Accueil Economie

La Wallonie réfléchit au partage de l’eau

L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) a tenté d’anticiper les risques liés à la raréfaction de l’eau, que les changements climatiques aggraveront probablement à l’avenir. Les précipitations se feront plus intenses et plus érosives, mais aussi plus rares à certaines périodes.

Temps de lecture : 2 min

Les épisodes de sécheresse devraient se multiplier. Des pénuries qui pourraient forcer le politique à faire des arbitrages pour décider qui peut utiliser l’eau en priorité et qui doit se restreindre: les ménages, l’agriculture, l’industrie, la production d’électricité, le transport... «En cas de sécheresse, privilégiera-t-on les «data centers» et le fonctionnement d’Internet ou la navigabilité et l’environnement?», s’interroge l’Iweps.

Depuis 2019 déjà, les entreprises qui prélèvent de l’eau dans les voies hydrauliques sont soumises à des restrictions en cas de manque. Les centrales électriques thermiques ont par exemple besoin de grandes quantités d’eau: entre 2012 et 2016, 83% des volumes prélevés en eaux de surface ont été utilisés pour les refroidir. L’eau est en grande partie restituée ensuite, mais la baisse de débit peut impacter les centrales. Lors de la vague de chaleur de 2003, 30 unités nucléaires en Europe ont ainsi dû arrêter ou réduire leur charge en raison de la température et de niveaux d’eau inférieurs, relève l’Iweps.

De nouvelles activités comme les «data centers» consomment beaucoup d’eau de refroidissement. «Dans le cas particulier de Google, une convention pourrait être signée pour la réduction des prises d’eau si le débit de l’Escaut atteint un seuil trop bas», propose l’institut.

L’enjeu est aussi géopolitique. «Côté aval sur le bassin de la Meuse, la Flandre et les Pays-Bas sont extrêmement dépendants de l’eau du canal Albert et de la Meuse», note l’Iweps. La Wallonie exporte de l’ordre de 21% et 17% des volumes d’eau de distribution qu’elle produit vers la Flandre et la Région de Bruxelles-Capitale. L’étude souligne qu «une baisse des exportations vers la Flandre a été convenue dès 2019 entre les acteurs concernés (Vivaqua, Farys)», mais n’exclut pas que des sécheresses plus fréquentes compliquent la donne.

Pour diminuer la pression, l’Iweps préconise de modifier l’occupation des sols à certains endroits, par exemple en restaurant des milieux humides, mais aussi d’adapter les modes de production dans l’agriculture ou l’industrie ou de doter le transport fluvial de nouvelles infrastructures. L’institut suggère en outre d’économiser l’eau, de la recycler ou de s’approvisionner de manière alternative. Une réflexion systémique et des choix politiques sont nécessaires, estime l’organisme.

(Belga)

A lire aussi en Economie

Voir plus d'articles