard, les larves issues des pontes d’altises adultes à l’automne peuvent altérer la tige pendant l’hiver et perturber le développement des plantes au printemps.

Le réchauffement climatique amène davantage d’insectes. Si les pucerons verts sont présents, ils peuvent être porteurs et transmettre des viroses dont celui de la jaunisse du navet. Une solution génétique existe avec l’apparition sur le marché des variétés dites TuYV. Après l’arrivée des premières variétés TuYV en 2017, d’autres variétés arrivent sur le marché, avec un potentiel de rendement intéressant.

Et la qualité des graines ?

Des efforts de sélection portent également sur la qualité de la graine de colza. En effet, la teneur en huile (supérieure à 40 %) est fortement liée à la variété, même s’il y a des différences entre années. La teneur en protéines des graines (+/- 20 %) est également importante car le tourteau issu de l’extraction d’huile présente une teneur en protéines de l’ordre de 35 %, ce qui contribue à améliorer l’autonomie protéique de nos élevages en Europe.

Les variétés disponibles sont toutes « 00 » (double zéro), ce qui signifie qu’elles présentent une bonne qualité d’huile pour l’alimentation humaine (sans acide érucique) et une bonne qualité du tourteau (à faible teneur en glucosinolates ; ce qui convient bien pour les bovins et les porcs).

Certains contrats sont proposés en culture pour des variétés de colza « éruciques » ou « oléiques » avec une composition de l’huile en acides gras différente de celle des variétés 00. Les premières sont destinées obligatoirement à des usages industriels et ne peuvent se retrouver en mélange avec du colza à destination de l’alimentation humaine. Le respect d’un cahier de charges très strict impose une distance entre champs de colza voisins et surtout une récolte et une collecte bien séparées des variétés à destination alimentaire. Sur le terrain, la gestion des repousses de variétés à composition d’huile alternative doit être rigoureusement suivie pendant plusieurs années dans la rotation.

Le choix des variétés est très large et est le fruit d’une sélection européenne dynamique. Les conditions climatiques et la technicité des agriculteurs complètent l’expression du potentiel génétique.

COLZA1

COLZA2

COLZA3

Il reste à espérer une bonne météo pour les prochains jours de semis, pour un nouveau départ de la culture de colza.

Christine Cartrysse

, Cepicop

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