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Bien réussir son semis

Pour de nombreuses cultures maraîchères semées en place

la qualité de la levée est déterminante pour la réussite de la culture. L’objectif est d’avoir une bonne imbibition des graines pour permettre leur germination rapide et une levée homogène.

Temps de lecture : 6 min

Les premiers semis de l’année sont déjà réalisés. Ceux qui se feront de mai à août sont particulièrement dépendants de qualité de contact graine-sol.

L’imbibition

Mise en terre, la graine va s’imbiber d’eau. La température et l’attraction de l’eau entre la graine et le sol sont deux facteurs déterminant dans cette première phase qu’est l’imbibition.

La température optimale dépend de l’espèce maraîchère et varie dans une moindre mesure selon la variété. Plus généralement, la température influence la vitesse de germination.

L’attraction d’eau entre la graine et le sol dépend d’une part du pouvoir de succion de nature complexe de la graine et d’autre part de la concentration en sels dissous dans la solution du sol. Elle nécessite un contact franc entre la graine et le sol. Les semoirs de précision ont des socs et des mécanismes de recouvrement et de tassement de sol permettant ce bon contact. Mais ce n’est pas toujours le cas. En particulier les semoirs polyvalents légers permettent une bonne distribution des graines, mais le recouvrement et surtout le tassement de la graine au sol sont très difficiles à régler. De nombreux échecs proviennent d’un manque de tassement de la graine dans le fond du sillon. Ce rôle est joué par la roue plombeuse.

Le plombage doit permettre d’améliorer le contact entre la graine et le sol placé sous celle-ci ; la terre de couverture ne sera pas plombée pour faciliter les échanges gazeux.

Lors de la phase d’imbibition, un retour du niveau d’hydratation est possible, tant que la radicule ne s’est pas développée.

La germination, activité physiologique intense

Quand la graine s’est bien imbibée d’eau, la germination proprement dite commence. La radicule émerge des téguments protecteurs de la graine, la tigelle s’allonge et émerge du sol.

La germination correspond à une activité physiologique intense, exigeante en oxygène. Les sols gorgés d’eau n’apportent que peu d’oxygène disponible au niveau de la graine, avec des conséquences sur la germination.

Dès que la radicule s’est développée, l’humidité doit rester présente sans interruption.

Le manque d’oxygène au niveau du lit de germination est une cause de perturbation de la germination. Une croûte de battance due à de violentes précipitations après le semis ou due à un plombage important de surface peut réduire les échanges gazeux entre le lit de germination et l’air en surface de sol. Un sol gorgé d’eau ne permet pas non plus une bonne oxygénation de la graine et de la jeune plantule. Un semis profond est plus sensible au manque d’oxygène.

La température optimale de germination

Pour pratiquement toutes les espèces maraîchères, les températures optimales de germination sont connues. Notons que les températures optimales de croissance sont généralement quelque 5 ºC plus élevés que celle de germination.

La somme thermique de germination

Les différentes étapes se font à une vitesse plus rapide quand la température de germination est optimale. Pour chaque espèce maraîchère, la quantité de chaleur nécessaire s’approche d’une valeur standard d’exigence thermique. Nous pouvons estimer la durée de cette période en calculant la somme thermique par rapport à la température minimale de germination. À l’issue de la période calculée, nous pouvons nous attendre à constater 50 % de levée. La table de Wagenvoort et Bierhuizen est classique à ce sujet (voir tableau ci-joint).

Chaque jour, le nombre de degré.jour compté est égal à la température moyenne quotidienne (soit le minimum + le maximum divisés par 2) moins la température minimum de l’espèce. Par exemple, pour une culture de betteraves potagères, une journée avec 8º de température minimale et de 12º de température maximale va compter pour (8+12)/2 – 2,1 = 7,9 degrés.jours. Chaque jour nous ajoutons le nombre de degrés-jours correspondant et quand la somme de 119 sera atteinte, nous pourrions espérer constater 50 % de levée au champ.

Cette notion reste théorique, basée sur des moyennes. En pratique, si l’humidité du sol permet une bonne imbibition de la graine, si le contact de la graine avec le sol est franc et si le sol est bien aéré, la période de levée sera plus courte. Les améliorations variétales permettent aussi de raccourcir la période, surtout pour les variétés classées parmi les précoces.

En interne à la plantule

La plantule retire toute son énergie des réserves de la graine elle-même jusqu’à ce que la photosynthèse puisse prendre progressivement le relais. En cas d’allongement de la période de levée (profondeur de semis excessive, battance de surface, compaction du sol) certaines plantes ne pourraient plus trouver suffisamment d’énergie pour lever.

Le contact entre le sol et la graine

Un contact franc entre la graine et le sol est nécessaire pour favoriser une bonne imbibition et un maintien de l’apport d’eau durant toute la phase de germination. Il est assuré par le plombage de la ligne de semis, avant le recouvrement.

Pour un sol limoneux, une pression au sol de 1 kg par cm de largeur de la roue plombeuse est une indication. Par exemple, si la roue plombeuse mesure 2,5 cm de large, l’effort pour la soulever, mesuré à l’aide d’un peson, peut être de l’ordre de 2,5 kg. Pour que le plombage soit performant, il faut aussi que le sol soit affermi sous le lit de semis et que le profil soit homogène.

Le recouvrement des graines

La terre fine et les petites mottes de sol qui recouvrent la ligne de semis visent à limiter la déshydratation du lit de semis et de protéger les graines de ravageurs animaux. La profondeur de semis, ou plutôt l’épaisseur de la couche de recouvrement, n’est pas essentielle à la réussite de la levée tant qu’il n’y a pas de croûte de battance. Par contre, si une croûte de battance se forme après le semis, l’épaisseur de cette couche est déterminante et les faibles recouvrements sont préférables. Au moment du semis, nous choisissons donc le réglage tenant compte de la vulnérabilité du sol et des risques d’orages.

Les effets des fertilisants et la salinité

Une fumure minérale ou organique importante ou un chaulage récent avant le semis augmentent la quantité de sels solubles dans l’eau présents dans la solution du sol. Dans des situations à risques, nous pouvons atteindre un niveau de toxicité qui réduira le pourcentage de plantes levées.

Sous abri, la salinité du sol amène les mêmes risques et de manière aiguë.

Régler le semoir

Le réglage du semoir tient compte des différents facteurs évoqués ci-dessus. Ce n’est pas si aisé, en particulier dans les petites fermes maraîchères où les parcelles sont trop exiguës que pour pouvoir faire appel à un entrepreneur spécialisé et où le semoir polyvalent est choisi pour être un compromis pour les différents semis à prévoir.

Les différents types de  semoirs sont utilisés par les maraîchers

Le semis en ligne permet le dépôt de semences en une ligne, les semences sont clairsemées mais pas positionnées précisément. La densité réelle de la population de graines est en lien étroit avec le calibre des semences.

Le semis éclaté ou dispersé réalise le même travail en disposant les graines sur une bande étroite de fond de sillon.

Le semis de précision assure le dépôt graine par graine et donc une grande précision dans les populations semées. Les lots de semences doivent être de haute qualité germinative.

F.

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