Le Franches-Montagnes: un mental et une polyvalence pour un vrai cheval de famille

L e Franche-Montagne voit le jour dans le Jura Suisse aux alentours de 1880 comme l’un des premiers modèles de traits légers élevés en Europe Occidentale. Issu d’un croisement entre des juments comtoises et des étalons demi-sang anglo-normands, de nombreux autres croisements interviennent dans la race pour faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. C’est le cas notamment du Noriker, cheval de trait autrichien, et du Hackney anglais, cheval élégant réputé pour l’attelage.

Bien sur ses pattes, bien dans sa tête

Physiquement, le Franche-Montagne est un cheval rustique à bien des égards. Moyennement lourd, il se caractérise par une ossature massive, une musculature puissante, une robe qui peut être baie, noire ou alezane, sans trop de marques blanches. Il toise entre 1 m 50 et 1 m 60 et pèse entre 550 et 650 kg. Énergique, il doit être doté d’une impulsion naturelle et d’allures souples et légères.

Mentalement, il s’agit d’un cheval sociable et bien dans sa tête. Il est volontaire, a de la vivacité et beaucoup d’intelligence. De plus en plus d’amateurs de chevaux se tournent vers cette race, qu’ils soient attirés par un cheval de loisir ou par un cheval de sport. Il s’illustre dans toutes sortes de disciplines telles que l’attelage mais aussi la voltige, le trec, le dressage, l’équitation western et l’équithérapie.

Les tests en terrain

Mais pour être accepté par le stud-book, les équidés doivent présenter différents tests afin de vérifier qu’ils possèdent bien les critères demandés par la race. Le premier test est le pointage des poulains. Il sont alors observés sous la mère. Trois notes leur sont attribuées en fonctions de leur type, leur conformation et leurs allures.

Un deuxième test est ensuite réalisé à l’âge de trois ans. Cette épreuve détermine si les juments présentées peuvent être admises à la reproduction. Il s’agit d’un test en terrain qui reprend un concours de modèle et allures, une évaluation par rapport aux qualités qu’un cheval d’attelage se doit d’avoir et une évaluation des aptitudes équestres. Lors des trois épreuves, le comportement du cheval est également analysé et évalué. Ce deuxième test sert à la promotion et à la commercialisation des jeunes chevaux tout en permettant de voir la qualité des reproducteurs. Tout est centralisé en Suisse et les résultats sont ajoutés à la cotation des étalons. L’un des objectifs est également de se rendre compte si, tout jeune, les chevaux présentés ont les capacités pour être de bons chevaux.

A noter que pour les étalons, tout est différent. Dans leur troisième année, ils sont présélectionnés à Glovelier, en Suisse. Ils sont jugés sur le modèle et les allures par un jury de trois juges. Sur une soixantaine de chevaux, seuls une quinzaine sont gardés avec une attention toute particulière aux lignées desquelles ils découlent. Un stage de quarante jours au Haras national d’Avelanches est ensuite réalisé où l’on teste toutes leurs capacités. Les étalons ne sont donc pas sélectionnés ailleurs qu’en Suisse. En Belgique, nous retrouvons ainsi neuf étalons achetés et sélectionnés dans leur pays d’origine. Mais chaque année, ceux-ci doivent être représentés pour s’assurer qu’il n’y ait aucun souci (gale d’été, maladie particulière, …). Si c’est le cas, un étalon peut alors se voir déclassé et il ne peut donc plus reproduire.

Ces tests sont tout à fait propres à la race des Franches-Montagnes. Ce qui en fait l’une des spécificité de l’élevage et ce qui donne un intérêt tout particulier à ce type de chevaux.

Elevages d’avenir en Belgique

Le mental du Franche-Montagne est l’un des principaux atouts à retenir pour le monter ou l’atteler en toute confiance. « Ce qui en fait un vrai cheval de famille, facile à vivre », nous explique non sans passion Yves Glibert, président de la Belgian Franche-Montagne Associtation (B.F.M.A.). Il est en effet important pour un cheval de loisir d’avoir toute une série de qualités qui en font un cheval sécurisant. On notera par exemple, le fait de ne pas être vicieux, trop fougueux, à l’œil...

Du point de vue de l’élevage, c’est en Wallonie que nous en retrouvons la grande majorité. Il y a aujourd’hui entre 950 à 1.000 individus inscrits en Belgique. Les naissances sont en constante évolution, avec cette année une bonne quarantaine de naissances, soit cinq de plus que l’an dernier.

En Belgique, les chevaux, issus d’élevage reconnus, sont sélectionnés par rapport au modèle suisse. Aucune modification n’est ainsi apportée à la race. Cette unicité est l’une des forces majeures de nos élevages. Aucun cheval n’ayant toutes les qualités citées plus haut n’est toléré.»

Les origines les plus prisées sont celles qui donnent aux Franches-Montagnes un type plus « sport ». Et ce, afin que des cavaliers amateurs puissent prendre un maximum de plaisir avec leur compagnon de travail. C’est ainsi que nous retrouvons deux ou trois attelages avec ce type de chevaux dans les concours nationaux d’attelage en Belgique et, beaucoup sont présents dans les concours régionaux, que ce soit au niveau de l’attelage, du dressage ou du CSO. Sa principale force, outre son mental, est le fait qu’il soit court et puissant.

À Libramont

À la Foire de Libramont,les Franches-Montagnes parcourent les rings depuis le début des années 2000. Une bien belle vitrine pour le Stud-book qui présente entre 50 et 60 chevaux chaque année, d’autant plus importante qu’aucun autre Salon n’accueille autant de sujets en Belgique. À l’occasion de la 10e exposition cette année par la B.F.M.A, une présentation unique des étalons reproducteurs s’est tenue. Retrouvez ci-après les champions de cette édition.

Céline Mary

L’élevage du Franches Montagnes, c’est d’abord une passion à Roumont

La famille Frenoy est une famille de passionnés autant au niveau de l’attelage que de l’élevage des Franches-Montagnes. À la recherche de poulains typés et au bon caractère, ils se réfèrent aux principaux critères du stud-book qui sont la taille, la robe et le caractère.

À l’origine de cette passion, l’épreuve marathon de « la Route du Poisson ». Dominique observe une paire d’étalons venus d’un haras suisse. Le meneur se coince malencontreusement et, les étalons se retrouvent nez à nez pendant de longues minutes sans broncher. C’est leur comportement exemplaire qui conquit Dominique. Et c’est en 2005, que l’aventure commence. Il importe trois premières pouliches de Suisse pour lui et sa fille. Depuis lors, chaque année, il en achète une ou deux.

D’abord du plaisir

Mais les Franches-Montagnes ne sont pas sa première expérience ni dans l’élevage, ni dans l’attelage. Durant toute sa jeunesse, sa famille élève des ardennais et de 1990 jusqu’à 2005, il poursuit l’élevage avec des Haflingers. En outre, il fait de l’attelage en compétitions régionales depuis près de vingt-cinq ans.

Pour lui, élevage rime avec plaisir et le commerce passe au second plan. La vente n’est pas une fin en soi, bien que, généralement, tous ses produits partent avant l’âge de trois ans. Mais en vivre, c’est impossible à partir du moment où l’on prend bien le temps de préparer ses poulains au quotidien.

Des jeunes très dociles

Chez Dominique, l’élevage c’est une histoire de famille. Chaque membre de celle-ci connaît tous leurs chevaux. Ils peuvent conseiller au mieux n’importe quel acheteur.

Son élevage est composé d’un étalon reproducteur « Hitch », de six juments poulinières, d’une petite dizaine de pouliches de un à trois ans, de quatre poulains et d’une pouliche de cette année. Dominique élève avec ses meilleures juments, tant pour leur caractère que pour leur modèle. Pour lui, une jument avec de la taille est indispensable pour apporter de l’ampleur au pas. Il ne faut pas non plus une jument trop légère et ce, pour garder de la force de traction. Ce qui le démarque, c’est surtout le fait que ses Franches-Montagnes sont attelées et montées toute l’année en compétition et aident pour les petits travaux agricoles. Les poulains sont ainsi manipulés très souvent.

Libramont,

la consécration

La Foire de Libramont, il connaît bien ! Il est d’ailleurs à l’initiative du concours il y a dix ans. Il y participe donc forcément avec ses produits. La préparation a un événement comme celui-là commence déjà au mois de juin. Il surveille attentivement les pieds des jeunes et des poulains.

À partir de juillet, il en complémente certains. Le maréchal repasse durant la dernière semaine pour s’assurer que tout est en ordre. Et enfin, deux jours avant la participation, se tient le toilettage.

Libramont, c’est une fête ! Et le moment de comparer ses poulains à ceux des autres éleveurs et voir si ses accouplements sont les bons.

Gagner le championnat, c’est la concrétisation du travail d’une année. Cette année l’élevage de Roumont a remporté le championnat des pouliches de 1 à 2 ans avec Delinda. Précédemment, l’élevage comptait déjà une championne de Belgique en catégorie adulte, plusieurs championnes dans la catégorie des jeunes. La championne de Belgique 2017 de M. Huberty, est également née chez lui.

Mais Libramont c’est aussi le plaisir de rencontrer des gens, de se créer de nouveaux contacts et, de temps en temps, de conclure une vente.

C.M.

Le direct

Le direct