Quelques heures avant de refermer pour deux ans les portes d’Agribex, Johan Colpaert, président de Fedagrim (la Fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements pour l’Agriculture et les Espaces verts), Stefaan Forret, président du salon, et Jean Devillers, président du Brussels Livestock Show, ont dressé un premier bilan de l’édition 2017.
Main dans la main
De son côté, Johan Colpaert a rappelé l’importance du Pacte agricole récemment présenté par Fedagrim (lire notre édition du 17 novembre). En 10 points, ledit Pacte entend rendre équité et viabilité à l’agriculture belge. Agribex était une occasion unique de sonder les agriculteurs et hommes et femmes politiques sur ces propositions. « À ce titre, cela fait très longtemps que nous n’avions plus accueilli cinq ministres (Denis Ducarme, Maggie De Block, Willy Borsus, Geert Bourgeois et René Collin) à l’inauguration du salon », ajoute-t-il. Les ministres wallons ont d’ailleurs déjà invité Fedagrim à discuter.
Les agriculteurs qui ont pris connaissance du Pacte agricole semblent réagir positivement. Ils attendent des gouvernements fédéral et régionaux qu’ils travaillent ensemble, main dans la main, et non les uns contre les autres, notamment en vue de définir clairement la position de la Belgique par rapport aux directives européennes. « Bien qu’il y ait inévitablement des aspects régionaux, il est essentiel de ne pas se diviser sans quoi nous serons affaiblis. »
La Fédération indique également qu’elle n’occupe pas, et n’entend pas occuper, une place de leader dans cette affaire mais attend des organisations agricoles qu’elles l’aident à placer le Pacte agricole sur le devant de la scène. Johan Colpaert appelle également toute organisation qui le souhaite à rejoindre le projet, « afin de se battre ensemble pour une agriculture durable et rentable ». Les associations flamandes Natuurpunt et Bioforum ont déjà répondu positivement à l’appel. « Fedagrim n’a pas la solution, mais peut aider au développement d’un plan conduisant à une solution. »
Des changements qui plaisent
Stefaan Forret, président du salon, revient quant à lui sur les changements amorcés en 2015, dont le changement de palais pour les marques de tracteur. « Faire accepter cette modification n’a pas été facile mais elle semble maintenant faire l’unanimité auprès des exposants et des visiteurs », explique-t-il. En outre, certains exposants non inclus dans le système de rotation souhaitent l’intégrer afin, disent-ils, d’attirer de nouveaux clients.

La mise en place d’une seconde allée centrale, par Brussels Expo, constituait un atout pour cette édition. En effet, les flux de visiteurs étaient mieux répartis entre les différents palais et les « embouteillages » ont été évités dans les zones plus fréquentées. « Cela donne toutefois l’impression d’une moindre fréquentation mais les chiffres du ticketing montrent le contraire. » À ce propos, les organisateurs pensaient avoir accueilli plus de 100.000 visiteurs bien que les chiffres exacts n’étaient pas encore connus. Un chiffre légèrement inférieur à ceux de 2015 mais qui satisfait néanmoins l’organisation qui reconnaît « qu’attirer les agriculteurs sur un salon centré sur l’investissement n’est pas facile au vu du contexte actuel ». Notons encore que de nombreux Français et Néerlandais avaient fait le déplacement à Bruxelles.
M. Forret souligne aussi qu’Agribex gagnera encore en professionnalisme pour les éditions à venir.
Du succès aussi pour les îlots
Les îlots thématiques, créés en 2015, ont à nouveau attiré leurs lots de visiteurs. Ainsi, l’îlot « Workshop Live » a eu énormément de succès et Fedagrim espère qu’il suscitera des vocations dans un futur proche, car le secteur manque cruellement de mécaniciens agricoles.
Sur l’îlot « Smart Farming », la gestion des données suscitait beaucoup d’intérêt. Il en va de même sur l’îlot « Feed the Future » consacré, entre autres, à la corrosion du béton et au gaz de lisier.
« Pour perdurer, le Brussels Livesstock Show doit changer de modèle », clame Jean Devillers, son président (lire notre édition du 8 décembre). Outre les problèmes de financement (coût de la paille, des bâtiments, du personnel…), se pose la question de la fréquentation. En effet, le nombre d’éleveurs et d’animaux présents diminue d’année en année.
« Nous avons la volonté de maintenir la présence animale à Bruxelles, mais sous quelle forme ? », s’interroge-t-il. Un partenariat public-privé est une des solutions évoquées pour atteindre l’équilibre budgétaire mais il faut aussi redynamiser les éleveurs wallons et flamands.
Concrètement, Jean Devillers se donne 6 mois pour disposer d’un plan et d’un budget pour Agribex 2019 et ses concours.