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Évolution tout en contraste de l’industrie alimentaire belge: «du bon, du moins bon et du très préoccupant!»

Les données économiques de l’évolution de l’industrie alimentaire belge – 2018 – reflètent une tendance en demi-teinte, avec de bons résultats et en même temps de vrais sujets de préoccupation.

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«  La bonne nouvelle est qu’en qualité de plus grand employeur industriel du pays, nous créons des emplois supplémentaires et nous nous portons toujours bien sur les marchés d’exportation. Le revers de la médaille est que notre moteur de croissance, à savoir les exportations, commence à s’essouffler. De plus, les exportations ne compensent plus les ventes sur le marché intérieur, qui continuent à se dégrader. Par conséquent, notre chiffre d’affaires global pour la première fois depuis des années », explique Bart Buysse, CEO de Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge.

« En outre, après quelques années record, nous constatons également une diminution des investissements. Il est donc temps d’agir ! » La Fevia lance un appel urgent aux futurs gouvernements du pays pour « moins de taxation et davantage de création de valeur ».

Du bon : 2.000 nouveaux emplois et hausse des exportations de 3,5 %

Commençons par la bonne nouvelle : l’an dernier, les entreprises alimentaires de notre pays ont créé plus de 2.000 nouveaux emplois, ce qui signifie une augmentation de l’emploi dans le secteur de 2,2 %. Selon la Fevia, cette évolution est principalement due aux investissements réalisés par les entreprises alimentaires dans notre pays au cours des dernières années, et aux mesures en matière de réduction des coûts salariaux tel que le tax shift. De plus, l’industrie alimentaire est un des secteurs qui créent le plus d’emplois indirects : pour chaque poste dans une entreprise alimentaire, 1,9 emploi indirect s’y ajoute. Le compteur monte ainsi à plus de 250.000 emplois liés à l’industrie alimentaire.

Deuxième lueur d’espoir : les exportations demeurent le moteur de croissance de l’industrie alimentaire. En 2018, les exportations s’élevaient à 27,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 3,5 % en un an. « Ce sont surtout les exportations vers les marchés d’outre-mer comme les États-Unis, le Canada, la Chine, et la Corée du Sud qui augmentent, à concurrence de plus de 18 % l’année dernière. Les accords commerciaux avec entre autres le Canada y contribuent certainement. Mais nous récoltons aussi les fruits de missions commerciales réussies, où notre pays a mis en avant les points forts de l’alimentation belge par le biais de la marque de promotion « Food.be – Small country. Great food. », indique Jan Vander Stichele, président de la fédération.

« Avec une balance commerciale positive de 5,5 milliards d’euros, soit une augmentation de 24,8 % en 2018, nous sommes clairement un maillon fort et un partenaire indispensable pour la situation socio-économique et financière de notre pays. Nous voulons maintenir cette position, mais pour cela, nous devons nous attaquer à certains obstacles tels que les coûts salariaux et énergétiques élevés et la pénurie sur le marché de l’emploi », poursuit-il.

Du moins bon : les exportations s’essoufflent, le chiffre d’affaires diminue et la vague d’investissements semble stagner

L’industrie alimentaire était toujours en 2018 le plus grand secteur industriel de Belgique en termes de chiffre d’affaires, d’investissements et d’emploi, mais quelques tendances sombres se profilent. Quand bien même les exportations se portent bien, leur augmentation n’est plus aussi forte que les années précédentes (+7,5 % en 2017, et en moyenne +5 % les dix dernières années). Et tandis que le chiffre d’affaires des autres secteurs belges augmente, le chiffre d’affaires global de l’industrie alimentaire diminue pour la première fois depuis des années pour atteindre 51,8 milliards d’euros, une légère baisse de 0,8 % comparé à 2017.

Après deux années record, les investissements dans les entreprises alimentaires ont diminué en 2018 de 6,7 %. La Fevia onserve cette même tendance dans d’autres secteurs manufacturiers, ce qui indique probablement que la grande vague d’investissements des dernières années semble stagner.

Très préoccupant : le marché intérieur et le marché de l’emploi sous forte pression

Si la baisse des investissements semble nuancée, la fragilité sur le marché intérieur inquiète fortement la Fevia. « Notre chiffre d’affaires sur le marché belge a diminué l’an dernier de 5,3 % : cela ne peut même plus être compensé par la croissance des exportations. Nous appelons donc les futurs gouvernements à mettre un terme à ce millefeuille typiquement belge d’accises, de taxes et de redevances sur l’alimentation. Ces dernières sont souvent introduites pour des raisons purement budgétaires, elles rendent nos produits trop coûteux et encouragent les achats transfrontaliers. Et de cette façon, nous sommes tous perdants ! », souligne Jan Vander Stichele, président de la fédération.

Et celui-ci de plaider pour une vision à long terme plutôt qu’une politique de stop-and-go. «Notre appel aux futurs gouvernements est clair : continuons à investir dans la compétitivité et l’innovation. Continuons à marquer des points chez nous et à l’étranger par le biais de solutions durables, en réalisant des succès commerciaux et en créant des emplois. C’est la recette qui permettra au gouvernement, à la société et aux entreprises d’être gagnants. En bref : less taxation, more value creation ! »

Une deuxième préoccupation pour le secteur est la pénurie sur le marché de l’emploi. L’industrie alimentaire compte de nombreux métiers en pénurie et dénombre en moyenne 1.500 postes vacants par jour. « Nos entreprises peinent de plus en plus à attirer les profils adéquats, souvent techniques, notamment des ouvriers de production ayant une courte scolarité. Nous avons besoin d’un plus grand afflux de talents via l’enseignement, la reconversion, et l’activation. Il incombe aux responsables politiques de définir le cadre adéquat. En tant que secteur, nous prenons notre responsabilité de formation et de marque d’employeur, avec notre fonds sectoriel Alimento », affirme enfin Bart Buysse.

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