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Sauvegarder, entretenir, promouvoir et développer la multifonctionnalité de la forêt wallonne

Vu l’intérêt croissant de la société envers les enjeux forestiers et l’avenir de la filière bois, le cercle « Forêt Bois » de Libramont Coopéralia propose, pour cette édition forestière, un objectif capital : promouvoir ensemble une forêt wallonne plus résiliente, apte à faire face aux changements qui la menacent, plus productive en bois utile à la collectivité,

plus multifonctionnelle et proche de nous tous !

Temps de lecture : 9 min

Face aux défis actuels et futurs que rencontre la filière forestière, de la graine à la planche, quatre axes de réflexion sous-tendront la thématique retenue – « Ici commence un monde durable » – par les organisateurs de cette édition 2022 de Demo Forest : favoriser des forêts multifonctionnelles ; repenser la forêt future ; redévelopper une économie locale du bois ; et, enfin, sensibiliser les usagers et les consommateurs et former les acteurs de la filière. Ces principaux enjeux seront illustrés durant l’ensemble de l’événement et figureront aussi au cœur des causeries-débats.

Favoriser des forêts multifonctionnelles

« Le patrimoine naturel et les forêts de Wallonie doivent être gérés afin d’encore mieux répondre aux besoins sociaux, économiques et écologiques des générations actuelles et futures », estiment les organisateurs, Natacha Perat, Alexandre Devolf et Pascal Balleux.

Sur le terrain, la fonction productive (ou économique) procure de nombreux biens commercialisables, tous biosourcés, de manière directe ou indirecte : le bois, qu’il soit d’œuvre, d’industrie, pour l’énergie… ; l’eau répondant à nos besoins domestiques, industriels et agricoles ; certains aliments (gibiers, poissons, fruits, miel…) mais aussi certains constituants médicinaux.

La fonction environnementale (ou écologique) recouvre différents services écosystémiques indispensables pour notre bien-être. Citons notamment l’amélioration de la diversité biologique et génétique, la régulation du climat, la qualité de l’air, la prévention contre les inondations et la recharge des nappes aquifères, la purification de l’eau, le recyclage de matières et de polluants, la capture des poussières, le contrôle de l’érosion et d’autres encore.

Enfin, la fonction sociale des forêts procure des bénéfices directs et indirects aux citoyens. Ainsi, on recense plus de 18.000 emplois de l’amont à l’aval de la filière, en grande majorité favorables au développement rural. Sans oublier, entre autres, la popularité croissante des activités de détente et de loisirs en forêt !

« Outre la « production productive », les propriétaires et les gestionnaires forestiers doivent améliorer les objectifs multifonctionnels et mieux faire comprendre ces enjeux à l’ensemble des intervenants et des usagers », poursuivent-ils.

La forêt se doit de revêtir des fonctions économique et écologique, mais aussi sociale.  En témoigne la popularité croissante des activités de détente et de loisirs  organisées dans ce paisible environnement.
La forêt se doit de revêtir des fonctions économique et écologique, mais aussi sociale. En témoigne la popularité croissante des activités de détente et de loisirs organisées dans ce paisible environnement. - J.V.

Et de livrer leurs recommandations : « La forêt future devra fournir un ensemble de biens et services d’intérêts individuels et collectifs. La production de produits ligneux de qualité reste primordiale pour privilégier les usages locaux et favoriser l’emploi de proximité. D’autres enjeux importants devront aussi être pris en compte : renforcer la biodiversité des peuplements, mieux protéger nos sols, régulariser la quantité et améliorer la qualité des eaux et, in fine, garantir des atouts socio-récréatifs non perturbants ».

À ce sujet, et au-delà des bons principes sylvicoles, les certifications PEFC et FSC de gestion forestière durable insistent sur les performances environnementales et sociales des opérations forestières. De même, les Assises de la Forêt wallonne, actuellement déployées, visent à consulter les parties prenantes sur l’évolution et les enjeux de la forêt, selon ses différents axes économique, social, récréatif, climatique et environnemental. Un premier « Programme forestier régional » balisera les voies à emprunter pour « construire ensemble la forêt de demain ».

Repenser la forêt et sa sylviculture

Étant donné l’accélération des changements climatiques, les difficultés d’exploitation et les marchés fluctuants, les propriétaires et gestionnaires interrogatifs devraient, sans tarder, s’attacher à remodeler leur forêt, la rajeunir, la diversifier, l’enrichir, et donc s’investir et investir pour appliquer les meilleurs choix.

La sylviculture raisonnée jouera un rôle important dans l’atténuation du changement climatique grâce à la capacité des arbres à piéger le carbone, puis celle du bois à le stocker. En outre, la conservation de forêts de protection et d’habitats rares, la régénération des forêts vieillissantes, dégradées ou sinistrées et le (re)boisement de peuplements mélangés comptent parmi les mesures d’atténuation les plus pertinentes. En cas de vagues de chaleur, de tempêtes et de problèmes parasitaires accrus, les forêts dont la diversité et la proportion en essences plus résistantes sont les plus élevées sont celles qui seront les plus résilientes.

La forêt future devra certainement être plus diversifiée (essences, provenances, strates), plus naturelle mais transformée et reboisée ou enrichie si son renouvellement naturel est déconseillé, impossible ou déficitaire. Elle sera aussi plus vigoureuse (plants sains, maîtrise des végétations de blocage ou concurrentes) et moins sous la pression de la grande faune (équilibre agro-forêt-gibier ou mise en place des protections adéquates et nécessaires).

L’exportation massive de nos grumes feuillues entraîne non seulement des difficultés d’approvisionnement,  mais provoque aussi une fuite de la valeur ajoutée vers l’étranger.
L’exportation massive de nos grumes feuillues entraîne non seulement des difficultés d’approvisionnement, mais provoque aussi une fuite de la valeur ajoutée vers l’étranger. - J.V.

À ce titre, le Gouvernement wallon a approuvé un soutien régional de 18 millions pour inciter les propriétaires forestiers privés et publics à diversifier leurs régénérations pour mieux résister au changement climatique et intégrer davantage la biodiversité. Un projet d’agrément des travailleurs en forêt est également en cours d’élaboration.

« En toutes circonstances, la forêt sera cultivée dans les règles de l’art : sylviculture plus dynamique et plus économe ; respect des habitats, des sols et des cours d’eau ; sécurité, compétence et savoir-faire des opérateurs ; outils, matériels, techniques et chantiers plus performants et plus respectueux de la nature », encouragent les organisateurs de Demo Forest.

Du bois transformé et consommé localement

En Wallonie, la filière « bois » est active sur des marchés aussi différents que le papier-carton, les panneaux, l’emballage, l’ameublement, la construction, la chimie verte ou encore l’énergie. Les activités et les produits sont donc au cœur de la vie de tous les citoyens ! L’industrie du bois est en train de connaître une mutation profonde avec une grande diversification des usages et débouchés ; elle peut jouer un rôle important dans la mutation vers une bioéconomie locale, à la fois neutre pour le climat et compétitive.

La filière « bois » joue un rôle important dans l’économie régionale.  Plus de 18.000 emplois sont recensés de la graine à la planche.
La filière « bois » joue un rôle important dans l’économie régionale. Plus de 18.000 emplois sont recensés de la graine à la planche. - Demo Forest

L’utilisation du bois en construction amène de nombreux avantages : stockage du carbone, faible impact environnemental, rapidité de chantier, performance énergétique. Le bois constitue ainsi une excellente réponse au « monde durable » : valorisation des ressources de proximité, valeur ajoutée locale et emplois non délocalisables. Et en tant que combustible, le bois limite le recours aux énergies fossiles.

Cependant, en Wallonie, la forêt résineuse diminue significativement. Les scieurs résineux s’inquiètent d’un manque de ressources pour le futur.

Quant à la forêt feuillue, elle est en expansion, assez riche en volume sur pied, sous-exploitée, et d’une grande diversité d’essences pour des débouchés potentiellement nombreux. Néanmoins, l’exportation massive de nos grumes feuillues entraîne non seulement des difficultés d’approvisionnement, mais provoque aussi une fuite de la valeur ajoutée. Malheureusement, le rapatriement de cette valeur ajoutée, par une transformation et une utilisation du bois local, se heurte à des coûts de production particulièrement élevés et à des contraintes environnementales fortes.

« Renforçons l’innovation dans la transformation et les usages du bois et consommons du bois local ! », plaident de concert Natacha Perat, Alexandre Devolf et Pascal Balleux. Et de poursuivre : « Le bois est performant aussi bien techniquement qu’environnementalement ; il contribue à la lutte contre les changements climatiques et peut catalyser le développement de l’économie circulaire. Accroître son utilisation semble une évidence écologique et socio-économique. La Wallonie a besoin d’une industrie forte, diversifiée, couvrant l’ensemble des débouchés du bois (matériau, énergie, chimie…), qui développera plus l’usage local des bois feuillus, gage de préservation de la diversité de nos forêts. »

Dans ce cadre, l’outil des ventes de bois en gré à gré est aujourd’hui sous-exploité ; il est utilisé à peine à 30 % de son plein potentiel. Il convient de sensibiliser davantage les communes, en collaboration avec leurs responsables forestiers, aux multiples avantages de priorisation d’une partie des ventes de bois aux scieurs locaux.

Pour renforcer les capacités de valorisation de la ressource régionale par un tissu industriel diversifié et compétitif, le Gouvernement wallon a approuvé deux projets dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie. Le premier vise le développement de projets d’économie circulaire de bois sous différentes formes ; le second ambitionne de développer les première et deuxième transformations du bois feuillu pour créer des filières de valorisation locales limitant la dépendance à l’exportation.

Sensibiliser le public et former les acteurs de la filière

Les forestiers sont de plus en plus confrontés à des critiques et attitudes émotionnelles des citoyens. Parmi elles, citons la revendication prioritaire de la fonction écologique des forêts, les critiques sur l’état des forêts et leur avenir, l’incompréhension de l’abattage d’un arbre, les chantiers d’exploitations jugés « destructeurs »…

Face à ces revendications et à certains actes contestataires de plus en plus interpellants, des campagnes de sensibilisation persuasive et éducative s’imposent. Les organisateurs de Demo Forest proposent, entre autres, d’expliquer simplement les multiples fonctions de la forêt et les missions des professionnels de la filière, de rétablir le lien positif entre l’arbre et le bois, de justifier les opérations sylvicoles…

Les Assises de la Forêt wallonne, actuellement déployées, visent  à consulter les parties prenantes sur l’évolution et les enjeux de la forêt, selon  ses différents axes économique, social, récréatif, climatique et environnemental.
Les Assises de la Forêt wallonne, actuellement déployées, visent à consulter les parties prenantes sur l’évolution et les enjeux de la forêt, selon ses différents axes économique, social, récréatif, climatique et environnemental. - J.V.

Dans le même temps, l’éducation des jeunes aspirants aux métiers forestiers et la formation continue des professionnels constituent une priorité : les connaissances et les compétences sont de plus en plus exigeantes. Bien accompagnés, les propriétaires et gestionnaires pourront appliquer de nouvelles solutions climato-intelligentes pour étayer leurs projets de (re)boisements (essences et provenances optimales, fournitures adéquates, entrepreneurs agréés…) et mettre en œuvre des techniques sylvicoles plus performantes et plus respectueuses de la nature.

Les transformateurs réclament aussi des collaborateurs mieux formés aux nouvelles technologies et le secteur est confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, offrant des opportunités à un grand nombre de profils.

La sensibilisation des usagers de la forêt et la formation aux métiers verts ne peuvent ignorer deux enjeux prioritaires indissociables. Premièrement, il convient de rapprocher les citoyens de la forêt et de la filière forêt-bois et les réconcilier par des gestions et exploitations forestières réfléchies et réalisées dans les règles de l’art. Secundo, il est nécessaire de développer une filière bois forte, innovante pour renforcer l’emploi local, limiter l’empreinte sur l’environnement et conserver dans nos régions la valeur ajoutée du matériau bois, noble par excellence.

Rappelons qu’à cet effet, les centres de compétences du Forem « Secteurs Verts » et « Wallonie Bois », comme d’autres associations et organismes, projettent tout un éventail de formations métiers et d’autres modules courts liés à la gestion durable de la forêt et aux nouvelles pratiques et technologies, entre autres pour les travaux forestiers, l’exploitation forestière et la construction bois.

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