Mieux vaut prévenir que guérir, tel est le leitmotiv à adopter en agriculture. Les méthodes préventives sont variées et leur réussite tient en leur intégration combinée dans un même système de culture. En effet, l’objectif est d’atteindre des synergies entre les effets associés de différentes méthodes alternatives. Individuellement, celles-ci pourraient être moins efficaces ou moins adaptées.
Une pratique préventive familière : la rotation des cultures
La diversification spatiale et temporelle est la clé pour minimiser la pression des insectes ravageurs et pour prévenir efficacement leur installation. En agriculture bio, la rotation des cultures et l’alternance de cultures d’été et cultures d’hiver est l’alternative agronomique aux pesticides synthétiques la plus efficace. La rotation permet de casser le cycle de vie des ravageurs.
À titre d’exemple, en cultures de légumes, réaliser une rotation entre cultures de légumes-feuilles et de légumes-racines prévient l’installation d’insectes ravageurs. Dans le même ordre d’idées, il est essentiel d’éviter de cultiver de manière trop fréquente des cultures de la même famille botanique sur la même parcelle.
La prévention passe également par des pratiques agroécologiques qui tendent à améliorer l’efficacité d’ennemis naturels pour réduire la pression des ravageurs.
La mise en place de cultures mixtes et de cultures intercalaires
Ce principe se base sur l’association spatiale de deux (ou plusieurs) espèces culturales. Alors que la première technique (« culture mixte ») consiste à planter simultanément deux ou plusieurs plantes sur un même terrain, la deuxième (« culture intercalaire ») consiste à semer deux ou plusieurs cultures en même temps sur une parcelle donnée, dans des rangées séparées.
À côté de leur efficacité dans la lutte biologique, les cultures mixtes et les cultures intercalaires favorisent également le maintien de la fertilité du sol et des rendements culturaux plus élevés.
Ainsi, certaines espèces végétales peuvent agir comme
Une autre approche de lutte biologique via les cultures-pièges est la stratégie d’
L’implantation de bandes fleuries et enherbées
Créer des habitats propices aux prédateurs et parasitoïdes naturels des ravageurs peut également être réalisé par l’intermédiaire de bandes fleuries et bandes enherbées.
A grande échelle au sein de cultures plein champ, à plus petite échelle dans des cultures maraîchères ou simplement dans un jardin, les bandes fleuries favorisent la lutte biologique contre les ravageurs en accueillant les insectes auxiliaires. Ces structures participent grandement à la biodiversité fonctionnelle en apportant des fonctions de protection, des refuges d’hivernation, des ressources alimentaires pour les insectes auxiliaires et d’autres organismes bénéfiques. Entourer les parcelles de haies brise-vent, de bons refuges pour les insectes auxiliaires, permet également de diminuer la dispersion des ailés entre les différentes cultures.
Une réflexion en amont de l’implantation des bandes est conseillée : favorisez une diversité d’espèces à floraison précoce et étalée dans le temps, veillez à ce que les espèces choisies soient adaptées aux conditions pédoclimatiques de la parcelle, priorisez la durabilité et la facilité de gestion des espèces, et, finalement, la capacité à accueillir des pucerons spécifiques.
Des bandes mixtes (enherbées et fleuries) peuvent aussi être établies. Celles-ci sont composées de graminées (par exemple, de la fétuque des prés, de la houlque laineuse, du ray-grass…) qui, par leur structuration en touffe, offrent un site d’hivernation aux carabes, staphylins et araignées (des prédateurs qui raffolent des pucerons !). Les légumineuses ajoutées au mélange telles que des espèces de trèfles représentent également des sites d’hivernation pour les insectes auxiliaires.
Finalement, à ce mélange de graminées et de légumineuses est ajoutée une composition d’espèces végétales qui bénéficient aux insectes adultes floricoles comme sources de nourriture et sites d’hivernation telles que l’achillée millefeuille, la carotte sauvage, la consoude officinale, le lotier corniculé ou encore le bouton d’or.
Mulcher, une méthode aux nombreux atouts
Mulcher consiste à placer au pied des plantes du paillage, des branches issues de la taille d’arbres… En plus de freiner le développement des mauvaises herbes à proximité de la culture, le mulch enrichit le sol en humus, conserve son humidité, limite son érosion par le vent ainsi que sa compaction par la pluie. Sous cette couverture, le sol est également moins soumis aux températures extrêmes, ce qui préserve ses constituants.
À côté de ces atouts bien connus des maraîchers et potagistes, l’application de mulch de paille permettrait d’interférer avec le comportement de recherche d’hôte des pucerons, et représenterait une barrière protectrice pour la culture « mulchée » face aux attaques d’insectes piqueurs-suceurs.
Couvrir le sol dans les vergers
Les pucerons sont parmi les ravageurs causant le plus de dégâts en horticulture, en agriculture, en sylviculture, et dans les jardins. Couvrir le sol d’espèces végétales-refuges de la faune auxiliaire est une autre méthode de lutte préventive.
À titre d’exemple, l’implantation d’une couverture de
Des réflexions en amont, avant même le semis !
Le choix avant plantation des parcelles de cultures adjacentes l’unes à l’autre doit être bien réfléchi : des pucerons qui migrent d’une parcelle de culture à une autre peuvent créer énormément de dommages aux cultures. Sélectionner soigneusement l’habitat d’une culture avant la plantation permet, par exemple, d’éviter les dispersions du puceron du pois dans des cultures de légumineuses qui auraient été implantées à proximité.
Par ailleurs, la période de semis doit être également mûrement réfléchie au préalable : il faut privilégier un calendrier cultural dissociant les périodes de vol des périodes de sensibilité des plantes.
À titre d’exemple, une étude a montré qu’un semis précoce a permis à une variété de lentille d’étendre sa période de croissance et de donner plus de temps à la culture de se développer avant l’apparition des populations de pucerons (la rendant donc plus robuste face à l’attaque).
Nature & Progrès