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Budget européen: 1.360€ d’aides en moins par agriculteur et par an

Le ministre fédéral de l’Agriculture, Denis Ducarme, a rencontré ce 20 février les représentants des principaux syndicats agricoles en marge du Conseil européen qui se penche actuellement sur le projet de budget européen, notamment sur le financement de la Politique agricole commune (Pac). Conscient que les négociations sont très difficiles, il plaide une nouvelle fois « pour une Pac ambitieuse pour soutenir un secteur agricole confronté à d’importantes difficultés structurelles ».

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Selon la dernière version de la proposition de budget européen sur la table des négociations, la Pac devrait être rabotée de 15 %. Or, le précédent budget (qui couvre la période 2014-2020) actait déjà une diminution historique de 13 % par rapport à la Pac 2007-2013.

Sur cette diminution de 15 %, à peine un tiers (soit environ 16 milliards d’euros) serait imputable au Brexit et donc au retrait de la contribution britannique au budget européen.

La Belgique serait touchée de plein fouet par cette diminution. Ainsi, les aides directes aux éleveurs belges (1er pilier) devraient baisser de 18 % pour la période 2021-2027, soit un montant de 700 millions d’euros en moins sur les 3 milliards d’euros actuels. L’aide au développement rural (2ème pilier) serait quant à elle rabotée de 15,2 %, soit une diminution de 84 millions d’euros.

Aides rabotées : -1.360 € par agriculteur belge

Au total, la proposition actuellement sur la table pourrait aboutir à une diminution de près de 800 millions d’euros pour notre pays, ce qui conduirait à un financement total de 3,480 milliards d’euros.

La Belgique compte environ 70.000 agriculteurs. La proposition actuellement sur la table du Conseil européen pourrait aboutir à une diminution des aides de l’ordre de 1.360 euros par an pour chacun d’entre eux et ce, uniquement pour ce qui concerne les aides directes (1er pilier)

« Il faut un budget plus ambitieux pour notre agriculture. C’est la qualité de la nourriture des consommateurs belges et européens qui est en jeu ! »

Concrètement, outre une diminution importante des revenus des agriculteurs belges issus du premier pilier, des projets issus du développement rural visés par le deuxième pilier (aides à l’installation de jeunes agriculteurs, formations pour les exploitants, aides pour l’agriculture biologique, etc.) risquent de devoir être supprimées faute de financement. « Adopter la proposition de budget actuellement sur la table du Conseil européen serait une catastrophe pour nos agriculteurs ! », affirme Denis Ducarme.

Refus du mécanisme de convergence externe

Le mécanisme de convergence externe est un mécanisme d’harmonisation des aides financières octroyées par hectare. Un mécanisme aujourd’hui critiqué par plusieurs États membres qui le jugent à la fois inéquitable et inefficace. Le Conseil européen devra également se prononcer sur une proposition visant à pérenniser ce mécanisme.

Le ministre estime que l’Union européenne doit au contraire davantage revenir à un modèle d’aides directes opérant une distinction entre les pays en fonction du coût de la terre et du coût de leur main-d’œuvre : « C’est évidemment un aspect extrêmement sensible pour nos agriculteurs : le coût de la main-d’œuvre et de la terre est en effet élevé dans notre pays. Refuser de pérenniser le mécanisme de convergence externe, c’est tout simplement une question de concurrence loyale entre les États membres ! » souligne-t-il.

De nouvelles disparitions

L’agriculture européenne est confrontée à d’importantes difficultés structurelles ainsi qu’à de nombreux défis. En Belgique, plusieurs secteurs ont été reconnus comme « secteurs en crise », notamment les secteurs bovin, porcin ainsi que le secteur des pommes et des poires. D’autres secteurs, tels que le sucre et le lait, sont également confrontés à d’importantes difficultés.

Ces difficultés structurelles se traduisent très concrètement par la diminution importante du nombre d’exploitations. Ainsi, en Belgique, le nombre de fermes a diminué de 68 % entre 1980 et 2018. Un phénomène qui risque encore de s’accentuer si la proposition de budget européen actuellement sur la table venait à être adoptée telle quelle.

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