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Accord de libre-échange avec le Mercosur: le Copa-Cogeca réexprime ses réticences

Les organisations professionnelles agricoles de l’UE lancent une campagne argumentant pourquoi le monde agricole européen ne peut soutenir l’accord de libre-échange avec le Mercosur.

Temps de lecture : 3 min

Dans le contexte de la reprise des discussions concernant la ratification de l’accord commercial entre l’Europe et les pays du Mercosur, sous l’impulsion de la présidence portugaise du Conseil, le Copa-Cogeca, la Confédération internationale des betteraviers européens (Cibe) et l’Association de l’aviculture, de l’industrie et du commerce de volailles dans les pays de l’Union lancent une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux afin d’expliquer concrètement les craintes suscitées par cet accord au sein de la communauté agricole.

Dans une vidéo de six minutes publiée le 11 février, les trois organisations européennes relèvent le défi d’expliquer les trois grandes raisons pour lesquelles elles s’opposent à l’accord conclu en juin 2019. La vidéo rappelle d’abord que la communauté agricole a soutenu l’agenda commercial de l’UE et a salué plusieurs accords dans les mois précédant le Brexit. Toutefois, comme l’a rappelé le Parlement européen, l’accord avec le Mercosur semble bien différent. Il est, en l’état, inacceptable pour les agriculteurs de l’UE, à l’heure où ils devront trouver des solutions pour répondre aux objectifs du Pacte vert (Green deal).

Déséquilibre

Les trois grandes raisons exposées dans cette vidéo sont claires. Premièrement, l’accord avec le Mercosur est déséquilibré dans son chapitre agricole, en particulier pour les secteurs déjà fragiles. Avec l’exemple du secteur de la viande bovine, il est facile de comprendre que cet accord va faire passer le pouvoir de négociation des mains des éleveurs européens à celles des grands opérateurs des pays du Mercosur.

La goutte d’eau…

Ensuite, les agriculteurs européens craignent, à juste titre, les impacts cumulatifs et difficiles à mesurer de tous les accords déjà signés et de ceux à venir. Cela a été confirmé par l’étude de la Commission concernant l’analyse d’impact additionnel sur les produits agricoles.

Dans ce contexte, l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur pourrait être la goutte d’eau qui fera déborder le vase.

L’exemple illustré est très parlant : dans le secteur de la volaille, chaque année, les importations en provenance des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) équivaudront à la production combinée du Danemark, de la Finlande et de la Suède.

Deux poids, deux mesures

Le dernier grand argument de la vidéo souligne que cet accord rendra les choses plus ardues pour les agriculteurs de l’UE, avec l’introduction d’un deux poids deux mesures pour ces derniers. L’exemple du secteur betteravier est symptomatique. Avec cet accord, l’Europe importera du sucre et de l’éthanol ne respectant en aucun cas nos normes de production. Selon la Cibe, le Brésil, par exemple, utilise 27 herbicides et insecticides interdits en Europe.

À l’heure où des objectifs ambitieux sont discutés dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table », ce deux poids deux mesures et ces règles du jeu inéquitables semblent tout à fait incompréhensibles aux yeux de la communauté agricole, et mèneront inévitablement à un transfert de la production vers des pays où nous n’avons aucune influence sur la définition des normes de production. Il est donc essentiel que la procédure d’examen se déroule comme prévu, afin d’éviter toute lacune. Les parlements européens et nationaux doivent avoir voix au chapitre, et les voix des consommateurs et des agriculteurs doivent être entendues.

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