Privilégier
l’autonomie alimentaireEt si la réputation des fromages de Peter et Barbara n’est plus à faire, le couple n’a eu de cesse de développer des projets et leur exploitation. « Depuis quelques années, on est passé à la double traite. On a travaillé la sélection de nos brebis sur les pis. Cette année, on a trait 62.000 litres de lait, c’est le double d’il y a cinq ans. Sur cette période, la production annuelle par brebis est passée de 220 l à 300 l de lait. » Une évolution qui s’explique notamment par l’acquisition de terrain. S’ils exploitaient une douzaine d’hectares en 2013, Terre-en-vue leur a déjà permis d’en disposer de 4 autres. Une nouvelle acquisition de 5 autres hectares devrait permettre aux exploitants de travailler sur près de vingt hectares.
« Nous n’avons pas voulu agrandir davantage notre cheptel mais bien travailler sur la production de l’alimentation du bétail. Si on a davantage d’autonomie en foin, on travaille celle en céréales petit à petit. On en a produit une vingtaine de tonnes pour les brebis, soit un quart de ce dont on a besoin en céréales. On ne sera jamais complètement autonome, mais cela nous permet de diminuer les achats extérieurs ! D’autant qu’en bio, les coûts sont relativement élevés. »
Peter estime toutefois que pour compléter le cycle de l’alimentation de ces moutons, il aurait besoin de 5 ha supplémentaires.
Avec ces locations à Terre-en-vue, le couple doit respecter un bail agroécologique. L’objectif de cette association ? Que la terre agricole redevienne un bien commun et permettre à des porteurs de projet d’y accéder. Et cela reste pour eux une réelle liberté financière.
Une qualité de vie améliorée
La faucheuse-autochargeuse, cet investissement gagnant
Il y a trois ans, Peter et Barbara ont investi dans une faucheuse autochargeuse qui permet de donner aux brebis un mélange frais de luzerne – ray-grass – trèfle blanc. « Comme nous n’avons pas de tracteur, c’est notre entrepreneur qui fauche quotidiennement 20 m³ de mélange fourrager sur nos prairies durant la bonne saison… Nous achetons donc moins d’intrants – la luzerne remplace le lin – et l’herbe fraîche permet de produire davantage de lait… Ne réalisant pas d’ensilage, on ne rencontre aucun problème lié aux butyriques, listeria. »
« Autre avantage, je ne paie que les jours où l’entrepreneur vient avec son tracteur, le reste l’année, je n’ai pas de machine à rembourser. »
« En outre, durant le pic de production, nous pouvons consacrer le plus de temps possible aux activités qui amènent une vraie valeur ajoutée à notre travail », explique Peter.
Et pour s’outiller d’une telle machine, des recherches furent nécessaires! «
Le yaourt après le Bleu
Pour sa deuxième participation aux Coqs de Cristal, le couple remporte cette année un trophée avec son yaourt nature au lait de brebis. Un prix régional qui donne écho à un précédent prix international. En effet, dans la catégorie des fromages à pâte persillée du Farm Cheese Awards 2018 qui se tenait à Lyon, Peter a vu son Bleu de Scailton enlever le bronze. « On a détrôné le roquefort », aime-t-il répéter. C’est pour lui sa plus belle reconnaissance après le titre de Pascal Fauville, 2e au concours mondial du meilleur fromager de 2013. Parmi les épreuves figurait la présentation d’un fromage coup de cœur, qui n’était autre que ce même Bleu ! « Mais cela n’a que très peu d’impact en Belgique », déplore-t-il.
Pour Peter, ces concours ont le mérite de donner envie aux autres à faire toujours mieux. « Remporter une médaille à la coupe du monde, cela nous conforte dans notre crédibilité à former des gens, à transmettre leur savoir-faire… Raison pour laquelle Peter prend à sa charge un cours de fromagerie. Une formation qui a son succès puis qu’il y a encore quelques semaines, la Bergerie fêtait son 250e diplômé.
Donner une âme aux projets
Un premier magasin coopératif d’artisans paysans
Rappelons que le suivi technique est gratuit et pris en charge par la Bergerie d’Acremont, épaulée par un maître fromager venu spécialement de Suisse, Niklaus Oyy.
Peter de Cock, berger : « Les producteurs de lait cru sont des artisans que l’on ne met que trop rarement en avant. Outre la visibilité donnée, l’initiative vise à les encourager et à leur donner des pistes d’amélioration de leurs produits. un appui technique, souvent nécessaire à l’amélioration de leurs produits. S’il existe d’excellentes initiatives, il est nécessaire, pour nous, d’aller plus loin dans la démarche. Et c’est chose encore trop difficile en Belgique. »
Quant à la Génération W, ce collectif de chefs wallons, elle leur donne également un avis organoleptique sur le produit. À noter que pour un souci d’impartialité, les étiquettes avaient été enlevées.
Les lauréats
Côté éleveurs-transformateurs, Kathy Lanckriet, de Chèvre-Feuille, se distingue pour sa pâte molle à croûte lavée ; Louise Gomand pour sa pâte molle à croûte fleurie ; Stéphanie Parent, de la Bergerie des Nuages, pour son fromage à croûte naturelle. Arnaud Velghe, de la saspj Velghe JM & A, décroche deux prix : l’un pour son fromage frais, l’autre pour la catégorie pâte pressée. Le coup de cœur revient à Raphaël Noel, de l’Altitude 150.
Côté fromagers, Vincent Verleyen, de la Fromagerie du Samson, remporte trois prix ; Andréas Keul, de la fromagerie Le Valet, en enlève deux.