Lutte contre l’odeur de verrats: les réponses de mâles entiers à l’utilisation d’un aliment d’engraissement
L’élevage de mâles entiers se veut être l’alternative à la castration des porcelets la plus respectueuse du bien-être animal et de l’environnement. Elle suscite toutefois encore de l’inquiétude quant à la qualité de la viande. Un certain nombre de facteurs sont en effet susceptibles d’influencer les concentrations en scatol et androsténone, molécules responsables des odeurs dans la viande, et d’autres paramètres de qualité et de performance. Certains aliments tels que l’amidon cru de pomme de terre ou la chicorée peuvent limiter le risque d’odeur due au scatol. La race a également un impact.


En 2020, le Cra-w a publié aux Journées de la Recherche Porcine à Paris les résultats d’un essai portant sur l’effet d’un aliment d’engraissement sur les teneurs en scatol et androsténone (molécules responsables des odeurs dans la viande) dans le gras de mâles entiers croisés Duroc ou croisés Piétrain, leurs performances et comportements et sur la qualité des carcasses.
L’essai, qui s’est déroulé au Centre wallon de recherches agrono
Un effet race
Pour l’ensemble de la période d’engraissement, un effet race (R) a été observé sur les performances des mâles entiers (Tableau 1) : gain quotidien moyen (GQM), indice de consommation (IC) et consommation moyenne journalière (CMJ) significativement favorables pour des croisés Duroc. Les performances des 13 derniers jours, période de l’aliment testé, montrent uniquement un effet race sur la CMJ. Il n’y a pas eu d’effet de l’aliment sur les performances zootechniques.
Concernant les comportements, les mâles entiers Piétrain ont montré significativement moins d’exploration et les mâles entiers recevant l’aliment TS, peu importe la race, ont montré significativement moins de comportements sociaux positifs et davantage de comportements sexuels.
Un effet significatif
de l’aliment TSLa technique du nez humain à l’abattoir a montré une note moyenne d’odeur de verrat significativement plus élevée, donc plus odorante, pour les verrats Duroc et aucun effet de l’aliment, peu importe la race. La fréquence des notes 2 (odeur) n’a pas été significativement influencée par la race et par l’aliment. Le nez humain à l’abattoir n’a pas permis de mettre en évidence un effet aliment.
Par contre, la distribution d’aliment TS en fin d’engraissement a bel et bien permis de réduire significativement le taux de scatol, comparativement à l’aliment témoin. Tous les verrats TS Piétrain ont présenté une teneur en scatol sous le seuil de 200 ppb au-delà duquel les viandes sont considérées comme présentant des risques d’odeur et de goût désagréables. Par contre, 5 verrats TS Duroc ont présenté une teneur en scatol au-delà de 200 ppb. Et de manière plus globale, les verrats Duroc avaient, en moyenne, une teneur plus élevée en scatol et en androsténone que les verrats Piétrain.
Il y a eu un effet significatif de la race sur la qualité des carcasses. Le rendement carcasse et la teneur en viande maigre ont été significativement plus élevés pour les porcs Piétrain. Par contre, ceux-ci ont, en moyenne, toujours présenté un pH plus bas à 45 min. et à 24 heures. L’aliment TS a amélioré le pH 45 min mais pas le pH 24 heures.
De meilleurs performances mais un rendement moindre pour les croisés Duroc
Les verrats croisés Duroc ont présenté plus de scatol et d’androsténone, de meilleures performances zootechniques, des carcasses avec de meilleurs pH mais un rendement moindre, comparativement aux croisés Piétrain. Le taux de scatol a été réduit de manière significative grâce à l’aliment Taintstop distribués les 13 derniers jours. L’aliment n’a pas impacté significativement les performances ni la qualité des carcasses ni limité les comportements de monte.
Cra-w