Un place à prendre chez nos maraîchers

Variante du concombre (Cucumis sativus), le cornichon se présente sous différentes variétés. L’ancienne dite «Vert petit de Paris» peut encore être cultivée, tandis que l’Andromonoïque, assez rustique, peut s’autoféconder.

Quant aux nouvelles, hybrides F1 (Regal F1 par exemple) le plus souvent ou non (Hokus…), elles sont résistantes à la cladosporiose, au CMV et assez tolérantes à l’oïdium. Notons que la résistance au mildiou des Cucurbitacées fait actuellement l’objet de travaux chez les sélectionneurs.

Du côté des variétés dites gynoïques, la présence d’insectes pollinisateurs est nécessaire. La présence de ruches d’abeilles ou de bourdons sur le site est donc un avantage.

Deux plants par motte

La germination est optimale entre 19 et 24 °C, mais 15°C est un minimum. Notons que les variations importantes de température affaiblissent la jeune plante et favorisent diverses maladies de faiblesse.

Pour pouvoir récolter à partir de début juillet en plein air, la plantation sera organisée vers le 1er juin au stade cotylédons étalés, 1ère feuille pointante. Le semis en mottes de 4-5 cm se fera deux semaines plus tôt, sous abris légers, à raison de deux graines par motte.

A cause des maladies de pied, une rotation de 5 ans est conseillée.

La densité est de l’ordre d’une motte de deux plantes par m² en moyenne, avec des espacements entre lignes de 1,5 à 1,8 m.

Pas de production sans bonne irrigation

La plantation sur paillage plastique noir 20µm permet un léger gain de chaleur au début de la culture, une économie d’eau et une maîtrise de l’enherbement dans la ligne. Le tuyau d’irrigation peut d’ailleurs être placé sous le bâchage.

L’irrigation est obligatoire pour assurer une bonne production. Elle va de paire avec un sol bien drainant. Les tensiomètres permettent de piloter facilement les apports (tendre vers 20 bars).

Une fumure de compost (15 tonnes) ou fumier de ferme (30 tonnes) couvre pratiquement les exportations de la culture. Une attention particulière sera portée sur le magnésium, sur base d’une analyse préalable du sol. Les besoins de la culture en MgO sont importants au moment de l’élongation des tiges et de nombreux sols de notre région ont des teneurs un peu limites en cet élément. Le magnésium peut aussi être apporté avec l’eau d’irrigation au début de la culture.

Le palissage permet de faciliter significativement la récolte. Les piquets en bois protégé de 2 m de long et 6 cm de diamètre sont espacés de 4 mètres dans la ligne. Il sont enfoncés de 50 cm et supportent un fil de fer tendu 15 cm au dessus du sol. Un autre est tendu à 1,5 m du sol. Ces deux fils soutiennent un filet de plastique sur lequel s’étendront les tiges des cornichons.

La taille est facile, elle consiste à étêter les tiges quand elles s’allongent au-delà des zones de culture prévues. Des tiges secondaires repartent ensuite à l’aisselle des feuilles de la base.

Privilégier les petits calibres

Le poste coût de la main-d’œuvre, pour la récolte essentiellement, est celui qui déterminera la rentabilité de la culture.

La récolte doit se faire pratiquement tous les jours pour disposer de fruits de la taille souhaitée. Les éventuelles opérations de cueillettes par les clients sont complétées par des interventions professionnelles en alternance pour limiter la présence de fruits oubliés qui grossissent au point de devenir inutilisables. Ces derniers doivent être récoltés même s’ils ne sont pas commercialisables pour éviter qu’ils ne freinent le développement de la plante.

La calibres commerciaux vont de l’extra-fin (13 à 15 mm de diamètre) au fin (15 à 19 mm de diamètre). Les calibres moyens (19 à 23 mm) et gros (supérieurs à 23 mm) ne font l’objet que de demandes spécifiques.

Maladies et ravageurs

La fonte des semis (Pythium du type ultinum notamment, Phytophtora cinnamomi, Fusarium spp.) et le mildiou des cucurbitacées (Pseudoperonospora cubensis) sont les deux maladies les plus fréquentes depuis les progrès récents en résistances variétales.

La fonte des semis est prévenue par les conditions de levée en mottes pressées (températures stables autour des 19 à 24°C, éviter la stagnation d’eau au niveau des caisses de semis). Une rotation de 5 ans est requise au champ de production.

Le mildiou est quant à lui prévenu par une bonne aération des cultures et l’emploi de fongicides préventifs en tenant compte des délais avant récolte. Il s’attaque aux feuilles et peut anéantir une culture en deux semaines. La durée de la période humide sur le feuillage est déterminante pour permettre une sporulation. Le mois de juin très humide 2016 lui a été très favorable, avec des températures moyennes proches de 16 à 20°C. L’irrigation sur le feuillage favorise le mildiou et ne sera employée que lorsque la lutte contre les acariens et les thrips la justifie. L’emploi de fongicides est compliqué dans l’organisation des chantiers, la récolte étant presque quotidienne. Les progrès génétiques sont donc attendus avec fébrilité.

Les pucerons, acariens et thrips sont les ravageurs les plus fréquents. Contre les pucerons, les auxiliaires (micro-hyménoptères, syrphes, chrysopes, coccinelles) contrôlent souvent bien la situation pour cette culture estivale. Contre les acariens et thrips, l’irrigation par aspersion utilisée au début de l’apparition des colonies permet de limiter leurs extensions.

Voir aussi fytoweb.be/fr

F.

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