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La balance alimentaire cations-anions, un indicateur à prendre en compte au tarissement

Prise en compte depuis plusieurs dizaines d’années dans les élevages principalement laitiers, la balance (ou le bilan) alimentaire cations-anions (Baca) est un indicateur important en alimentation animale, notamment pour les vaches laitières en tarissement.

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La Baca s’exprime en meq/kg de MS, (milliéquivalents par kilogramme de matière sèche). Elle varie en fonction des teneurs en cations (K+ et Na+) et en anions (Cl- et S-) de l’aliment ou des différents aliments qui composent la ration. Elle se calcule couramment de façon simplifiée comme ceci : BACA = (Na + K) – (Cl + S). La formule = (mg de Na/0.023 + mg de K/0.039) – (mg de Cl/0.035 + mg de S/0.016) intègre directement la conversion en meq à partir de données en g/kg présentes sur les bulletins d’analyses. Il existe également d’autres formules plus approfondies qui incluent des éléments supplémentaires comme le calcium, le magnésium ou encore le phosphore. (Moreau, 2007)

Au niveau des aliments…

Les teneurs en minéraux peuvent varier en fonction de l’espèce, de la fertilisation, du stade de végétation ou encore de la conservation. Les BACA de différentes catégories d’aliments ont été analysées par le centre de Michamps. Globalement, les aliments plutôt riches en énergie tels que les concentrés, le maïs, les céréales immatures mais aussi les fourrages de prairies frais constituent les aliments aux balances les moins élevées. Suivent ensuite les mélanges de prairies conservés et la luzerne.

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Les fourrages aux BACA les plus élevées sont ceux qui contiennent des légumineuses comme le trèfle et la luzerne. Ceci s’explique notamment par les teneurs très élevées en potassium chez les légumineuses. À l’inverse, les concentrés, céréales immatures ainsi que le maïs sont pauvres en cations K+ et Na+, ce qui influence une balance faible.

Quid d’une Baca trop élevée chez la vache tarie ?

La balance des anions et cations impacte entre autres les pH sanguin, urinaire ou digestif ainsi que d’autres paramètres métaboliques. En élevage laitier, c’est principalement pour éviter une hypocalcémie subclinique voire une fièvre de lait post-partum qu’il est intéressant de surveiller la BACA de la ration chez les vaches taries. Une alimentation trop riche en potassium (donc à BACA élevée) a un effet négatif sur l’action d’une hormone régulatrice du calcium sanguin. Le potassium limite alors indirectement la mobilisation de calcium et augmente les risques de fièvre de lait. D’autres causes peuvent provoquer la fièvre de lait. Par exemple, une alimentation trop énergétique ou trop riche en calcium limite la mobilisation du calcium osseux. Le calcium sanguin se retrouve alors en quantité trop faible et conduit à une hypocalcémie subclinique voire une fièvre de lait. Une bonne gestion de la ration des vaches taries permet de limiter les risques de déficit de calcium sanguin lors du démarrage de la lactation et donc de fièvre de lait.

Quelle gestion pour les taries ?

Idéalement, les vaches laitières en tarissement sont séparées en 2 lots :

– les vaches en première phase de tarissement : environ 8 semaines avant le vêlage jusqu’à 2-3 semaines avant le vêlage. Elles recevront une ration constituée d’aliments grossiers, leur permettant d’assurer une bonne fin de croissance du veau, sans être suralimentées. De la paille et/ou du foin à disposition permet d’apporter de la structure et d’entretenir le volume et le travail du rumen. Afin d’assurer un apport suffisant de minéraux des CMV peuvent être administrés ;

– les vaches en préparation vêlage : environ 2-3 semaines avant le vêlage. Cette période doit être très surveillée afin de préparer au mieux le début de lactation. La ration distribuée à cette catégorie de vaches sera plus concentrée et servira de transition progressive avec la ration des vaches en lactation. On retrouvera généralement dans cette ration de l’ensilage d’herbe et de maïs, des céréales et des CMV, souvent indispensables aux besoins de fin de gestation. Les céréales et le maïs, riches en amidon ont l’avantage d’avoir une BACA faible et de préparer la flore du rumen au début de la lactation. Un apport suffisant en vitamine A est aussi essentiel pour la croissance du fœtus et pour la protection du veau lors de ses premiers jours grâce au colostrum.

La BACA durant cette période devra idéalement être proche de 0 meq/kg MS. Des sels anioniques spécifiquement conçus peuvent être distribués durant cette période pour éviter tout risque de fièvre le lait.

Pour les ensilages d’herbe et les herbes fauchées, une gestion raisonnée de la fertilisation et des stades d’exploitation pourraient permettre au lot concerné (vaches taries) de valoriser ces fourrages sans risque. En effet, certains fourrages peuvent être exploités dans l’optique d’être destinés uniquement aux vaches taries en limitant/supprimant les fertilisations et en pâturant/fauchant à un stade plus avancé (avec l’évolution des végétaux, les teneurs en minéraux diminuent). Attention à tout de même veiller aux teneurs du sol qui ne doivent pas décliner pour la cause. Une suppression prolongée de la fertilisation pourrait entraîner un appauvrissement du sol et par conséquent une baisse de production du fourrage. Les espèces utilisées peuvent aussi être choisies telles que la fléole ou bannies comme la luzerne afin d’adapter la composition du fourrage. En cas de BACA tout de même trop élevée de la ration de tarissement, les compléments anioniques peuvent être utilisés. Par contre, une fois en période de lactation, la BACA de la ration devra plutôt être positive, mieux ingérée par les bêtes. Une discussion autour de la composition de la ration avec un nutritionniste est toujours vivement recommandée.

Louise Sevrin, Sébastien Cremer, Richard Lambert, Isabelle Dufrasne, Virginie Decuyenaere, rnaud Farinelle.

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