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Après avoir consolidé ses activités, l’Alliance Blé construit de nouveaux partenariats

Fondée en 1961 en vue de réceptionner les céréales des agriculteurs de la région de Soignies, la coopérative Alliance Blé s’est rapidement développée et diversifiée. Agrandissements, acquisitions ou encore ouverture de magasins « Hobby et Garden » ont permis de pérenniser les intérêts des coopérateurs, tout en faisant face à la concurrence. À bientôt 60 ans, la société souhaite poursuivre cet objectif en construisant de nouveaux partenariats, sans renier son identité agricole.

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Dès le début des années 60, l’avènement de la moissonneuse-batteuse bouleverse les habitudes des agriculteurs. La moisson se fait nettement plus rapidement et bon nombre de cultivateurs ne sont plus à même de stocker à la ferme le fruit de leur récolte. Rapidement, tous comprennent que cette situation n’est pas tenable dans le temps.

Dans la région de Soignies, plusieurs agriculteurs se regroupent autour de Maurice Berlanger, alors membre de l’Alliance Agricole Belge. Sous son impulsion, ils fondent la société coopérative Alliance Blé le 4 février 1961, à Soignies même. « Leur but était de créer une structure de réception, de stockage et de commercialisation des céréales », explique Frank D’Haemer, actuel président de la coopérative.

Un premier silo, d’une capacité de stockage de 6.000 t, est rapidement construit. En parallèle, la société s’oriente aussi vers la vente d’engrais et d’aliments pour animaux.

Le site de Soignies constitue le siège principal d’Alliance Blé depuis sa fondation, en 1961.
Le site de Soignies constitue le siège principal d’Alliance Blé depuis sa fondation, en 1961. - J.V.

En quelques années, l’activité prend de l’ampleur. Un second silo de stockage, composé de 40 cellules de 100 t chacune, voit le jour. « Ce choix correspondait aux besoins de l’époque, car le panel de céréales cultivées était nettement plus large qu’actuellement. » Mais disposer d’une telle installation est toujours bien utile aujourd’hui. « Cela nous permet d’alloter les céréales en fonction des demandes de nos clients, notamment en matière de blé panifiable local. Nous nous orientons ainsi vers de nouveaux débouchés », poursuit le directeur, Benoît Otjacques.

En 1975, un nouveau bâtiment de stockage et de chargement mécanisé est mis en place pour répondre à la demande croissante d’aliments en sacs. Les travaux se poursuivent en 1985 avec la construction d’un autre bâtiment de stockage à plat (8 cellules) pour céréales et engrais.

Un second site, pour soutenir la croissance…

Fin des années 80, le développement de la société est tel que la nécessité d’agrandir les installations se fait une nouvelle fois ressentir. Plutôt que d’étendre le site existant, la coopérative acquiert un terrain à Silly, à une quinzaine de kilomètres de Soignies, en 1988. Une infrastructure de réception de céréales d’une capacité de 4.500 t (4 cellules) y est immédiatement érigée.

Le site de Silly est né en 1988 en vue de soutenir l’importante croissance de la coopérative.
Le site de Silly est né en 1988 en vue de soutenir l’importante croissance de la coopérative. - J.V.

De nouveaux travaux sont menés en 1991 en vue d’agrandir le site. Un hall de stockage d’engrais et d’aliments vient ainsi s’ajouter au silo à céréales puis, en 2015, un nouveau bâtiment polyvalent voit le jour. « Notre capacité de stockage atteint, au total, 22.000 t de céréales. »

… et une usine d’aliments, pour rester autonome

L’activité de commerce d’aliments pour animaux a, elle aussi, évolué au fil du temps. Dès 1961, les aliments proposés à la vente sont fournis par un fabricant externe et ce, durant plusieurs décennies. « Souhaitant accroître son indépendance, la coopérative a saisi l’opportunité de reprendre la société Jean Richart, établie à Ladeuze, en 1998 », explique M. D’Haemer.

« Comme nous, cette société collectait des céréales et commercialisait des engrais. Mais elle disposait également d’une usine de fabrication d’aliments d’une capacité de production de 12.000 t/an. Cet achat nous permet, d’une part, de proposer à la vente des aliments de qualité fabriqués à partir des céréales locales et, d’autre part, de conserver notre autonomie vis-à-vis d’autres groupes », poursuit Jean-Pierre Dereycke, vice-président de la coopérative.

L’usine acquise est très complète : système de pesage, mélangeur, concasseur, tamiseur (utilisé pour la production d’aliments pour veaux et chevaux), dispositif de mise en sacs et en big-bags, cellules de stockage en vrac… Tous les aliments fabriqués, parfois à la carte, sont vendus sous la marque « Alliance Blé ».

Une seconde acquisition a lieu en 2009. C’est au tour des établissements Geens (Baisy-Thy), spécialisés dans les aliments pour chevaux, de passer dans le giron de la coopérative. « Seuls le personnel et le fonds de commerce ont été repris. »

Les aliments pour la basse-cour et  les chevaux constituent par moins de 30 % de la production de l’usine de Ladeuze.
Les aliments pour la basse-cour et les chevaux constituent par moins de 30 % de la production de l’usine de Ladeuze. - J.V.

Depuis 2011, l’Alliance Blé collabore également avec la coopérative française Evialis spécialisée dans la fabrication d’aliments. « Les granulés commercialisés proviennent de chez Evialis. Ils sont aussi mélangés avec nos ingrédients, selon nos propres recettes », explique M. Otjacques. Et ce dernier de citer un autre avantage de cette collaboration : « De par sa taille, la coopérative française investit davantage en recherche et développement. Nous bénéficions ainsi des dernières innovations mises sur le marché ».

La collaboration fonctionne aussi dans l’autre sens. « Depuis 2018, l’usine de Ladeuze travaille à façon pour la société française en produisant des formules pour chevaux et basse-cour. »

Aujourd’hui, l’Alliance Blé commercialise une large gamme d’aliments pour volailles, chevaux, bovins, veaux, moutons… pour hobbyistes et professionnels. « Contrairement à d’autres fabricants, nos produits sont exclusivement des « formules fixes » qui permettent un régime alimentaire constant. Nous pouvons également produire des recettes à la carte, sur demande. »

Des commerces ouverts au grand public

Outre ses activités agricoles, la coopérative s’est progressivement tournée vers le grand public en déployant une activité « Hobby et Garden ». « Le premier magasin a vu le jour à Soignies en 1978. À Silly, il a été aménagé en 1991 », détaille Jean-Pierre Dereycke. D’un côté comme de l’autre, le succès était au rendez-vous et les magasins ont été agrandis pour atteindre 400 m² à Silly et 600 m² à Soignies.

Benoît Otjacques : « Aujourd’hui, nous proposons plus de 10.000 références à nos 250 clients quotidiens, dans divers domaines : farine et pâtisserie, aliments et accessoires pour animaux domestiques, outils et produits de jardinage, semences, clôtures… S’y ajoute un service drive-in permettant le chargement direct des aliments pour animaux et autres marchandises volumineuses ».

Signe de leur importance, les activités « Hobby et Garden » ainsi que le drive-in « aliments » représentent plus de 25 % du chiffre d’affaires annuel de la société. « Ce n’est pas négligeable, d’autant que les magasins nous permettent de maintenir les dépôts agricoles ouverts toute l’année. Alors qu’ailleurs, ces infrastructures ne sont bien souvent ouvertes qu’au printemps et à la moisson… Tout le monde en ressort donc gagnant. »

De nouvelles ambitions pour le magasin de Soignies

Une autre preuve du poids que pèse cette activité est son développement attendu dans les années à venir. « À Soignies, lorsque l’opportunité d’acquérir un terrain jouxtant à la fois nos infrastructures et la route s’est présentée, en 2016, nous l’avons immédiatement saisie. Cela nous permettra d’agrandir et de revoir la disposition du site. Nous souhaitons ainsi attirer un plus grand nombre de clients en ayant pignon sur rue », éclaire Frank D’Haemer.

Après son extension, le magasin couvrira une surface de 1.200 m², intégrera une serre pour la vente de plantes saisonnières et disposera d’un nouveau parking. « Nous sommes en possession du permis d’urbanisme. Les travaux devront être réalisés dans les meilleurs délais », ajoute M. Otjacques.

Les travaux et le réaménagement du magasin de Soignies permettront d’accueillir les clients  dans un espace plus lumineux et plus aéré, sur une surface de 1.200 m².
Les travaux et le réaménagement du magasin de Soignies permettront d’accueillir les clients dans un espace plus lumineux et plus aéré, sur une surface de 1.200 m².

Toutefois, ceux-ci représentent un investissement certain. « Nous pourrions intégrer d’autres activités commerciales non concurrentes (cabinet vétérinaire, matériels parcs & jardins…) afin de mutualiser l’espace. Ou pourquoi ne pas laisser la possibilité à plusieurs agriculteurs de gérer, en coopérative, un magasin de produits locaux ? Tout cela en conservant notre identité, en droite ligne avec notre mission »

Un futur fait de partenariats

Le capital de l’Alliance Blé appartient exclusivement à ses 150 coopérateurs, tous agriculteurs. La société nourrit aussi de nouveaux projets pour la profession : « L’activité agricole est essentielle mais évolue rapidement. Notre souplesse, notre taille et la polyvalence de notre personnel vont nous permettre de nous adapter rapidement pour continuer à fournir les produits et services recherchés par nos clients agriculteurs ». En témoignent le redéploiement, cette année, de l’activité de commercialisation de produits de protection des plantes et les conseils associés.

Pour le reste, Benoît Otjacques envisage le futur avec sérénité, mais pas sans ambition. « L’époque des acquisitions est révolue. Nous devons désormais construire des partenariats, comme celui que nous entretenons avec Evialis. Nous sommes, par exemple, prêts à mettre notre expérience et notre usine de fabrication d’alimentation à destination de partenaires actifs dans le domaine de l’alimentation animale. »

« Le capital de l’Alliance Blé appartient exclusivement à ses 150 coopérateurs, tous agriculteurs. C’est ce qui fait notre force »,

D’autres collaborations sont, bien sûr, envisageables.« Quel que soit le domaine, nous travaillerons toujours dans l’intérêt de nos coopérateurs. Par ailleurs, tous les agriculteurs de la région tirent profit de notre présence », ajoute-t-il. Et Frank D’Haemer de conclure : « Notre activité permet de maintenir une saine concurrence entre tous les acteurs, qu’ils soient fournisseurs ou acheteurs de matières agricoles, et de stabiliser le marché ».

J. Vandegoor

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